Transfèrement des eaux : Alexis Mutanda parle des conséquences en expert
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En tant qu’un des artisans de la réalisation d’Inga – Shaba, l’élu de Mbuji-Mayi avertit qu’un tel projet réduira le débit du fleuve et la production du barrage d’Inga
« C’est de la haute trahison » ! C’est en ces termes que le député national Alexis Mutanda, élu de la ville de Mbuji-Mayi, a réagi hier jeudi 5 avril, au cours d’un entretien avec la presse, en réponse à une question sur le projet de transfèrement des eaux du fleuve Congo vers le Tchad dont le lac est actuellement menacé d’assèchement.
Ingénieur civil de formation et un des artisans de la réalisation de la construction du barrage hydroélectrique d’Inga et de la ligne transportant l’électricité produite à partir de ce site situé au Kongo Central jusqu’au Katanga (Inga – Shaba), le député Alexis Mutanda a d’emblée tenu à faire remarquer qu’ « une telle décision engage la souveraineté nationale et qu’elle ne peut pas être traitée dans des cercles restreints en lieu et place des Congolais ».
Maitrisant très bien la question, l’Ingénieur civil Alexis Mutanda a même presque transformé l’entretien avec les journalistes en une séance académique en recourant à une carte hydrographique pour expliquer les dangers que comporte ce projet pour les populations de la RDC et l’économie du pays.
Carte à l’appui, Alexis Mutanda a fait savoir que le fleuve Congo a l’un de grands débits au monde et le bassin du Congo a l’avantage d’être traversé par la ligne de l’Equateur. Avantage qui, selon lui, donne une constance au débit du fleuve Congo pratiquement pendant toute l’année.
Parlant des caractéristiques du site d’Inga, l’ingénieur Mutanda a fait savoir que la nature doté ce site des caractéristiques exceptionnelles. Car, a-t-il fait remarquer, il y a plusieurs dénivellations qui offrent à la RDC la possibilité d’y construire d’autres barrages en plus de ceux déjà réalisés (Inga 1 et 2).
Avantage sur lequel l’expert Alexis Mutanda s’est appuyé pour rappeler que le site d’Inga peut produire jusqu’à 40 millions de kilowatts d’électricité au stade final, car après Inga 1 et 2 qui sont déjà opérationnels, il reste Inga 3 qui est en cours de réalisation et éventuellement Inga 4 qui consisterait au barrage total des eaux du fleuve.
Mais face au projet initié par les autorités congolaises avec la complicité de certaines organisations sous-régionales pour transférer une partie des eaux du fleuve Congo à partir de l’Oubangui, vers le vers le lac Tchad, l’élu de Mbuji-Mayi a vite fait d’avertir que la concrétisation d’un projet diminuera le débit du fleuve Congo, avec toutes les conséquences négatives que cela entrainerait sur la production du barrage d’Inga en termes de production d’électricité sur le site d’Inga. Car, selon lui, c’est sur base de la constance du débit du fleuve Congo qu’ont été effectués les calculs pour la construction du barrage d’Inga. Et d’ajouter :
« si l’on détourne une partie de l’eau du fleuve, tous les calculs effectués doivent être refaits » ! C’est pourquoi le député national Mutanda s’oppose farouchement au projet de transfèrement des eaux du fleuve Congo vers le Tchad. Projet qu’il considère déjà comme « une haute trahison ».
Machine à voter : fraudes et glissement redoutés
Le député national Alexis Mutanda a également saisi l’occasion pour saluer la position exprimée par le gouvernement sud-coréen sur la fiabilité de la fameuse « machine à voter » commandée par la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Pour l’élu de Mbuji-Mayi, le fait que les autorités de Séoul remettent en cause la fiabilité de cette machine, en rapport avec les scrutins que la RDC doit organiser le 23 décembre prochain, cela tombe bien et remet d’office en cause les résultats qui sortiront des urnes en cas d’utilisation de cette fameuse machine à voter.
C’est pourquoi il a invité la CENI à accepter certains préalables, entre autres faire examiner de manière contradictoire cette machine à voter par des experts de toutes les tendances, afin d’élaguer toute suspicion. L’élu de Mbuji-Mayi a par ailleurs déploré le fait qu’à chaque élection, la CENI cherche à inventer la roue en compliquant inutilement les opérations. Comportement qui a conduit à des fraudes massives lors des scrutins organisés en 2006 et en 2011.
Pour le député Mutanda, la fameuse machine à voter que la CENI cherche à imposer pour les scrutins prévus cette année est encore de nature à compliquer inutilement les choses, alors que les Congolais dont la majorité vit dans des milieux ruraux a besoin des choses simples et faciles à assimiler.
Observateur très averti, Alexis Mutanda craint que la volonté d’imposer la fameuse machine à voter dont la fiabilité est remise en cause soit de nature à donner encore prétexte au pouvoir pour ne pas organiser les élections prévues le 23 décembre 2018 et d’obtenir un nouveau glissement.
Absence de la RDC à Genève, et crise de succession à l’UDPS
Le député national élu de Mbuji-Mayi n’a pas manqué d’émettre son avis sur la décision prise par le gouvernement congolais de ne pas participer à la conférence de donateurs prévue le 13 avril 2018 à Genève à l’initiative des Nations Unies, en vue d’apporter une réponse à la crise humanitaire grave qui sévit en République Démocratique du Congo.
A ce sujet, Alexis Mutanda s’est dit « attristé de constater que, 57 ans après l’indépendance, les Congolais sont toujours chosifiés » et vivent dans la pauvreté malgré les ressources naturelles dont Dieu a doté ce pays. Et d’ajouter : « les Congolais ne méritent pas cela » !
En réponse à une question sur le climat qui règne à l’UDPS après la disparition de son leader charismatique Etienne Tshisekedi, Alexis Mutanda regrette le fait que plusieurs cadres de ce grand parti d’opposition n’aient toujours pas intériorisé l’idéal prôné par cette grande formation politique pour laquelle plusieurs de ses fils et filles sont morts ou ont perdu des êtres chers ainsi que leurs biens !
Par DMK