Engagé dans la politique, quelles sont les chances de réussite de Werrason ?
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Responsable de la plateforme électorale « A nous le Congo » (ANOC), l’artiste musicien Noël Ngiama Makanda dit Werrason alias Igwe Le Roi de la forêt, patron du groupe Wenge Musica Maison Mère, vient de s’engager désormais dans la politique active en prévision de sa candidature aux prochaines élections législatives. Populaire et grand stratège, beaucoup pensent qu’il serait bien parti malgré les déboires connus dans son dernier projet « Totonga ba stades » dont il continue à réclamer les retombées.
Se voulant rassembleur de ses amis artistes musiciens dans un dialogue « inter musiciens congolais » pour mettre fin au « phénomène combattants » qui continue à faire la loi en interdisant aux artistes congolais de se produire à l’espace Schengen, frappés d’un embargo depuis plus de sept ans, lutte contre la piraterie et autres maux qui rongent la musique congolaise, Werrason s’assigne comme objectif de donner de l’emploi aux jeunes congolais, installer une industrie musicale numérique en RDC…
Musique et politique, indissociables en RDC !
De toutes les façons, la République Démocratique du Congo constitue l’un des rares pays au monde où la musique et politique semblent être indissociables, comme l’a fait remarquer Manu Dibango : « Les vedettes font partie intégrante de la vie publique ».
Werrason est sur les traces de Kabasele Tshamala dit Grand Kallé Jeef. Ce dernier, accompagné de son groupe « African Jazz », a été invité à la Table Ronde de Bruxelles en 1960 pour négocier l’indépendance du Congo Belge. Si sa notoriété acquise auprès du peuple s’imposait, son long compagnonnage avec Patrice Emery Lumumba le rendait incontournable. Son engagement politique aura son revers car l’assassinat de Lumumba a conduit indirectement à la dissolution de l’African Jazz en 1963.
Le Grand maître Franco Luambo Makiadi du TP OK Jazz, décédé en 1989 à Namur en Belgique, a été toujours considéré comme l’homme de main, mieux, le propagandiste du feu Mobutu Sese Seko. Plus proche, Le regretté Tabu Sinamoy Pascal dit « Seigneur Ley Rochereau » de l’Afrisa International, doté d’un cursus scolaire éloquent, secrétaire administratif au Fonds du bien être indigène, actuelle Fonction publique, responsable administratif et financier à l’Athénée de Kalina et à l’institut Technique de Ndjili, puis coordonateur de planification des écoles laïques du Congo, élevé au rang de vice gouverneur en charge de la politique et administrative dans « l’espace urbain » dirigé à l’époque par le Gouverneur Kimbembe Mazunga, a su avec pugnacité et témérité fait voir aux Congolais que le musicien n’était plus ce damné de la société, et que par la musique, il peut gravir des échelons et mériter de l’hommage suprême de toute une nation comme ce fut le cas le 9 décembre 2013, jour de ses obsèques au Palais du Peuple.
Par Franck Ambangito/CP