RDC : Human Rights Watch dresse un constat accablant des atteintes aux droits humains durant 2017
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Cela va des assassinats à des emprisonnements ou encore des empêchements de manifester ou même de se déplacer librement
5 000 morts dans la région du Kasaï, 30 000 congolais obligés de se réfugier en Angola, quelques 1,4 million de personnes déplacées, six cents écoles détruites, 90 fosses communes au Kasaï. Ces faits impliquent, entre aout 2016 et septembre 2017, des forces de sécurité rd congolaises, des milices soutenues par les autorités ainsi que groupes armés locaux.
Entre juillet 201 et septembre 2017, dans la province du Tanganyika, plus de 200 personnes ont été abattues, quelques 250 000 contraintes à se déplacer, de nombreux villages et camps de déplacés incendiés lors de violences intercommunautaires.
Tels sont quelques-uns des chiffres avancés dans le chapitre sur la RD Congo du rapport de Human Rights Watch du jeudi 18 janvier 2018. Ce document, émanant d’Ida Sawyer, directrice pour l’Afrique centrale de cet organisme américain de défense des droits humains, signale que les recherches effectuées par HRW et Radio France Internationale font peser des soupçons sur la possible implication d’éléments du gouvernement dans l’assassinat, en mars dernier, de Zaida Catalan et Michael Sharp, deux experts des Nations Unies venus justement enquêter sur les violences au Kasaï liées à l’insurrection Kamuina Nsapu.
Usage excessif de la force
Selon HRW, les forces de sécurité ont tué quelques 90 personnes, entre janvier et août, tant à Kinshasa que dans la province du Kongo Central. C’était dans le cadre de la répression des adeptes de la secte politico-religieuse Bundu Dia Kongo (BDK). L’ong relève toutefois que certains membres de BDK ont aussi tué au moins cinq agents de police.
En juillet, à Lubumbashi, des hommes armés non identifiés ont tiré sur un juge, manquant de le tuer.
Le magistrat refusait de rendre un jugement en défaveur de Moïse Katumbi Chapwe, ancien gouverneur de l’ex province du Katanga, candidat déclaré à l’élection présidentielle. Tout au long de son rapport, Human Rights Watch fait état d’usage excessif de la force dans le chef des hommes en uniformes. Avec notamment des jets de gaz lacrymogènes ou encore des tirs à balles réelles.
Liberté d’expression bafouée
Concernant la liberté d’expression dans le pays, HRW a répertorié 171 personnes tuées par les forces de sécurité entre 2015 et 2016, lors de manifestations. Human Rights Watch précisé que les forces de sécurité ont abattus au moins 62 personnes et interpelés des centaines d’autres au cours des manifestations ayant eu lieu en RD Congo entre les 19 et 22 décembre 2016, suite au refus de Joseph Kabila de quitter le pouvoir à l’issue de son second mandat.
HRW atteste par ailleurs que fin 2016, des officiers supérieurs congolais ont mobilisé quelques 200 anciens combattants rebelles du M23 depuis le Rwanda et l’Ouganda, les ont intégrés dans des unités de la police nationale congolaise (PNC) et des forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) pour réprimer des manifestations anti-Kabila.
Tout au long de l’année 2017, des agents du gouvernement ainsi que des forces de sécurité ont systématiquement interdit les manifestations de l’opposition, fermé des médias qui leur étaient hostiles et empêché des membres de l’opposition, journalistes, défenseurs des droits humains et activistes pro démocratie de se déplacer librement.
Beaucoup d’entre eux ont été détenus dans des lieux tenus secrets, sans chefs d’inculpation ni accès tant à leurs avocats qu’à leur famille. Dans son document Human Rights Watch avance le chiffre de 100 groupes armés actifs dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Ils continuent à s’attaquer aux civils.
Médias harcelés
Durant l’année 2017, 40 journalistes tant congolais qu’étranger, ont été détenus. Certains d’entre eux ont vus leur matériel confisqués, des images effacées ou encore se sont vus interdire l’accès à l’information. Les autorités gouvernement ont fermé des médias congolais et a périodiquement restreint l’accès aux réseaux sociaux ainsi qu’a internet.
HRW signale qu’en juin, le gouvernement congolais a refusé de renouveler l’accréditation de l’envoyée spéciale de RFI en RDC et en août, le visa du correspondant de l’agence Reuters. Toutefois le même mois, il a rétabli le signal de RFI (après neuf mois d’interruption).
Par YHR