La RDC de nouveau dans l’incertitude : Nangaa donne le coup de grâce à l’Accord de la CENCO
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Il a déclaré son impossibilité d’organiser les élections présidentielle, législatives et locales avant le 31 décembre 2017, conformément à la convenance consensuelle trouvée sous l’égide de l’Episcopat
Décidément, il ne restait que Corneille Nangaa Yobeluo pour achever l’Accord politique signé le 31 décembre 2016 qui a eu le mérite d’atténuer la vive tension observée avant cette date qui coïncidait avec la fin du second et dernier mandat de Joseph Kabila.
Devenu source de légitimité de toutes les institutions politiques, cet Accord est utilisé à sa guise par la Majorité présidentielle appuyée dans ce suicide par les dissidents du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement et d’autres zélateurs du glissement en apportant leur caution au tripatouillage de l’Arrangement particulier.
Le Président de la Commission électorale indépendante vient clairement de jouer sa partition avec sa déclaration faite le vendredi 7 juillet au cours de la séance de travail au siège de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à Paris. Corneille Nangaa, à en croire plusieurs médias occidentaux présents dans la capitale de la France, a indiqué « qu’il était impossible de tenir les élections avant la fin de l’année » comme le recommande l’Accord politique signé au centre interdiocésain à la veille de 2017.
Aucune explication ne suit pour justifier cette prise de position signifiée de la même manière par différents médias. Mais le Président de la CENI est depuis plusieurs jours sur cette piste. Avant la date du 30 juin qui n’a pas donné lieu à l’organisation des manifestations d’éveil de la conscience à travers curieusement l’ensemble du territoire national, Corneille Nangaa qui a eu l’occasion de s’entretenir avec un groupe de journalistes en session de formation sur le traitement de l’information électorale n’a malheureusement pas répondu à leur préoccupation majeure, celle de savoir si la tenue des scrutins prévus avant le 31 décembre 2017 est encore possible.
Le président de la CENI était resté évasif sans répondre clairement aux questions soulevées par les apprenants en rapport avec l’organisation des élections dans le délai convenu sous l’égide des princes de l’Eglise catholique de la RDC. Néanmoins, certains avaient déjà bien pénétré la pensée du successeur de l’Abbé Apollinaire Malumalu Muholongu.
Surtout que les autres membres du Bureau de la CENI laissaient entendre pendant la même période à travers des médias suivis à Kinshasa l’impossibilité de disponibiliser le fichier électoral à la date du 31 juillet. En scandant « attendre le fichier ce 31 juillet, serait un leurre », les ténors de la Centrale électorale préparaient déjà l’opinion à la perturbation du processus électoral.
Aujourd’hui, la déclaration de Corneille Nangaa faite très loin de la RDC est à mettre dans le même cadre d’un ballon d’essai. Plusieurs partis de l’Opposition et des personnalités de la société civile en appellent grandement à l’exhibition du fichier électoral. Sentant la moutarde remontée, la CENI croit se dédouaner à travers toutes les prises de position par rapport au fichier électoral, sans lequel les élections sont quasi impossibles.
A l’UDPS, on a vite réagi à la grave déclaration faite par Nangaa et à ses conséquences néfastes sur la suite du processus électoral. Lors de la matinée politique tenue le samedi 8 juillet à Limete, le porte-parole du parti a dit toute sa désapprobation à ce qu’il considère comme une provocation de Corneille Nangaa qui, selon lui, fait le jeu de sa famille politique qui n’est autre que la Majorité présidentielle reconstituée avec le retour de plusieurs de ses membres au bercail. Augustin Kabuya a invité « les combattants à s’enrôler massivement pour déjouer le piège tendu à l’opposition de ne pas s’enrôler et de se retrouver devant un fait accompli ».
Ce qui se passe dans les bureaux d’enrôlement à l’étape de Kinshasa laisse entrevoir une manœuvre concoctée pour décourager les électeurs. Les foules se trouvent devant des agents apparemment moins rodés, sans outils de référence du genre des ouvrages avec toutes les données utiles sur la nouvelle configuration territoriale. On passe le temps à chercher à savoir dans quelle province se trouve telle entité politico-administrative pendant qu’une seule machine de capture est disponible pour une, foule qui tient à remplir son devoir civique.
Un ténor de la LUCHA (Lutte pour le Changement) a exprimé aussi sa réprobation contre la déclaration de Nangaa. Surtout que le président de la CENI se trouve à l’étranger avec le ministre des Affaires étrangères qui sollicite des financements pendant qu’auparavant le gouvernement congolais avait clamé l’inutilité de l’aide extérieure au nom de la souveraineté.
De son côté, le député national Claudel André Lubaya a rejeté l’annonce faite par Nangaa sans évaluation préalable avec toutes les parties prenantes à l’Accord politique du 31 décembre 2016. Pour l’élu de Kananga qui est en même temps Président du parti politique dénommé UDA/Originelle, Nangaa doit tirer les conséquences de sa déclaration en démissionnant avec tous les membres du bureau « pour obstruction avérée du processus électoral ».
Il a aussi invité, en se confiant à 7sur7.cd, « le Président de la République à se retirer de la gestion des affaires publiques pour n’avoir pas tenu les élections dans le délai, afin de permettre la mise en place d’un mécanisme transitoire de 90 à 120 jours, à même de préparer les élections et d’assurer le transfert démocratique du pouvoir d’Etat avant ou au plus tard le 31 décembre 2017, en conformité avec l’esprit et la lettre de l’Accord de la Saint Sylvestre ».
La déclaration de Nangaa réconforte davantage la MP (Majorité présidentielle) qui tient à la tenue des élections au delà de 2018. Un tel schéma a été entendu lors de la réunion de prise de contact pour la mise sur pied du CNSA, sur base de l’Arrangement particulier taillé sur mesure, si pas confectionné sur base de l’agenda du parti au pouvoir.
Par MKM