En cas de non tenue des élections : La CENCO alerte sur l’embrasement de la RDC
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Dans un document transmis au président zambien Edgar Lungu, en sa qualité de Chairman de la Troïka de la SADC sur la Politique, la Sécurité et la Défense, les princes de l’Église présentent toute la situation du danger qui pointe à l’horizon et proposent en même temps des pistes de solution
Le Président et le Vice-président de la CENCO ont, en date du 7 septembre, adressé un document au Président de la Zambie pour lui prévenir du risque que court la RDC, si jamais les bonnes élections ne sont pas tenues. Ces princes de l’Eglise catholique lui ont présenté toute la situation avec les pistes de sortie. M. Edgar Lungu, en sa qualité de Chairman de la Troïka de la SADC sur la Politique, la Sécurité et la Défense, est appelé à bien se pencher sur ce dossier lui présenté par la CENCO, au risque de vivre une hécatombe.
In extenso, ci-après, le document adressé au Président zambien.
Plaidoyer de la CENCO auprès de Son Excellence M. Edgar LUNGU, Président de la Zambie et Chairman de la Troïka de la SADC sur la Politique, la Sécurité et la Défense
EVALUATION DU PROCESSUS ELECTORAL EN REPUBLIQUE
DEMOCRATIQUE DU CONGO
INTRODUCTION
Nous, Evêques membres de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), en tant que parrains de l’Accord de la Saint-sylvestre (Accord du 31 décembre 2016), sommes préoccupés par l’état actuel du processus électoral de notre pays. Nous sommes convaincus que, seules les élections crédibles, transparentes, inclusives et apaisées constituent la solution et l’unique voie de sortie pacifique de la crise sociopolitique que traverse notre pays depuis 2016.
Considérant l’importance et le rôle de la SADC dans la sous-région, nous voulons partager avec vous, en tant que Chairman de la Troïka de la SADC sur la Politique, la Sécurité et la Défense, nos préoccupations concernant l’évaluation du processus électoral en République Démocratique du Congo dans la conviction qu’avec vos collègues de la SADC, vous pouvez aider le Peuple congolais à sortir de cette crise et à gagner le pari de l’organisation des bonnes élections crédibles, transparentes, inclusives et apaisées, le 23 décembre 2018.
I. POINTS POSITIFS
1. L’existence d’un fichier électoral audité;
2. Le respect des dates clé du calendrier électoral ;
3. La publication des listes provisoires des candidats à l’élection des Députés provinciaux;
4. La publication des listes provisoires des candidats à l’élection des Députés nationaux;
5. La publication des listes provisoires des candidats à l’élection Présidentielle;
6. La désignation du candidat du Front commun pour le Congo (FCC), plateforme électorale du président de la République en fonction;
7. Le financement progressif du processus électoral par le
Gouvernement congolais
8. Le début d’affichage des listes électorales provisoires.
II. INQUIETUDES
1. L’existence d’environ 6 millions d’électeurs enregistrés dans le Fichier électoral sans empreintes digitales, ledit enregistrement étant biométrique ;
2. La détermination de la CENI à utiliser la machine à voter malgré l’absence d’un consensus des parties prenantes ;
3. La tension croissante du climat sociopolitique:
1) faible mise en œuvre des mesures de décrispation de l’espace politique (cas emblématiques: prisonniers et Exilés politiques);
2) les dénonciations par quelques parties prenantes de la manipulation de la CENI et des cours et Tribunaux par le Pouvoir en place ;
3) l’exclusion du processus électoral des quelques acteurs Majeurs de I’ opposition ;
4) les interdictions, les dispersions, les répressions des marches et manifestations publiques organisées par les partis et Regroupements politiques de l’opposition et les mouvements
Citoyens ;
5) la confiscation des médias publics au profit du pouvoir en place ; La persistance de l’insécurité, notamment à l’Est de la République Démocratique du Congo ; le retard d’inviter les missions internationales d’observation électorale. Pour gagner en transparence et en crédibilité, l’élection requiert le regard de tous ; l’éventualité de rejeter des élections biaisées par beaucoup de congolais et par la communauté internationale
III. RECOMMANDATIONS
La CENCO recommande à la SADC d’accompagner le peuple congolais et le processus électoral particulièrement sur les points suivants.
1. Que Son Excellence Monsieur le Président de la Zambie et Chairman de la Troïka de la SADC sur la Politique, la Sécurité et la Défense, puisse peser de tout son poids pour convaincre le Gouvernement congolais à parachever la mise en œuvre des mesures de décrispation politique selon l’Accord de la Saint sylvestre et pour la tenue d’élections inclusives et apaisées;
2. Impliquer les parties prenantes à trouver le consensus sur ta machine à voter/ou à recourir aux bulletins papiers, le cas
échéant, comme c’est prévu dans les lignes 38, 39 et 40 du
calendrier électoral;
3. Appeler la CENI à la clarification des cas des personnes enregistrées dans le fichier électoral sans empreintes digitales ;
4. Appuyer l’accréditation des Observateurs électoraux tant nationaux qu’internationaux : du 08 novembre 2018 au 10 décembre 2019
(Ligne 42 du calendrier électoral);
5. Appeler la CENI à faire connaître à la MONUSCO et aux Partenaires de la République Démocratique du Congo les besoins logistiques pour contribuer au déploiement des kits électoraux sur terrain;
6. Appeler toutes les parties prenantes à la tenue effective d’élections crédibles, transparentes, inclusives et apaisées, le 23 décembre 2018.
CONCLUSION
Si les questions soulevées ci-dessus ne trouvent pas des bonnes réponses, nous risquons, soit de ne pas avoir les élections le 23 décembre 2018, soit avoir des élections biaisées. Dans l’un ou l’autre cas, faute d’élections crédibles, inclusives et apaisées, la République Démocratique du Congo risque de basculer dans la violence voire dans le chaos qui peut embraser toute la sous-région des grands-Lacs.
Kinshasa ,le 7 septembre 2018