Jolie Bofi: « le théâtre représente une partie de mon corps »
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Après avoir obtenu son diplôme d’État, Jolie Bofi Bombusa se retrouve dans le monde du théâtre grâce à l’un de ses amis qui était déjà artiste. Elle reconnaît que c’est par le concours de circonstances qu’elle s’est retrouvée dans la troupe théâtrale «Évangéliste» en 2003.
« C’est au sein de ce groupe que j’ai eu à bénéficier de l’encadrement de son directeur artistique, le défunt Kyro Makambo. Ce dernier m’a beaucoup aidé et fait de moi ce que je suis artistiquement. C’est pendant plus d’une année que j’ai été formée avant d’être lancée sur scène », a déclaré Jolie Bofi. Elle a indiqué que jusqu’à ce jour, elle continue toujours à apprendre dans l’exercice de son métier.
Cette artiste-cinéaste a gardé son prénom de « Jolie Bofi» comme nom de scène en vue d’honorer sa famille, particulièrement son père à qui elle doit tout. Actuellement, elle est engagée au sein de la Compagnie théâtre national et évolue aussi dans le groupe Afrik’Arts Création du président Bodo. Cette troupe diffuse ses pièces théâtrales chaque mercredi à 20h40’ et les rediffuse samedi à 8h00’ sur une chaine de télévision à Kinshasa.
Selon elle, ses débuts étaient un peu difficiles, mais elle a été poussée par son encadreur et d’autres comédiens ne sachant pas trop ce qu’elle voyait en elle comme potentialités. Elle dit également qu’elle avait le soutien de la majorité des membres de sa famille, bien qu’à l’époque elle prenait ce métier de comédien comme un passe-temps.
Une découverte
Interrogée sur les raisons l’ayant poussé à faire de ce métier une carrière, Jolie Bofi a fait savoir que « c’est grâce au théâtre que je me suis découverte. Je ne savais pas découvrir certains talents avant le théâtre. Avec mon métier, j’ai appris beaucoup de choses et je suis épanouie avec un esprit ouvert. Cela m’a aidé également de voir le monde différemment ».
En 16 ans de carrière, l’artiste a reconnu avoir rencontré des difficultés qui, heureusement, n’ont pas eu raison d’elle. Et d’ajouter : « je trouve toujours la force en moi-même pour les surmonter et j’avance sans tenir compte du découragement ».
Concernant les meilleurs souvenirs, Jolie Bofi a fait savoir que son métier a fait d’elle une chrétienne et elle est devenue éducatrice de la masse. En plus, sa famille artistique a été un grand réconfort pour elle pendant des moments pénibles de sa vie. Le mauvais souvenir dont elle garde est la disparition de son encadreur, Kyro Makambo qui, selon elle, aurait dû être présent pour la voir sur scène.
S’agissant des différents rôles incarnés, cette mère de deux enfants a indiqué que le sérieux accordé à son métier contribue largement à son succès sur scène. « J’aime incarner réellement mon personnage comme si c’était le dernier rôle de ma carrière. C’est ce qui fait que je puisse bien faire mon travail », a affirmé cette graduée en Relations internationales. Toutefois, elle a eu déjà à refuser de jouer dans certaines pièces de théâtre pour incarner un homme ou encore une prostituée. Elle est marquée par la pièce « Mon général » où elle a été la femme du général.
A en croire l’artiste, elle ne peut changer de métier parce que « le théâtre représente une partie de mon corps dont je peux me séparer ». Ainsi, elle appelle les autorités du pays à lutter contre la piraterie afin de permettre aux artistes congolais de pouvoir vivre de leurs œuvres. Par la même occasion, elle a salué l’initiative déjà prise par eux-mêmes les artistes pour combattre ce fléau, avant d’espérer qu’avec le nouveau gouvernement qui sera installé, les problèmes des artistes seront pris en compte.
Dans ses ambitions, Jolie Bofi rêve de devenir ministre de la Culture en République Démocratique du Congo. Son souhait est aussi d’encadrer les femmes artistes. Raison pour laquelle elle a encouragé les femmes qui veulent faire du théâtre à se lancer en ayant comme objectif le travail. « Celle qui pense se servir du métier pour séduire les hommes sera réduite en un instrument de plaisir », a-t-elle déclaré.
Pour elle, l’amour et le respect du métier demeurent la source de la réussite parce que malgré les épines, on ne pourra abandonner son travail quand on tient compte de l’objectif poursuivi.
Par Tantia Sakata