Journée internationale des droits de l’homme : gros plan sur Kenneth Roth, boss de HRW
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En marge de la journée internationale des droits de l’homme, célébrée ce lundi 10 Décembre 2018 à travers le monde, le journal catholique La Croix a publié un long article sur Kenneth Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch(HRW), que ce média français considère comme un défenseur des droits de l’homme au monde ayant consacré sa vie au service des droits humains.
Ce diplômé de la prestigieuse université étasunienne de Yale, a fait de Human Rights Watch l’organisation de référence pour la défense des droits de l’homme dans le monde.
Cette ONGDH, qui est logée au 34e étage de l’Empire State Building, à New York, compte plus de 400 salariés, avec un budget de 85 millions de dollars, financée par des dons de particuliers et de fondations.
Engagé et passionné des droits de l’homme
Visage maigre, sourire timide derrière ses petites lunettes cerclées, Kenneth Roth semble apprécier ce métier de défense et de promotion des droits de l’homme. » Très tôt, j’ai compris que je n’excellerais jamais dans un travail sans le faire avec passion et sentir que j’apporte une contribution. J’ai toujours eu un côté politique « , affirme ce juriste, sorti en 1980 de la prestigieuse Yale Law School.
Le boss de HRW explique son goût de l’engagement, au moins en partie, par son histoire familiale.
Roth a grandi dans l’Illinois, dans un faubourg de la grande banlieue de Chicago. Son grand-père, un boucher juif de Francfort, débarque aux États-Unis en juillet 1938, accompagné de son père, Walter Roth, âgé de 12 ans.
Après avoir servi à Okinawa, au Japon, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Walter Roth devient ingénieur et se marie avec Muriel, une professeure de mathématiques avec laquelle il aura quatre enfants. Kenneth, ses deux frères et sa sœur ont donc grandi avec » les histoires du nazisme « .
En famille, Kenneth Roth a appris l’art d’écouter le point de vue opposé et de négocier pour obtenir un résultat. Une fois par semaine, les parents Roth et leurs enfants se réunissaient pour un conseil de famille qui délibérait sur toutes les questions pendantes: le droit de regarder une émission à la télévision, l’heure d’aller se coucher ou le montant de l’argent de poche. Les décisions étaient prises, sous présidence tournante, avec droit de vote égal pour tous, à l’issue d’une discussion collective.
Depuis 1970 sous Jimmy Carter
A la fin des années 1970, sur les bancs de l’université, au moment où Jimmy Carter met les droits de l’homme au cœur de la politique étrangère américaine, Kenneth Roth embrasse avec enthousiasme ce nouvel horizon. » Le mouvement des droits civiques des années 1950-1960 était derrière nous, explique-t-il. La nouvelle frontière, c’étaient les droits humains sur la scène internationale. « , dit-il.
Quand il décroche son diplôme de droit en 1980, les organisations de défense des droits de l’homme emploient très peu de permanents.
Pendant six ans, procureur fédéral au bureau du procureur général des États-Unis du district sud de New York, puis employé dans le staff de l’enquête du Congrès sur l’affaire Iran-Contra, Kenneth Roth occupe ses soirées et ses week-ends en intervenant comme bénévole auprès du Lawyers’ Committee for Human Rights (l’ONG Yucom).
Sous sa houlette, HRW s’est professionnalisée. Roth a transformé un groupe d’activistes idéalistes, bien intentionnés mais à l’influence assez marginale, en une entreprise professionnelle exigeant expertise et rigueur dans ses enquêtes, ses dénonciations et ses actions de plaidoyer auprès des décideurs et des acteurs influents.
En quarante années d’existence, HRW s’est imposée comme l’organisation de référence dans son secteur, en démontrant un attachement quasi religieux à l’exactitude et à la précision dans l’établissement des faits.
Moine-soldat entièrement dévoué à sa mission
Moine-soldat entièrement dévoué à sa mission, Kenneth Roth avoue ne pas savoir vraiment décrocher, même en vacances, quelque part sur une plage de Margaret River, dans le sud-ouest de l’Australie, le pays natal de son épouse. Le couple a même utilisé ses congés pour se rendre en Turquie, sur la frontière avec la Syrie ou à l’est du Congo.
» Entre ma vie privée et mon travail, il n’y a pas de grande séparation, admet cet adepte du jogging. Tout est lié. C’est un travail qui ne finit jamais. Il y a toujours quelque chose à faire, toujours quelque chose de nouveau. J’ai la chance de faire ce en quoi je crois. Les gouvernements se comportent mieux quand ils sont surveillés. »
Bio express
1955. Naît le 23 septembre à Elmhurst (Illinois, USA).
1976. Diplôme en histoire, Brown University (Rhode Island).
1980. Diplôme de droit, Yale Law School (Connecticut).
1980-1987. Avocat, puis procureur fédéral à New York, puis membre du staff dans l’enquête du Congrès sur l’affaire Iran-Contra. Bénévole dans des organisations de défense des droits de l’homme.
1981. Première mission en Pologne pour le Lawyers’ Committee for Humans Rights.
1987. Embauché comme directeur adjoint à Helsinki Watch qui devient Human Rights Watch (HRW) en 1991. Mission en Haïti.
1993. Directeur exécutif de HRW.
1997. HRW co-lauréat du prix Nobel de la paix aux côtés de la Campagne internationale pour l’interdiction des mines antipersonnel.
2011.?Mariage avec Annie Sparrow, pédiatre et urgentiste.
Par GKM