Vols des minerais congolais par les étrangers: aveu d’impuissance ou complicité de l’Etat ?
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On ne comprend pas que le «tout-puissant» ministre des Mines reconnaisse, plus de 10 ans après son accession à ce poste, la situation calamiteuse de son secteur, sans apporter de solution toutes ces années. Il a été rejoint par le PCA de la Gécamines qui accuse les étrangers opérant dans ce secteur!
Le ministre des Mines, Martin Kabwelulu, a reconnu, au cours d’une cérémonie de présentation récemment à Kinshasa par la Banque mondiale de deux rapports sur le pays, que la RD Congo a toujours été victime de mauvais comportements de certains opérateurs miniers véreux qui y exploitent les matières premières.
Des affirmations tenues plus de 10 ans après qu’il soit à la tête de ce méga-secteur, combien indispensable pour le pays, plongé dans une grave crise économique et financière. Le secteur des Mines qui pense pour le seul, à l’heure actuelle, capable de relance la croissance en République démocratique du Congo.
La question qu’on se pose pour le moment est celle de savoir ce que faisait le ministre des Mines, Martin Kabwelulu, pendant tout ce temps qu’il a passé à la tête de secteur pendant les deux mandatures de cinq ans chacune. Il est des rares ministres, avec Lambert Mende, à avoir pris part à tous les gouvernements depuis 2007.
«Le tout-puissant» ministre des Mines, ce Katangais du Palu (Parti lumumbiste unifié) a participé à tous les gouvernements de ces dix dernières années : gouvernement du patriarche Gizenga, gouvernements Muzito I et Muzito II, gouvernements Matata I et Matata II, gouvernement Samy Badibanga et gouvernement Bruno Tshibala.
Au lieu de dire ce qu’il a réalisé après tant d’années à la tête de ce ministère, les projets initiés et qui ont abouti et comment il a réussi à assainir le secteur des Mines, Martin Kabwelulu ressemble à un novice. On se demande ce qu’il a réellement fait depuis qu’il est-là, sinon assister impuissant au bradage des concessions.
Le ministre des Mines Kabwelulu a été rejoint dans ses affirmations selon lesquelles «le secteur minier congolais est victime des mauvais comportements de certains opérateurs miniers dans le pays» par le PCA (président du conseil d’administration) de la Gécamines (Générale de carrière des mines), Albert Yuma. Ce dernier soutient que «les étrangers, partenaires dans ce secteur, volent la RD Congo». Une autre question qu’il faut se poser est celle de savoir s’il s’agit là «d’un aveu d’impuissance ou d’une complicité de l’Etat congolais».
«Paradise-paper»
La déclaration du PCA Yuma a été aussi relevée dans le rapport de «Paradise Paper», où la Gécamines accuse ses partenaires étrangers de voler la RDC. Il a été indiqué, à cet effet que la toute-puissante entreprise étatique minière congolaise, Gécamines, a accusé le 20 novembre dernier ses partenaires étrangers de voler la République démocratique du Congo.
Cela après avoir été, elle-même, mise en cause dans deux rapports par des ONG anglo-saxonnes. «Nos partenaires depuis quinze ans nous ont fort trompés et nous ont volés. Cela doit s’arrêter», a-t-il déclaré. Pour rappel, l’ONG britannique Global Witness avait qualifié, en juillet dernier, le secteur minier congolais de distributeur automatique de billets pour le régime de Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001.
Début novembre, une autre ONG, américaine celle-là, le Centre Carter, qui a estimé qu’un total de 750 millions de dollars, générés par la production minière entre 2011 et 2014, n’a pas pu être retracé de manière fiable dans la comptabilité de la Gécamines.
Les rapports qualifiés par Albert Yuma, dans sa réaction, d’idiotie, de mensonger et d’incompétence. Et de préciser que «tout l’argent a été enregistré dans les comptes de la Gécamines. Pas un dollar ne manque et la plupart de cet argent est parti dans le personnel, dans les investissements et dans le financement de l’Etat congolais». Il a aussi ajouté que «l’Etat aurait dû toucher 768 millions de dollars d’impôts.
Il a touché zéro, parce que nos partenaires se sont toujours arrangés pour que les comptes d’exploitation soient en perte d’année en année».
Par LKT