Hier au centre ville de Kinshasa : Des tirs nourris contre les «Shegués» ont paralysé les activités
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Selon le porte-parole de la PNC, des hommes en uniforme dispersaient des Enfants de la rue qui s’étaient mis à attaquer les paisibles citoyens sur le tronçon compris entre le port fluvial de la SCTP et le rond-point Forescom
Des tirs nourris à l’arme légère ont paralysé momentanément les activités commerciales hier mercredi 5 juillet 2017 pendant plusieurs heures dans le centre des affaires de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo.
Selon le colonel Pierrot Muanamputu, porte-parole de la Police nationale congolaise (PNC), le but de ces balles tirées en l’air par la police était de disperser des délinquants appelés communément par les kinois «Shegués» (Enfants de la rue) qui s’étaient mis à attaquer les paisibles citoyens sur le tronçon compris entre le port fluvial de la Société Commerciale des Transports et des Ports(SCTP) ex-Onatra et le rond-point Forescom.
Des témoins qui exercent leurs petits commerces dans ce quartier ont confirmé que ces détonations qui avaient commencé dans la matinée d’hier mercredi vers 9heures, n’avaient duré que près de trente minutes et ont suscité la panique générale, occasionnant ainsi la fermeture des bureaux et magasins, la perturbation totale de la circulation…
C’est grâce aux tirs nourris des éléments de la police et des militaires de la Garde républicaine déployés au port de l’ex-Onatra que ces délinquants se sont retranchés et le calme est revenu.
Il convient de signaler que c’est dans ce secteur du quartier huppé de la Gombe que se situent notamment l’ambassade des États-Unis, des banques commerciales et plusieurs boutiques de vêtements de luxe. Le siège de l’Agence nationale des renseignements (ANR) se trouve également à une centaine de mètres, sans compter plusieurs bureaux de change installés sur l’avenue Lukusa.
En un clin d’œil, toute la ville de Kinshasa a été tenue en alerte. De Lemba, Limete, Victoire ou Kintambo/Magasin, il était difficile de gagner le centre-ville, faute de moyens de transport. Des taximen évitaient à tout prix ce trajet, pour des raisons de sécurité.
Bien des personnes ont dû annuler leurs rendez-vous pris au centre-ville, préférant observer de loin la situation. Avec cette psychose qui règne, depuis un temps, dans le pays, plusieurs Congolais ont fait des commentaires divers sur cette situation. Pourtant, il n’était question de calmer les ardeurs des enfants de la rue. Aucun rapport avec les agents de l’ex Onatra, en grève depuis quelques semaines, réclamant six mois d’arriérés de salaire.
Une autre opinion a soutenu que le siège de l’ANR aurait été attaqué, ce qui n’est pas juste. Finalement, le calme est revenu peu avant midi, et la circulation a repris normalement, malgré que quelques chauffeurs de taxis et taxis-bus étaient encore hésitants.
Sécurité renforcée… juste pour traquer les enfants de la rue ?
Un imposant et impressionnant dispositif sécuritaire était constaté hier pendant lesdits évènements, au centre-ville de Kinshasa. Vers le Pullman Hôtel, non loin de Faden House, des lance-roquettes étaient positionnées comme si le pays était en guerre. Même décor du côté de la Première zone de défense située sur l’avenue Haut Commandement où des éléments des Fardc et de la Garde Républicaine étaient en alerte.
De même qu’à Matete où tous les endroits stratégiques ont été inondés d’hommes en uniforme, voire devant la paroisse Saint Alphonse. L’opinion se demande, tout ce déploiement n’était que pour traquer un groupe de Shégués armés de machettes ?
Des détonations qui font penser aux événements de Kalamu
Depuis près de deux mois, les attaques des commissariats de police, des lieux de détention et des prisons, par des personnes non identifiées, sont fréquentes en République Démocratique du Congo. La dernière en date est celle du commissariat de la police et du parquet de Kalamu, en pleine journée, qui a causé la mort d’un policier et trois autres blessés.
Le bilan s’est alourdi quelques jours plus tard avec le décès d’un des gardes du corps du bourgmestre de Kalamu, atteint d’une balle lors de cette opération, qui a succombé à ses blessures. On note également des cas d’évasion, sans pour autant préciser le nombre de détenus qui se sont évaporés dans la nature.
Par Thony Kambila et Lefils Matady