Conséquence de la polémique sur la présence des vaches venues de l’Est dans le Bandundu : Les Kinois se méfient de la viande de bœuf!
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Autrefois friands de cette viande pourtant onéreuse mais exigée dans plusieurs ménages surtout par des enfants, les consommateurs de la capitale se ruent désormais sur la viande de chèvre, de porc, de mouton, ou de lapin.
Des milliers de vaches venues de l’Est du pays et escortés par des éleveurs et s’exprimant dans une langue semblable à celle d’un pays voisin à la RDC ont surgi brusquement le mois dernier dans l’ancienne province de Bandundu, particulièrement dans la nouvelle province du Kwango.
Ces vaches indésirables seraient venues, selon les bergers qui les encadrent, d’Uvira dans le Sud-Kivu pour atterrir à Bukangalonzo, dans le Bandundu, au terme d’une longue marche pédestre après avoir parcouru plus de 1000 Km ! Cette présence massive, étrange et surtout inattendue (plus de 4000 têtes), de bovins de surcroit d’un type particulier, a suscité moult commentaires et inquiétudes parmi les populations autochtones de l’ex-Bandundu et à Kinshasa, principal centre de consommation de la viande bovine.
Surtout que les convoyeurs seraient des sujets rwandais. A Kinshasa, plusieurs observateurs redoutent que cette présence brusque de vaches venues de l’Est relève d’un plan inavoué d’occupation de la partie ouest de la RDC par le Rwanda. Sur place au Bandundu, les bouviers ont été identifiés comme étant des occupants déguisés en éleveurs. Du coup, les communautés de la région redoutent d’être victimes d’accaparement des terres situées le long du fleuve Kwango dont le lit est réputé pour sa richesse en diamants.
Ces vaches seraient donc tout, sauf la manne en provenance du ciel. Pire encore, leur coût était exorbitant. 2000 $ US par tête. Tout compte fait, la thèse de l’occupation a vite gagné l’esprit des Congolais. La même population s’est par ailleurs rendue à l’évidence, ayant tiré les vers du nez, que la caravane n’était pas en règle au plan administratif. Pas plus que le bétail ne l’était avec les services vétérinaires.
La polémique naissante a suscité la méfiance vis-à-vis des Kinois qui ont décidé de ne plus consommer la viande bovine, en attendant de tirer au clair cette affaire. Par cette méfiance, les Kinois entendent ainsi faire obstruction à ce que d’aucuns considèrent déjà comme une tentative rwandaise d’occupation de l’ouest de la RDC.
C’est vrai que les Congolais comptent parmi les peuples qui sont mal nourris, mais de là à conclure qu’ils sont capables de consommer même ce qui vient de leurs pires ennemis, est une grosse méprise. D’où la méfiance qui s’observe à Kinshasa, à l’endroit de la viande bovine.
C’est principalement ce motif qui entrave l’écoulement facile de cette viande à Kinshasa. A cette allure, il est fort à craindre que les abattoirs installés dans la capitale ne mettent dans les prochains jours la clef sous le paillasson. Car nombreux sont les Congolais qui ont décidé de se contenter désormais de la volaille dans leur assiette. D’autres consommateurs kinois se ruent sur la viande de chèvre, de porc, mouton, ou de lapin produite localement, afin de ne pas tomber dans le piège rwandais.
Cette méfiance des Kinois vis-à-vis de la viande bovine oblige aussi les commerçants de la capitale qui vivaient de cette activité à changer aussi de marchandise. Ceux qui allaient acheter des vaches dans le Bandundu, se ruent désormais sur les chèvres, porcs et moutons.
La leçon qui convient de tirer de cet épisode est que la porosité des frontières congolaises doit faire l’objet d’une étude sérieuse. Car c’est là aussi un attribut de la souveraineté nationale.
Par GO