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Après un séjour dans sa circonscription électorale de Mbuji-Mayi : Alexis Mutanda décrit la misère noire de la population au Kasaï Oriental

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Après un séjour dans sa circonscription électorale de Mbuji-Mayi : Alexis Mutanda décrit la misère noire de la population au Kasaï Oriental

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Il fustige en outre le comportement des politiciens congolais, qui se moquent des engagements pris. Cela, alors que le peuple traverse une crise sans précédent, créée justement par les mêmes acteurs politiques!

Mutax AlexisAprès un séjour fructueux de plus de deux semaines dans sa circonscription électorale de Mbuji-Mayi, le député national Alexis Mutanda, pour le compte de l’UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social), qui a accueilli les chevaliers de la plume et du micro pour leur faire la restitution de ce voyage, le président de l’ADAM (Association des Amis d’Alexis Mutanda) n’a pas manqué de faire sa lecture pertinente de la situation actuelle du pays.

La nomination controversée de Joseph Olenghankoy à la tête du CNSA (Conseil national de suivi de l’Accord), la problématique de la tenue des élections au mois de décembre 2017, conformément à l’Accord du 31 décembre 2016, déjà violé, son enrôlement dans la ville diamantifère, la nomination des experts de l’ONU pour enquêter sur les massacres dans l’espace kasaïen, son appartenance à l’UDPS d’Etienne Tshisekedi et surtout les activités de son association, qui construit pour le moment une école à Katabua ,situé dans le territoire de Katanda.
Ci-dessous, l’intégralité de cette entrevue

Question: Le président du Comité des sages du Rassemblement/Kasavubu a été désigné président du CNSA, peut-on  savoir votre lecture par rapport à cette désignation?    

Alexis Mutanda: La situation de désignation de Monsieur Joseph Olenghankoy au poste de président du CNSA (Conseil National de Suivi de l’Accord) m’attriste, même beaucoup de compatriotes, sensés qui suivent l’actualité du pays, sont aussi tristes. Les politiciens congolais se moquent des engagements pris. Cela, alors que le peuple congolais traverse une crise sans précédent, créée justement par les mêmes politiciens.

S’il faut se référer dans la démarche de la désignation d’Olenghankoy, comme président du CNSA, ce sont les deux présidents du Parlement, Kengo wa Dondo pour le Sénat et Aubin Minaku pour l’Assemblée nationale, qui s’y sont engagés. Une démarche qui n’est pas sans défaut. Les Evêques, qui ont supervisé les travaux au Centre Interdiocésain de Kinshasa, ont été mis de côté. L’opposition dans le pays est manipulée. Une situation qui arrange Joseph Kabila. Ce qu’il a toujours voulu est donc arrivé.

Maintenant, le peuple qui, lui, est souverain va cependant payer très cher tout ce mauvais comportement des politiciens congolais. Ce qu’il faut retenir, c’est que faire la politique, c’est d’abord servir ce peuple qui t’a choisi. Vraiment, le peuple ne mérite pas ce qu’on lui fait par les politiciens.

Question: La non-tenue des élections en décembre 2017 ne garantit-elle la violation de l’Accord de la Saint Sylvestre?

A.M: Kabila a toujours travaillé très fort pour avoir un troisième mandat. S’il ne l’a pas obtenu, il est en train de travailler pour se maintenir par le glissement, d’une manière frauduleuse, comme il avait fait en 2011 lors de l’élection présidentielle face à Etienne Tshisekedi.

Déjà quand on voit la façon dont le président de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante), Corneille Nangaa, qui a préféré se rendre en Europe pour relever qu’il n’est pas possible d’organiser les élections en décembre 2017, comme prévu par l’Accord politique du 31 décembre 2016, comme s’il y’avait pas moyen de le faire au pays.

Aussi, des gens parlent maintenant de «1+3», que Kabila soit le président, qu’il va être entouré de trois Vice-présidents, Félix Tshisekedi, Moïse Katumbi et Vital Kamerhe. Mais pourquoi, ces gens-là ne parlent pas de «1+26», puisse que nous avons 26 provinces. Ainsi, Kabila, lui sera toujours-là. Il est devenu le dénominateur. Il faut qu’il soit toujours-là, même s’il a contredit le président de la CENI en soutenant qu’il y aura des élections. Cela, pendant que les autres affirment qu’il faut la transition sans Kabila.

Question: Comment s’est passé votre séjour à Mbuji-Mayi?

A.M: Je prends mon rôle de député national dans son vrai sens du mot. Je suis allé à Mbuji-Mayi pour prendre la température de la province Kasaï Oriental qui est en train de mourir, sinon qu’il est déjà mort. Je tenais aussi à m’enrôler dans ma circonscription électorale. Ce qui s’était bien passé. Les gens s’étaient mobilisés pour m’accompagner pendant l’enrôlement. Je me suis retrouvé seul. Il n’y avait personne. J’espère que les autres s’étaient déjà  enrôlés.

Concernant Mbuji-Mayi, cette ville diamantifère est en train de mourir. Il n’y a pas d’eau potable. La population s’approvisionne dans la rivière Lubilanji. Une rivière où les gens se lavent, certains déversent des matières fécales, il faut boire cette eau, c’est grave. Il n’y a pas de travail, pas d’entreprise, sans oublier l’insécurité, où les gens sont arrêtés chaque jour. Les enlèvements, les arrestations et autres disparitions.

Le territoire de Mwene-Ditu est devenu infréquentable, dans celui de Katanda, il y a des camions remplis de militaires qui sillonnent à tout moment. Tout ça, on endosse la responsabilité aux éléments de Kamuina Nsapu. Hors vous savez que, Kamuina Nsapu était un chef coutumier, où est-ce qu’il pouvait trouver l’argent pour entretenir tous ces miliciens, les équiper par les machettes et autres armes à feu et armes blanches pour faire les exactions, mais aussi faire les mouvements à travers plusieurs territoires de l’espace kasaïen.

