Pour la tenue des élections crédibles le 23 décembre 2018 : L’ONU appelée à user de la diplomatie préventive sur la RDC
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Les prétentions indépendantistes et souverainistes du gouvernement ne doivent pas faire reculer la communauté internationale face au chaos qui plane sur ce vaste pays
Le débat public sur le processus électoral en RDC ne fait que commencer aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.
Le détail le plus important de cette question qui mérite de retenir l’attention de l’opinion nationale et internationale concerne le soutien logistique de la Monusco qui propose d’offrir ses services pour des élections du 23 décembre 2018. Offre curieusement repoussée par le gouvernement Congolais.
En effet, alors que le budget de voies et moyens de l’Etat en RDC est compté parmi les plus faible d’Afrique, alors que l’ensemble de la population de ce vaste pays vit en dessous du seuil de pauvreté, alors que les dépenses publiques obligatoires sont à peine couvertes par l’Etat , notamment en matières de fournitures d’eau et d’électricité, en matières de santé publique et d’enseignement , et qu’à la suite d’un manque criant de moyens financiers, le gouvernement n’a pas été en mesure d’entreprendre l’identification de citoyens de la diaspora , il est inacceptable que la RDC par le canal de sa centrale électorale se dise incapable d’organiser les élections pour déficit de logistiques.
Une rhétorique qui ne convainc pas
Plus d’un mois sont passés et le gouvernement persistait toujours en déclarant que les caisses de l’Etat étaient vides jusqu’à la fin du deuxième mandat constitutionnel du Président Kabila. On connait la suite ! En effet, par le vilain jeu de négociations politiques que tout le monde connait, on en est arrivé à l’accord de la Saint Sylvestre 2016 qui n’a jamais été appliqué, si non partiellement. Et du coup on a commencé à parler de nouveau des élections avec l’appui de la communauté internationale !
Mais au moment où le peuple congolais et le reste du monde s’y attendaient le moins, le gouvernement de la RDC a encore commencé à développer une rhétorique indépendantiste et souverainiste qui tranche étrangement avec ses moyens de paiement en indiquant en particulier qu’il ne pouvait aliéner sa liberté de décider et d’agir en échange de quoi que ce soit qui viendrait de l’étranger…(allusion faite ainsi notamment à l’aide financière de bailleurs de fonds traditionnels du pays, à savoir l’Union européenne, le Fonds monétaire international, la Banque mondiale, le Fonds européen de développement, etc.) et advienne que pourra !
La CENI est-elle réellement indépendante ?
Lundi 27 août 2018, le Conseil de sécurité de Nations Unies parlant de la crise politique persistante en RDC a réaffirmé sa détermination à aider la RDC en termes de logistique pour aller aux élections libres, équitables et crédibles qui se traduiraient par une démocratie durable !
Curieusement, le gouvernement qui prend plaisir à répondre aux critiques formulées à l’endroit de la Ceni brandit l’argument selon lequel la Commission Electorale Nationale Indépendante est une structure indépendante dans ses décisions et dans sa gestion.
Aussi, les autorités de la RDC se sont empressées de se substituer à la centrale électorale en déclinant l’offre d’aide des Nations Unies à travers la Monusco en déclarant solennellement à la face du monde que « la RDC est disposée à accepter l’aide des Nations Unies dans des secteurs autres que celui des élections (sous entendu : quand bien même ses caisses sont vides » à travers celles du bénéficiaire véritable qu’est la CENI. A partir de cette déclaration du gouvernement, le monde a désormais la certitude que le pouvoir en place en RDC a manifestement la mainmise sur la CENI et voudrait ainsi empêcher la tenue des élections à la date indiquée en multipliant des entraves pour aggraver davantage la crise avec toutes les conséquences imprévisibles que cela comporte.
En vue de parer à toute éventualité face aux échéances électorales du 23 décembre 2018, la diplomatie préventive de l’ONU devient impérieuse ici et maintenant. Et cela n’est pas en contradiction avec la communauté internationale qui estime que malgré la multiplication des entraves par le pouvoir en place, il y a moyen de contourner ces obstacles. Cela revient à dire en d’autres termes que les prétentions indépendantistes et souverainistes du gouvernement de Kinshasa ne sont pas des garanties absolue pour la tenue des élections attendues par le peuple congolais qui aspire à une vraie alternance démocratique et non à une parodie de démocratie.
Par Bamporiki Chamira