Secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence : Stephen O’Brien alerte sur la situation humanitaire en RDC
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Pour le chef de OCHA,« la responsabilité principale de la protection et de la sécurité des civils appartient au gouvernement »
« La meilleure solution humanitaire est la paix ». C’est sur ce message répété à différents interlocuteurs que le Secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, Stephen O’Brien, a conclu le vendredi 21 juillet dernier sa mission de quatre jours en RDC.
Il a tenu un point de presse à Kinshasa pour faire le point de l’objet de sa visite en RDC, en ce moment critique où les violences au Kasaï jettent des milliers de personnes dans la rue. Arrivé le mardi 18 juillet dernier dans la soirée à Kinshasa, le Haut fonctionnaire onusien s’est ensuite rendu dans l’Est et le centre de la RDC, pour constater de près les « conséquences humanitaires dévastatrices » qui frappent le pays.
« Mon objectif est d’être le plus grand défenseur des personnes dans le besoin », a déclaré O’Brien lors de sa rencontre avec le Premier ministre congolais, Bruno Tshibala, mercredi dans la capitale du pays, où il s’est également entretenu avec le Vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur et de la sécurité, Emmanuel Ramazani Shadary, ainsi que le ministre en charge de l’action humanitaire.
« La responsabilité principale de la protection et de la sécurité des civils appartient au gouvernement », a rappelé le Coordonnateur des secours d’urgence lors d’une conférence de presse organisée à l’aéroport international de N’djili, à la fin de sa visite.
7,3 millions de personnes affectées par la crise humanitaire qui frappe la RDC
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), 7,3 millions de personnes sont affectées par la crise humanitaire frappant la RDC. Avec 3,8 millions de personnes déplacées, dont 1,4 million rien que pour la région du Kasaï, le pays est confronté à la plus grande crise de personnes déplacées du continent africain.
Une crise complexe qui affecte la moitié des 26 provinces du pays. « La nourriture, les abris et d’autres besoins sont des pansements », a insisté Stephen O’Brien au début de sa visite, soulignant auprès d’Emmanuel Ramazani Shadary que « la paix est la solution ultime aux besoins humanitaires ».
Constat amer à Kalemie et Tshikapa
Vendredi, le Secrétaire général adjoint s’est rendu à Kalemie, dans la province du Tanganyika (est du pays), pour s’enquérir de la situation humanitaire suite au déplacement massif de populations. Sur place, il a pu s’entretenir avec des personnes déplacées et mesurer leur détresse. A Moni, dans la périphérie de Kalemie, M. O’Brien a vu les cendres de ce qui fut un site pour 11.000 déplacés avant qu’il ne soit incendié par des violences.
Selon OCHA, une personne sur 10 dans l’est de la RDC a été victime de déplacement forcé au cours de la dernière décennie. Stephen O’Brien a ensuite poursuivi son déplacement à Tshipaka, dans la région centrale du Kasaï, où 1,4 million de personnes sont déplacées (30% des personnes déplacées en RDC) suite au conflit qui frappe la région depuis le mois d’août.
Kasaï, théâtre de violations de droits de l’homme
Alors que l’ONU et les ONG ont traditionnellement opéré dans l’est du pays, les besoins humanitaires se sont accrus ces 12 derniers mois au Kasaï, théâtre de violations de droits de l’homme et où la malnutrition touche sévèrement la santé de milliers d’enfants.
Dès son arrivée à Kinshasa mardi, Stephen O’Brien a rappelé que le financement humanitaire pour la RDC était nécessaire d’urgence et qu’il comptait sur le soutien des pays donateurs. Selon OCHA, le Plan de réponse humanitaire pour le pays d’un montant de 812,5 millions de dollars n’est financé qu’à hauteur de 23%.
« De combien d’autres indices avons-nous besoin pour mobiliser l’appui à la RDC ? », a demandé le Coordonnateur des secours d’urgence lors de sa conférence de presse à l’aéroport international de N’Djili où il a appelé les donateurs à faire plus.
Entre temps, les Pays-Bas ont annoncé le 19 juillet une contribution de 3 millions de dollars et le 20 juillet, le Royaume-Uni a promis une contribution supplémentaire de 6 millions de dollars pour appuyer l’action humanitaire au Kasaï.
Par Godé Kalonji