Les gens se règlent des comptes. Il faut seulement indexer quelqu’un qu’il est Kamuina Nsapu pour qu’il soit vite arrêté. Kamuina Nsapu est donc devenu une grande vedette connue à travers le monde, cité dans les médias partout, même sur internet. A Boya, il y a une société chinoise qui exploite le diamant de joaillerie. Les travailleurs qui travaillent dans ce coin dictent leur loi. Il faut  se présenter comme venant de la Présidence de la République, pour être pris en considération et faire peur aux autres.

C’est donc une misère la plus noire pour cette province du Kasaï oriental, qui sur le plan administratif, est devenue la plus petite du pays. Les gens ne veulent plus y rester. Ils vont à Kinshasa où Lubumbashi. La misère, qui sévit dans cette partie du pays, en est la cause principale.

Question: Quelle est votre réaction après la nomination de trois experts de l’ONU pour les massacres de l’espace kasaïen?

A.M : Je ne pense pas que les Kasaïens sont aussi cruels quand on voit comment les choses se passent dans cette partie du pays. La mort des experts de l’ONU. Et pourtant, les militaires qui sont déployés dans cet espace parlent les uns tshiluba, les autres swahili, les autres encore kinyarwanda.

Comprenez que les choses ne sont pas aussi faciles, mêmes pour ces experts de l’ONU nouvellement nommés, qui doivent, après avoir fait des enquêtes, déposer leur rapport au gouvernement congolais et au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU de Kinshasa. Il y a risque qu’une partie récuse la conclusion de l’enquête, comme toujours. Question: Pour vous, en tant que notabilité dans le Kasaï, quelle est la solution pour ramener la paix dans cette partie du pays?

A.M: Il n’y a pas deux solutions. La solution est une; l’organisation des élections pour

’organisation des élections pour permettre au peuple de faire son choix de ceux qui vont le diriger. Avec les élections démocratiques, il y a moyen d’avoir l’alternance, avoir un Etat de droit. Ce qui va permettre aux Congolais de réaliser leur rêve, jouir des richesses du pays. Si on donne l’occasion au peuple de se choisir ses mandataires, il y aura amélioration de la situation et la paix dans le pays.

Question: La RDC a présenté sa candidature comme membre au Conseil des Droits de l’Homme des Nations. Une candidature qui a provoqué une vive protestation des Etats-Unis d’Amérique, qui s’y opposent. Peut-on parler d’ingérence du pays de Donald Trump?

A.M: Il faut commencer à nettoyer chez-vous, si vous voulez voir votre parcelle être propre. Est-ce qu’en RDC, y a-t-il un seul territoire où un seul secteur où les Droits de l’homme ne sont pas violés? C’est la question que je pose. Au Kasaï, les gens sont décapités, au Kivu, c’est chaque jour que les gens meurent, à Kinshasa, une administratrice de l’un  de grands marchés de la ville a été tuée, les fosses communes partout au pays, pour ne parler que de celle de Maluku, parce qu’elles ont été oubliées, comme les gens qui ont été jetés sont des animaux, il faut les oublier, sans oublier l’envahissement des Mbororo, qui tuent dans l’ex Province Orientale.

Dans un pays, où on viole les droits de ses propres citoyens, il faut commencer à nettoyer chez-soi, avant d’aller faire la leçon aux autres, dans une organisation comme le Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Question: Une dernière préoccupation, à quelle UDPS appartenez-vous, celle de Tshibala qui organise pour le moment un conclave avant d’aller en congrès pour élire le remplaçant d’Etienne Tshisekedi, où du duo Félix Tshisekedi et Jean-Marc Kabund?

Jusque-là, il y a deux UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social) enregistrées dûment au ministère de l’Intérieur. Il y a UDPS/ Kibassa et UDPS/ Tshisekedi. Je ne sais pas si au jour d’aujourd’hui il y a d’autres ailes en dehors des deux citées. S’il faut se référer aux élections de 2011, la présidentielle et les législatives, l’UDPS aile Tshisekedi avait remporté 42 sièges à l’Assemblée nationale, et le président national Etienne Tshisekedi avait aussi remporté haut la main cette présidentielle, mais on connaît la suite.

Pour moi, les choses n’ont pas changé jusque-là. Je suis toujours dans l’UDPS de Tshisekedi. Ce n’est pas pour rien, j’ai été pendant 11 ans, secrétaire national de l’UDPS chargé des Affaires extérieures, un secrétaire général honoraire, président de la Commission électorale du parti. Aussi, jusque-là, la vision du parti de la démocratie, du bien-être du peuple, un Etat de droit. Ainsi, ma position n’a pas changé.

Une chose est vraie, c’est que les gens confondent la création d’ADAM (Association Des Amis d’Alexis Mutanda), qui n’a rien avoir avec le parti. L’ADAM s’est fixée un autre objectif de sensibiliser les Congolais de toutes les provinces sur les vraies valeurs sociales, conformément à notre hymne national, qui comme les pères de l’indépendance ont toujours voulu léguer aux générations futures un Congo fort, uni et prospère.

Pour l’heure ADAM, en collaboration avec les compatriotes dans mon fief électoral, est en train de construire une école à Katabua. Nous avons demandé aux gens de participer pour avoir cette école. Un projet qui fait la joie des compatriotes, qui portent les briques de leur lieu de fabrication jusqu’au site de construction de l’école. C’est vrai qu’il faut débourser des moyens, mais les compatriotes doivent travailler, même dans la construction, pour avoir cette école.

Par Lucien Kazadi T.

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