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Maman Mbudi : « Nous faisons un travail noble tout en étant pauvres » :

La Tempête des Tropiques Page de la Femme SOCIETE

Maman Mbudi : « Nous faisons un travail noble tout en étant pauvres » :

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Mme Mireille Lumueno Mbudi, plus connue sous son nom de scène « Maman Mbudi », s’est lancée dans le théâtre depuis 2005 en intégrant le groupe Afrik’Arts de Rock Bokabela Bodo dont les pièces sont diffusées chaque mercredi à 21h00’ et rédiffusées samedi à 8h sur une chaîne de télévision émettant à Kinshasa.

Actuellement, elle est cheftaine de ce groupe théâtral qui l’a fait connaître du grand public. Grâce à son talent, « Maman Mbudi » a su marquer le monde de théâtre et incarner plusieurs personnages. La jeune dame rassure qu’elle continuera à travailler toujours mieux parce qu’elle espère en un lendemain meilleur pour le métier de son cœur.

Ayant commencé son métier sur le tas, l’artiste-comédienne s’est fait inscrire à l’Institut National des Arts (INA) pour décrocher, à la fin, un diplôme de licence en Interprétation dramatique, en 2010. Malgré le découragement de certaines personnes qualifiant les comédiennes des femmes legères, elle n’a pas pu étouffer le talent d’artiste qui était caché en elle.

Trezième de sa famille, Mme Mireille Lumueno est également chantre et passionnée de la musique quand bien même elle a été obligée d’abandonner la musique, pour un temps, afin de se consacrer entièrement au théâtre. Ironie du sort, la comédienne qui a adopté son post-nom comme celui de scène, habite également à Mbudi, un des quartiers de la commune de Mont-Ngafula.

La Tempête des Tropiques : Qu’est-ce qui vous a amenée dans le monde de théâtre ? Est-ce le vedettariat ?

Maman Mbudi : Je dis toujours que l’art est inné en moi. Même si je suis allée à l’INA, c’était juste pour ajouter la science et la technique. Je dirais que c’est le sang qui m’a amenée dans le théâtre puisque l’art est dans mon sang. Personnellement, je ne me suis pas retrouvée dans le cinéma ou le théâtre pour le vedettariat, moins encore pour devenir une star, mais plutôt pour travailler parce que c’est mon travail. Franchement, je ne voyais même pas le vedettariat, et je ne savais pas non plus qu’après demain, je serais une vedette.

LTDT : Avez-vous bénéficié du soutien de votre famille ?

: Le début a toujours été difficile. Par contre, pour moi, je n’avais dit à personne que je faisais le théâtre. Je l’ai caché à tout le monde au moment où mon frère aîné, alors mon tuteur, voulait faire de moi un médecin. C’était une surprise pour ma famille de me voir à la télé, surtout notre aîné qui s’était étonné en s’exprimant « pourquoi étouffer un tel talent? ». C’est d’ailleurs lui qui m’a encouragée à poursuivre mes études universitaires dans le but de me perfectionner davantage.

LTDT : S’il vous était demandé de faire un autre métier, vous choisiriez lequel ?

MB : Je ne sais pas si j’y arriverais parce que j’adore ce métier. La raison principale de mon amour pour ce que je fais, demeure mon indépendance. Je ne suis pas sous les ordres de quelqu’un, en plus je garde ma liberté de mouvement. C’est vrai que sur scène, je suis sous les ordres de mon metteur en scène, mais de fois, il te laisse le champ libre pour t’exploser. Il peut également utiliser ce que tu lui donnes pour pouvoir le canaliser. S’il faut tout refaire, je resterais artiste.

LTDT : Vous étiez d’abord chantre avant de devenir comédienne. Pouvez-vous nous expliquer cette mutation ?

