Alors que le mois de décembre 2017 approche à grand pas, RDC : la démocratie à nouveau en péril
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Profitant d’une insécurité entretenue, le parti présidentiel propose l’instauration d’un Etat d’urgence synonyme de la confiscation totale des libertés individuelles et collectives des Congolais, avec des conséquences désastreuses sur l’image du pays
La jeunesse du Parti du Peuple pour la Reconstruction et le Développement vient de jeter un véritable pavé dans la mare qui a attiré l’attention des milieux politiques du pays et de l’étranger. Il s’agit d’un communiqué invitant les autorités responsables de la RDC à appliquer l’article 144 de la Constitution qui rendrait effective la mise en place d’un régime d’exception pour soi-disant permettre au gouvernement de la République de reprendre le contrôle de la situation du pays qui reste à désirer !
Ce sont-là des mots forts qui cachent de mauvaises intentions que les Congolais qui constituent la majorité des opprimés se doivent de découvrir et combattre sans réserve dans leur matérialisation ! Un Etat d’urgence ou un régime d’exception. Que cachent ces mots ?
Il s’agit tout simplement de l’instauration, à l’initiative du pouvoir en place, d’un régime politique qui viendrait suspendre ou supprimer la Constitution en vigueur et donner aux autorités des pouvoirs très étendus pour gouverner le pays d’une main de fer selon leurs désirs, leurs intérêts, mais aussi et surtout selon leurs mouvements d’humeur en foulant aux pieds les libertés individuelles et collectives !
Si la Constitution en vigueur dans le pays est suspendue, ipso facto, toutes les institutions en place seront suspendues pour une durée indéterminée. Et rien ne dit d’avance par quel mécanisme cette loi fondamentale pourrait être restaurée ou remplacée, le cas échéant par le petit groupe qui exercerait désormais l’effectivité du pouvoir contre la volonté de la majorité des citoyens réduits au silence et à la résignation !
D’après des sources concordantes proches de la Majorité présidentielle, un Etat d’urgence ou un régime d’exception serait déjà en gestation à l’initiative de cette famille politique en prévision de l’échec du référendum qu’elle préparait pour doter le pays d’une nouvelle Constitution. Celle-ci prévoirait l’élection du Président de la République par l’Assemblée nationale et le Sénat réunis en Congrès tandis que le mandat de ce dernier à la tête du pays serait à durée indéterminée !
On peut constater au passage qu’il s’agirait-là du schéma revu et corrigé après les différentes tentatives de glissements dont la dernière en date est sans nul doute celle du report unilatéral des élections présidentielle, législatives nationale et provinciale et autres locales par le président du Bureau de la Commission Electorale Nationale Indépendante, Corneille Naanga !
L’instauration d’un Etat d’urgence ou d’un régime d’exception est considérée par beaucoup comme un trou noir ou un saut dans l’inconnu. Il s’agirait, ni plus ni moins, d’une initiative aux conséquences désastreuses pour la RDC qui ne pourrait alors compter sur aucun soutien intérieur ni extérieur.
En témoignent les remous sociaux difficilement contenus dans les villes et campagnes et les multiples mis en gardes des Etats partenaires de la RDC et des organismes internationaux qui assistent ce pays par le biais des organisations non gouvernementales nationales et étrangères !
On pense généralement que le Brain trust de la Majorité présidentielle n’hésiterait pas de pousser les responsables du pays à franchir le Rubicon sous prétexte de l’indépendantisme et de la souveraineté. Mais en échange de quels dividendes politiques et sociaux pour la population ?
Par Bamporiki Chamira