Corneille Nangaa, secrétaire exécutif de la Commission électorale nationale indépendante que les confessions religieuses, sauf les Catholiques, proposent pour succéder à Apollinaire Malumalu. Photo CENI

La fin annoncée du deuxième mandat constitutionnel du président de la République a amené les stratèges de la Majorité présidentielle à faire de l’indépendance et de la souveraineté nationale les chevaux de bataille des compatriotes déterminés à bâillonner les Etats du monde libre sur un troisième mandat à octroyer à Joseph Kabila en violation flagrante de la Constitution toujours en vigueur dans son pays !

Revenu comme une véritable rengaine dans tous les discours des officiels et des propagandistes du régime qui accèdent facilement aux radios et télévisions d’Etat, le discours défendant la thèse selon laquelle l’indépendance et la souveraineté de la RDC ne sont pas négociables, s’est déplacé pour joindre les tribunes extérieures où des Etats négocient des contrats d’aide au développement international !

Or, en acceptant volontiers l’intervention financière bilatérale ou multilatérale des gouvernements tiers au profit du développement de leurs pays, les Etats acceptent également volontiers d’aliéner partiellement ou totalement leur indépendance et leur souveraineté. Il s’agit-là d’une condition immuable qui s’impose à eux en échange de l’aide à obtenir !

Pays fortement endetté, laminé par des difficultés financières et politiques chroniques, la RDC ne peut en aucune façon se passer de l’aide internationale dans différents domaines : financement des réformes en vue d’un renforcement des capacités opérationnelles et techniques des secteurs productifs de l’économie ; financement du processus électoral en cours ; financement des campagnes à mener contre l’endémie du Sida, la fièvre hémorragique d’Ebola ; la fièvre jaune ; le financement des ouvrages hydroélectriques en vue de réduire le déficit énergétique actuellement à la base de l’inertie constatée dans le domaine industriel ; le financement des projets à caractère social, etc…

Curieux retournement de veste

Dans l’impossibilité de réunir les moyens de sa politique pour réduire la fracture sociale aux accents politiques très menaçants pour le régime au pouvoir, celui-ci est obligé de reconsidérer la position qui le confine dans les chimères d’une indépendance et d’une souveraineté sans contenu qui l’exposeraient à la longue à une vindicte populaire aux conséquences imprévisibles.

Ainsi, sans tambours ni trompettes, le régime autocratique du Kinshasa s’est timidement ravisé et le voilà prendre le chemin de l’occident pour obtenir ce que l’indépendance et la souveraineté nationale n’a pu lui donner en acceptant d’aller à « Conossa » comme le fit, en son temps (en 1077), l’empereur germanique Henri IV, excommunié, vint s’y humilier devant le pape Grégoire VII.

En effet, des informations des sources indépendantes livrées hier mercredi 5 juillet 2017 par des médias nationaux et étrangers desservant la capitale de la RDC, signalent la présence de Shé Okitundu, vice-premier ministre en charge des Affaires étrangères, sur la route de Bruxelles, pour des contacts qualifiés d’« utiles » avec l’Union européenne tandis que Corneille Nangaa, président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), est annoncé à Paris pour une éventuelle aide financière en vue de tenir les élections crédibles à terme échu dans ce pays.

Curieux retournement de veste tout de même quand on sait que pour le régime autocratique de Kinshasa, l’indépendance et la souveraineté de la RDC ne sont pas négociables.

Par Bamporiki Chamira