Manifestement engagés aux côtés de Joseph Kabila et de sa famille politique : La CENI et son bureau perdent leur indépendance supposée
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Cela étant, on peut se demander à juste titre si la présence des délégués de l’Opposition qui y siègent est toujours justifiée…
« C’est impossible d’organiser les élections cette année, mais nous devons évaluer avec le Gouvernement et le Conseil national de suivi de l’Accord et du processus électoral comme le dit l’Accord de la Saint Sylvestre avant de prendre une décision d’extension », telle est la phrase lancinante lancée vendredi 7 juillet 2017 par Corneille Nangaa au siège de l’Organisation internationale de la Francophonie à Paris, pour annoncer à la face du monde que les Congolais attendront encore longtemps les élections qu’ils appellent de tous leurs vœux.
Le président du bureau de la Commission électorale indépendante nationale (CENI) n’a fait que répondre à haute voix au vœu longtemps exprimé à voix basse par la Majorité présidentielle qui a été à l’origine de plusieurs manœuvres de sabotage dont la plus manquante aura été sans nul doute le refus de disponibiliser les moyens d’organiser les élections avant la fin du deuxième et dernier mandat de Joseph Kabila à la Présidence de la République et aussi les obstacles créés par elle en vue d’empêcher la mise en œuvre de l’Accord ayant couronné les pourparlers politiques directs tenus en décembre 2016 au Centre interdiocésain à Kinshasa sous la médiation de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO).
En vue de créer la diversion au sein de l’opinion nationale et internationale et sans nul doute aussi pour préparer celle-ci à ce qui allait se passer plus tard dans la même perspective du sabotage systématique qui avantage au plus haut point la Majorité au pouvoir, un baron du régime en la personne de Léonard She Okitundu, ministre en charge des Affaires étrangères, réagissant quelques instants après l’annonce faite par le Président du bureau de la CENI, a jugé réaliste et responsable l’initiative et le contenu du message de ce dernier avant d’ajouter que ce qui retarde le processus électoral en RDC c’est la situation ayant prévalu dans le Grand Kasaï.
Sur la même lancée, le Président Joseph Kabila avait parlé déjà de ce problème dans un passée récent, la dernière prestation en date a été au cours d’une interview largement diffusée par le magazine allemand Der Spiegel qui rapporte ses propos ci-dessous : « Il revient à la Commission électorale d’organiser les élections dans ce pays, chose que beaucoup oublient. Nous avons une commission indépendante qui, selon notre constitution, a le mandat d’organiser les élections ».
Ils doivent démissionner
C’est au nom de cette indépendance de la CENI que cette structure agit pour ouvrir sa « coopération » intéressée avec la Majorité présidentielle. C’est au nom de la Constitution que le pouvoir en place prétend n’être pas en mesure de dénoncer à la face du monde les défaillances susceptibles de retarder la tenue des élections conformément à un calendrier précis, mais dans quelle mesure tout cela est-il vrai ?
Les faits vécus au quotidien depuis bien longtemps avant la fin du dernier mandat de Joseph Kabila fixée au 19 décembre 2016 indiquent que la CENI et son bureau piloté par Corneille Nangaa sont défensivement engagés aux côtés du précité et des membres de sa famille politique qui s’apprêtent à rempiler massivement lors des élections législatives nationales, provinciales et locales qui viennent d’être reportées de façon unilatérale pour des raisons évidentes.
En effet, des personnalités politiques ayant des entrées faciles et protégées dans les allées du pouvoir et de la Centrale électorale affirment déterminer l’information de première main selon laquelle les élections ne pourront pas être tenues en RDC avant trois ans.
Et encore, par le biais des stratagèmes politiques déjà mis en route, Joseph Kabila pourrait ainsi obtenir un troisième mandat que la Constitution en cours de validité lui refuse. Mais on compte sur un référendum dont la pré campagne aurait déjà commencé dans certaines régions du pays qui reçoivent régulièrement des messagers et directives précises de Kinshasa.
La conclusion de tout ce qui précède est bien simple : manifestement engagés aux côté du pouvoir en place, la CENI et son bureau perdent leur indépendance supposée et leur prétendue neutralité. Cela étant, les Congolais sont en droit de se demander à juste titre si la présence des délégués des forces politiques et sociales acquises au changement qui siègent dans ce bureau est justifiée jusqu’à présent.
Le bon sens devrait pousser les représentants de l’Opposition qui siègent au sein de ce bureau à démissionner pour ne pas cautionner la démarche anti-démocratique de la Majorité présidentielle déterminée à aller jusqu’au bout de sa démarche en faisant flèche de tout bois.
Par Bamporiki Chamira