Proches de Joseph Kabila : Levée des sanctions de l’Union européenne : la LICOPADEL s’oppose
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Selon cette organisation, ces sanctions doivent plutôt être élargies et renouvelées, jusqu’à ce que la justice soit faite en faveur des victimes des abus du régime passé!
Par Marcel Tshishiku
La Ligue congolaise pour la paix, les droits de l’homme et les élections (LICOPADEL) a déclaré, mercredi 27 novembre, dans la ville de Kinshasa, lors de la première tribune d’informations et d’échanges avec la presse, qu’il serait judicieux de voir les sanctions prises par l’Union européenne (UE) à l’égard de hauts dignitaires du régime politique de l’ancien Président de la RD Congo, Joseph Kabila, maintenues tant que ces personnalités n’auront fait l’objet d’aucune procédure judiciaire pour leur implication dans les graves violations des droits humains.
La LICOPADEL a également souhaité voir ces sanctions élargies à d’autres «prédateurs», auteurs des crimes contre l’humanité qui seraient même candidats à la Cour pénale internationale (CPI). Elle a exhorté les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’UE à soutenir les victimes qui veulent que justice soit rendue en leur faveur et que les sanctions de cette organisation du vieux continent infligées aux officiels congolais soient renouvelées.
Situation politique de l’heure
Au regard de grands problèmes politiques que traverse la RD Congo, la LICOPADEL a recommandé l’organisation des élections législatives et provinciale anticipées, dans l’espoir de voir la majorité parlementaire changer de camp, d’une part, et le renforcement des effectifs des FARDC sur le terrain pendant les opérations à l’Est du pays, pour mettre fin à l’insécurité, d’autre part.
A la MONUSCO, la LICOPADEL a recommandé d’accompagner les éléments des FARDC pendant les opérations actuelles de traque des groupes armés étrangers et locaux, au lieu de rester simple observateur. Aux services de sécurité et à la population, enfin, elle a recommandé respectivement d’être efficaces dans l’exploitation des informations avec professionnalisme, et d’être vigilante afin de ne pas se laisser manipuler.
La LICOPADEL a cité, parmi ces grands problèmes, l’insécurité généralisée à travers le pays, et particulièrement dans la partie orientale du territoire national, l’instabilité des institutions provinciales qui, de son avis, sont devenues des lieux de manipulation et des règlement des comptes; les difficultés liées à l’application de la gratuité de l’enseignement primaire et l’état des relations entre les «deux grands partenaires» du pouvoir en place (FCC et CACH) qui ne sont pas aux beaux fixes.
535 cas de violences faites aux femmes
Sous un autre chapitre, cette ligue a décelé 535 cas de violences faites aux femmes sur l’ensemble du territoire de la République Démocratique du Congo, à l’issue d’une enquête visant à promouvoir les droits des femmes et à réprimander les auteurs de ces actes de violences sexuelles. Cela conformément à l’esprit des Résolutions 1325 et 1820 des Nations Unies.
A la lumière de cette enquête, 79 cas de violences ont été dénichés dans le territoire de Bulungu et 68 dans la ville de Kikwit, en province du Kwilu; 81 dans le territoire de Masi-Manimba, en province du Kwango; 124 cas dans la ville de Kinshasa; 53 dans le territoire de Mbanza-Ngungu, province du Kongo-Central; 71 dans la ville de Kananga, chef-lieu de la province du Kasaï central; 59 dans le territoire d’Inongo, en province de Mai-Ndombe.
Face à cette situation, la LICOPADEL a prévu d’organiser des activités de sensibilisation aux droits des femmes dans les territoires de Lukula, dans la province du Kongo central, ainsi que dans le territoire de Kenge et dans la ville de Kananga, dans le but d’encourager les instances compétentes à réprimander les violences basées sur le genre. Ces activités seront inscrites dans le cadre de la Journée internationale des droits de l’Homme célébrée chaque année, le 10 décembre.
Viols et disparition des mineures
A l’issue d’une mission effectuée du 16 au 21 octobre 2019 dans le territoire de Masi-Manimba, en province du Kwilu, la LICOPADEL a publié un rapport d’enquête et de monitoring sur la situation des droits de l’homme dans cette entité territoriale. Ce rapport relève beaucoup de cas de violations des droits de l’homme traduits par des arrestations arbitraires et illégales, la mauvaise qualification des infractions; des cas de détentions illégales dépassant le délai de garde à vue, des viols et disparition des mineures, des enlèvements.
Le rapport relève également que les éléments des FARDC déployés à Masi-Manimba ne respectent pas les autorités politico-administratives et encore moins policières, les enfants dans la rue et, en dépit de la gratuité de l’enseignement, s’adonnent aux activités lucratives pour subvenir aux besoins de leurs familles; les lieux d’incarcération sont malpropres, non éclairés et sans eau…
La LICOPADEL a publié un autre rapport d’enquête et de monitoring sur les conditions de détention et de traitement des dossiers judiciaires des femmes, enfants et groupes marginalisés dans le territoire de Bulungu et ses environs.