Procès des présumés assassins des deux experts de l’ONU : Dix ONG du Kasaï Central attendent du tribunal un verdict juste et équitable
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Dix Organisations de Défense des Droits de l’Homme de la province du Kasaï Central plaident pour une justice équitable et impartiale dans le procès opposant le ministère public aux présumés assassins des deux experts de l’ONU, Michael Sharp et Zaida Catalan. Ces ONGDH ont exprimé leur position via un communiqué conjoint publié à l’issue d’une conférence de presse tenue le vendredi 14 juillet dernier à Kananga.
Ces organisations disent suivre de près le déroulement du procès sur l’assassinat des deux experts des Nations Unies, ouvert depuis le 5 juin dernier, dont le verdict est attendu avec impatience, tant par la population congolaise que par la communauté internationale.
Elles affirment prendre aussi acte du fait que l’officier du Ministère public poursuit une dizaine de personnes impliquées dans cette affaire, parmi lesquelles deux civils comme principaux auteurs, deux autres civils comme complices et quatre policiers, considérés également comme complices, mais poursuivis pour évasion des détenus et abandon de poste. Ce dossier a déjà été pris en délibéré, depuis plus d’une semaine. Le verdict doit être prononcé dans le délai fixé par la loi.
Des craintes fondées
Selon ces dix organisations, plus de dix audiences ont déjà eu lieu depuis l’ouverture de ce procès. Et sur base de leurs observations, elles soulèvent quelques points qui, estiment-elles, méritent d’être éclairés, afin d’éviter la compromission dans le verdict et/ou la décision finale.
Les dix ONGDH font aussi un constat selon lequel le juge se montre le plus souvent favorable aux demandes du Ministère public, sous couvert de sa souveraineté, et se passe de certains principes d’ordre public de procédure. Pour elles, « le ministère public, qui est partie au procès et qui se dit être le représentant de la société, dont font partie même les prévenus, devrait d’abord commencer par instruire à charge et à décharge, comme le veut la loi dans son cabinet, mais cela n’est pas constaté dans tous ses PV, qui du reste sont totalement rejetés par les prévenus ».
Ces ONGDH s’étonnent aussi de constater que « les prévenus trainés en justice ne font aucun effort pour faire éclater la vérité, mais usent plutôt essentiellement de leur droit pour tout nier avec une attitude révoltante, comme si le sort les attendant ne signifiait rien, et que le procès n’était qu’une formalité », déplore la même source.
Face à cette situation, les dix organisations exhortent le Tribunal à « être réellement l’église au milieu du village, pour une justice distributive. Car, le procès doit revêtir un caractère correctif et pédagogique en vertu du principe de la légalité de délit et de peine ».
Tenir compte des requêtes de toutes les parties
Le tribunal de céans est par ailleurs appelé à tenir compte des requêtes de toutes les parties, d’en examiner la légalité d’une manière juste, selon l’esprit du législateur, en vertu du principe de la garantie du droit de la défense. Notons que Michael Sharp et Zaida Catalan ont été tué au mois de mars 2017 sur l’axe Bukonde-Tshimbulu, alors qu’ils enquêtaient sur les violations des droits de l’homme au Kasaï en proie aux violences entre les FARDC et les miliciens Kamuina Nsapu. Leurs interprètes et accompagnateurs d’origine congolaise sont introuvables jusqu’à ce jour.
Les dix organisations du Kasaï Central signataires de la déclaration sont entre autres, Arche D’Alliance(ARAL), Association Congolaise de Droit de l’Homme(ACDHO), Collectif de jeune solidaire de Kinshasa (bureau de Kananga(COJESKI), Travail de Droit de l’Homme (TDH), Ligue de la zone africaine pour la défense de Droit de l’enfant et de l’élève(LIZADEEL), Réseau de Femme pour la protection de Droit de l’Enfant et de la Femme(REFEDEF) Réseau de Protection de Défenseur de Droit de l’Homme(RPDDH), Réseau jeune dans le monde pour la paix(RJMP), Observatoire congolais pour le Droit de l’Homme(OCDH),Mouvement pour le développement intégral(MDI).
Par GKM