Récurrence des massacres à Béni : La présidente de la FCE dénonce l’extermination d’une communauté
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Face aux massacres à répétition perpétrés dans la ville et territoire de Béni, précisément dans la province du Nord-Kivu, la présidente de l’ONG «Femme Citoyenne Engagée» (FCE), une structure basée dans cette ville, Mme Solange Riziki, est sortie de son silence pour dénoncer ces actes barbares, dont les victimes sont tuées à coup des machettes.
Son Association défend la cause de la femme et de la jeune fille, tout en promouvant le leadership féminin.
Cette dame qui a vecu la guerre dans sa peau, se considère comme victime, bien que loin de son territoire, en guise de solidarité avec ses frères et sœurs qui vivent ce crime d’une atrocité révoltante. «Tous les jours nous pleurons. Nous avons un sentiment de colère, d’indignation et de frustraction parce que nous constatons que nous sommes abadonnés à notre triste sort», s’est-elle indigné. Larmes aux yeux, elle a adressé, dans sa langue maternelle, ‘’pole sana’’ (ayez vos apaisements en swahili) à ses membres de la communauté.
La présidente de la FCE s’étonne de la récurrence de toutes ces tueries malgré la surmilitarisation de la zone de défense de Béni, avant de signifier que tout se passe malheureusement au vu et au su de tout le monde. Cette indifférence fait que la population de cette partie de la République ne cesse de crier et de pleurer.
Se considérant comme une citoyenne engagée pour le sort de sa ville de Béni, Mme Riziki a voulu tout simplément faire entendre sa voix. Et d’ajouter : «je ne fais que crier pour dire stop aux massacres et à l’extermination de la communauté Nande».
Tout à commencer en 2014
En sa qualité de l’initiatrice de la FCE, Mme Riziki, accompagnée d’autres femmes du territoire de Béni avaient fait le déplacement de Kinshasa, en 2015, pour amener des actions de plaidoyer au niveau des Ambassades, des institutions du pays (Parlement, Ministères de l’Intérieur et de la Défense…).
Elles sont mêmes passées dans des médias afin d’attirer notamment l’attention de l’opinion nationale pour que tous les Congolais puissent s’approprier l’affaire dans l’objectif de stopper les tueries. «Quand une partie de la population de notre pays est en train de mourir, rien ne marchera», a-t-elle déclaré. Pour elle, il n’y a pas que les originaires de cette ville et territoire qui y tombent mais aussi des militaires et des ressortissants d’autres provinces basés à Béni pour diverses raisons.
Selon le numéro un de la FCE, la plupart des personnes rencontrées pensaient que la solution ne viendrait que d’eux-mêmes sur terrain parce qu’à Kinshasa, les gens sont préoccupés à autre chose. «C’est pourquoi, il ya eu des Maï-Maï, une force d’autodéfense populaire. Là aussi, il faudra un encadrement», s’est-elle exprimée.
Elle a fait savoir que c’est en 2014 que ces massacres à grande échelle a commencé dans le térritoire de Béni. Depuis, le cycle des violences ne semblent plus s’arrêter et ceux qui commettent ces forfaits, soi-disant des présumés ADF, continuent toujours à causer des morts. Puisque la population de cette contrée vit de ses produits agricoles, c’est souvent dans les champs qu’ils rencontrent leurs assassins, raconte la dame.
Depuis que ces hécatombes ont commencé, Mme Riziki qui était allée aussi à la rencontre des autorités de la nation, se dit que la grande question qui demeure est celle de savoir pourquoi est-ce que le pays n’arrive toujours pas à s’adapter au mode opératoire de l’ennemi ?
Implication des médias
Avec tout ce qui sévit dans sa ville natale, cette épouse et mère de famille a sollicité l’implication des médias qui ne font pas suffisamment des bruits autour de cette situation. Et pourtant, renseigne-t-elle, la réalité sur terrain fait état de plusieurs dégâts, dont le kidnapping, l’icendie des habitations, le sabotage de la vie humaine. Son cri de cœur est que tous les Congolais se lèvent pour dire non à ce qui sevit à Béni.
La Responsable de la FCE a fait savoir qu’il y a aussi des bombes qui tombent dans la ville, même sa parcelle a été touchée, et les jeunes gens qui y vivent étaient sauvés de justesse. «Personne n’est épargnée face à ces carnages. Prêtres, enseignants, femmes, enfants, agriculteurs, etc. »
Elle a profité de la circonstance pour saluer la résistance du peuple Nande contre la balkanisation de leur territoire. «Malgré la terreur, nous n’allons pas céder car même le petit reste qui survivra aux massacres se reproduira pour former notre communauté», a-t-elle indiqué. A l’approche des élections générales dans le pays, elle dénonce le fait que les politiciens vont aller à Béni avec des discours au lieu de trouver des solutions.
Par TSM