MB : Il est vrai que j’étais d’abord chantre parce que j’adore la musique. Dès l’enfance, j’ai commencé par la chorale à l’Eglise Catholique. J’ai chanté notamment dans le groupe de l’Eglise « Le Rocher des Anges », ensuite dans le grand cœur du groupe « Adorons l’Eternel ». J’avais fait une pause lorsque j’ai embrassé le théâtre parce que j’étais dans mes débuts, et il m’a été difficile de pouvoir suivre deux lièvres à la fois.

Maintenant que j’ai la maîtrise du théâtre, j’avais déjà repris avec les répétitions au sein de mon actuel groupe musical piloté par le frère Jimmy. Pour dire qu’aujourd’hui, je combine le théâtre et la musique sans aucun problème. Quant à la mutation, je dirais tout simplement que tous les deux, c’est de l’art.

LTDT : Qu’est-ce que vous n’aimez pas dans votre métier ?

MB : Je déteste l’étiquette de « fille légère » qu’on nous colle, les femmes de théâtre et de média. Je ne pense pas que pour devenir une prostituée, vous devez impérativement vous retrouver dans le théâtre, par exemple. Partout où se trouve la personne, elle peut se prostituer. Question de dire que nous ne sommes pas ce qu’on pense de nous.

LTDT : Quelles sont les difficultés rencontrées ?

MB : Dans toute profession, les difficultés ne manquent pas. Nous faisons un travail noble tout en étant pauvres. En plus, notre métier n’est pas reconnu au ministère du Travail comme un véritable travail. Par conséquent, nous vivons moyennant des cachets qui devraient être reconnus normalement au niveau de ce ministère. Mais tel n’est pas le cas.

Ainsi, un producteur ou un sponsor qui sollicite notre service, nous propose tout ce qu’il veut comme argent. C’est à prendre ou à laisser. Une autre difficulté est que présentement, tout le monde veut devenir vedette et certains sollicitent même de travailler gratuitement dans un spot publicitaire.

Allez-y comprendre qu’ils vont prendre ceux qui veulent travailler gratuitement au détriment de nous autres, surtout si nous boudons le cachet proposé. Je vous assure que ce genre de comportement nous rend malades. C’est un problème difficile à surmonter avec tout ce que nous connaissons comme crise financière dans notre pays.

LTDT : Comment gerez-vous ces préjugés négatifs ?

MB : Il faut avoir reçu une bonne éducation et instruction pour savoir gérer tout cela. L’essentiel est de bien se comporter et savoir se concentrer sur ses objectifs.

LTDT : Est-ce qu’il vous arrive de refuser certains rôles ?

MB : C’est impossible parce que je ne sais pas pourquoi est-ce que le metteur en scène veut me confier tel ou tel autre rôle. Peut-être qu’il a trouvé une qualité en moi et compte le ressortir en m’attribuant un personnage donné. Je ne refuse pas un rôle puisque je ne fais que rendre ce qu’on me demande. Je n’ai pas non plus de preférence par rapport à un rôle.

En outre, tout ce que je fais me marque étant donné que j’ajoute toujours un plus. Quand je suis sur scène, je fais de mon mieux pour donner le meilleur de moi-même comme si je mourrais demain. C’est un conseil que je prodigue à tous nos artistes du groupe.

LTDT : Vous écrivez également des scenarios, pouvons-nous savoir votre source d’inspiration ?

MB : Personnellement, la nature m’inspire ainsi que Dieu qui est le maître inspirateur. A partir d’une discussion, je peux en faire toute une histoire digne d’une pièce de théâtre. C’est difficile à expliquer, mais je peux également recevoir une inspiration dans un rêve.

LTDT : Vos œuvres sont piratées, quelles sont les actions menées par votre Association ?

MB : Notre Association, dirigée par le président Masumu, avait appréhendé dans la commune de Barumbu, un monsieur qui pirate nos œuvres à Kinshasa. Si je ne me trompe pas, il a été arrêté et incarcéré à la Pison central de Makala en 2014. Curieusement, l’homme a recouvré sa liberté après quelques semaines et continue son boulot. Que pouvons-nous faire d’autres ?

Propos recueillis par TANTIA SAKATA

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