Pour Joseph Sekabo, journaliste indépendant et activiste des droits de l’Homme congolais résident à Kampala : Les prochaines élections risquent de créer une nouvelle crise en RDC
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Journaliste indépendant et activiste des droits de l’Homme congolais résidant à Kampala en Ouganda, Joseph Sekabo, ancien de l’ONGDH Toges Noires, suit de prêt la situation politique en RDC avec le processus électoral en cours caractérisé par la méfiance entre les acteurs politiques en présence.
En effet, le 23 décembre prochain des millions d’électeurs congolais seront convoqués aux urnes pour élire les nouveaux députés tant au niveau national qu’au niveau provincial, et surtout pour élire le prochain successeur du président de la République actuel Joseph Kabila. Pour Joseph Sekabo, le peuple congolais et la communauté internationale s’attendent à vivre pour la toute première fois dans l’histoire politique de la République Démocratique du Congo la passation du pouvoir pacifique entre le chef de l’Etat sortant et son successeur qui serait désigné à l’issu de ce scrutin tant attendu.
A en croire Joseph Sekabo, il se dégage qu’en dépit de tous les efforts conjugués par les différents acteurs intervenant dans le processus électoral en cours, beaucoup reste à faire pour un aboutissement heureux, notamment l’inclusivité du processus électoral, et la prise en compte par la CENI de la revendication de l’opposition et d’une bonne frange de la société civile qui ne cessent de décrier l’usage de la machine à voter au prochain scrutin.
Il pense que ces différents aspects constituent des écueils aussi sérieux qui font obstacle à un processus électoral crédible et apaisé.
« Si à la Majorité tout semble parfait pour affronter les prochaines élections, il n’en est surtout pas le cas pour l’Opposition qui a vu ses candidats être empêchés systématiquement de postuler ou être invalidés par la CENI pour des raisons fallacieuses qui répondent à coup sûr à une stratégie visant à écarter certains candidats disposant d’une assise nationale. Ceci entache la crédibilité du processus électoral qui devrait être ouvert à tous les Congolais souhaitant postuler pour briguer la magistrature suprême ou soit pour être élu député national ou député provincial », regrette-t-il.
La CENI de mèche avec le pouvoir
Pour Joseph Sekabo, l’exclusion de certains candidats de l’Opposition porte à croire que la CENI agisse de mèche avec la majorité pour ainsi favoriser l’élection des candidats de cette famille politique en l’absence des véritables challengers à même d’inverser la tendance lors des prochains scrutins.
Dans une analyse sur la situation politique en RDC, notre confrère estime que la problématique de la machine à voter vient encore jeter le doute sur la crédibilité et la transparence du processus électoral en cours, étant donné que la CENI jusque là refuse catégoriquement d’accéder à la requête de l’Opposition et de la société civile sur l’usage de cette fameuse machine.
« Bien que du coté de la CENI, on tente de rassurer pour dire que la machine à voter vise à simplifier et à réduire le coût des élections, nombreux s’en méfient. La fiabilité de ces machines pose problème car elles peuvent toutefois occasionnées des fraudes massives comparativement au système traditionnel des bulletins de vote qui continuent à faire ses preuves dans des vielles démocraties très avancées en terme de technologies. Dans l’arrière pays, une importante frange de la population n’est pas si familière de nouvelles technologies, ainsi les risques de manipulations pouvant entrainer les tripatouillages des résultats demeurent trop élever », déplore-t-il.
Revoir la décision pour l’intérêt communautaire
Selon Joseph Sekabo, les difficultés techniques peuvent aussi à tout moment compromettre le bon déroulement du scrutin avec l’usage des machines à voter. Il estime qu’il serait encore grand temps pour que la centrale électorale puisse revoir sa stratégie en termes d’usage des machines à voter pour enfin rassurer les différentes parties prenantes au processus électoral d’autant que ces machines portent en elles-mêmes les germes des conflits aux conséquences incalculables.
Il craint que le processus électoral en cours, sensé mettre fin à la crise politique qui secoue la République Démocratique du Congo depuis des années, semble être mal parti pour connaitre un aboutissement heureux du fait que sa crédibilité ne cesse d’en pâtir. Depuis Kampala, Joseph Sekabo pense qu’il est grand temps pour que les acteurs clés du processus puissent se ressaisir et redonner une nouvelle orientation à ce processus électoral qui présente des signaux aussi inquiétant.
« La République Démocratique du Congo mérite mieux que des conflits à répétition qui ne font que retarder le développement, plongeant ainsi la population dans une misère indescriptible. Il n’est pas encore tard pour tout revoir afin d’espérer un atterrissage en douceur de ce processus électoral en cours sensé concrétiser la toute première alternance pacifique et démocratique en République Démocratique du Congo », conseille-t-il.
Par GKM