Elections 2018 : des failles dans l’enregistrement des candidatures dénoncées
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Selon l’ONGDH « LICOPADEL », cette opération a été ponctuée par le favoritisme, la faible participation des jeunes, femmes et personnes handicapées… due surtout au taux élevé de la caution ; des tracasseries à l’endroit des sympathisants des candidats proches de l’Opposition Politique…
La Ligue Congolaise pour la Paix, les Droits de l’Homme et les Elections (LICOPADEL) a dénoncé, à l’issue d’une réunion tenue hier jeudi 9 août 2018 à son siège à Kinshasa, les irrégularités relevées dans les bureaux de traitement et réception des candidatures aux élections présidentielle et législatives prévues en décembre 2018, lors de l’opération d’enregistrement effectuée du 25 juillet au 8 août.
La Ligue a mentionné ces irrégularités dans un document publié devant la presse sous le titre « Analyse sur le Dépôt des Candidatures à la Députation Nationale, aux Elections Provinciales et Présidentielle en RDC ».
Dans ce document, la LICPADEL constate l’exclusion de Moïse Katumbi Chapwe du processus électoral en cours et l’hésitation des candidats indépendants à la présidentielle 2018, qui se sont fait enregistrer tardivement, soit pendant les 48 dernières heures, ajoutant que certains candidats ont déposé leurs dossiers sans preuve de paiement de la caution jugée trop élevée. Parmi les 26 candidats à la présidentielle enregistrés, la Ligue a noté un seul jeune âgé de 40 ans, trois femmes, aucune personne vivant avec handicap (PVH), aucun représentant des peuples autochtones.
La plupart des militants et sympathisants des candidats à la présidentielle, proches de l’Opposition Politique ont été empêchés d’accompagner leurs leaders par les forces de l’ordre, tandis que des candidats proches de la Majorité Présidentielle (MP) ont bénéficié de plus de facilités pour le paiement de la caution à la banque. Les mêmes constats ont marqué le dépôt des candidatures aux élections législatives et provinciales, organisé du 24 juin au 10 juillet dernier par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI).
Tribalisme et clientélisme
A cette occasion, les observateurs déployés par la LICOPADEL dans les différents bureaux de traitement et de réception des candidatures ont constaté que, n’étant pas sûrs du respect du calendrier électoral publié par la CENI, plusieurs partis et regroupements politiques ont présenté non préparés, non engagés dans la vie politique en RD Congo, négociés ou, en termes clairs, choisis par favoritisme, tribalisme et clientélisme.
Beaucoup de partis et regroupements ont été incapables de présenter des candidats sur toute l’étendue du territoire national par manque ou insuffisance de moyens financiers et seulement 2% de PVH sont alignés sur les listes des partis et regroupements.
Dans le même ordre d’idées, la LICOPADEL a relevé que les bureaux de traitement et de réception n’étaient pas accessibles aux PVH obligées de monter des escaliers et de parcourir de longues distances pour atteindre ces bureaux. Elle déplore le faible taux de participation des candidats indépendants découragés par le seuil de représentativité ; le fait que le formulaire de dépôt des candidatures n’était pas élaboré dans le format accessible aux PVH aveugles pour leur permettre de le remplir facilement et, enfin, l’écartement des PVH comme candidats sur les listes des partis et regroupements politiques. Ces personnes sont plutôt retenues sur les listes des suppléants.
Décrispation politique
En conclusion, la LICOPADEL reconnaît le respect de l’article 70 de la Constitution et invite le Président de la République Joseph Kabila à mettre en œuvre le chapitre 5 de l’Accord Politique Global et Inclusif du 31 décembre 2017, relative à la décrispation politique.
Elle rappelle que ces mesures consacrent la cessation des poursuites judiciaires contre Moïse Katumbi Chapwe ; la libération des prisonniers emblématiques dont Eugène Diomi Ndongala, Franck Diongo, le bâtonnier Jean-Claude Muyambo, Gecoco Mulumba, ainsi que des prisonniers d’opinion, notamment Beni Carbonne, Boponi Mino, Kalonji Cédric, Shunza Grâce et Kabeya Palmes.
Par Marcel Tshishiku