Dévaluation du franc congolais : casse-tête pour les parents d’élèves
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Suite à la dévaluation du franc congolais, le Gouvernement congolais est appelé à prendre des mesures urgentes pour mettre les parents d’élèves à l’abri des chefs d’établissements scolaires qui indexent le minerval au dollar. S’appuyant sur cette dévaluation continue et souvent imprévisible de la monnaie locale, plusieurs écoles réputées de Kinshasa font payer le minerval en dollar américain. Ainsi, à chaque fois qu’ils doivent payer les frais pour leurs enfants, les parents n’ont qu’à s’informer sur le taux de change du jour, généralement dicté par la rue !
Cette pratique des écoles de Kinshasa de fixer le minerval en dollar américain, ne poserait aucun problème si les salaires des parents étaient payés et calculés sur la même base. C’est-à-dire en dollar et au taux du jour. Ce qui n’est jamais le cas. La situation met plutôt sur scène deux acteurs presqu’aux antipodes. D’un côté, des parents payés en franc congolais et de l’autre, des écoles qui exigent les frais en dollar et au taux reflétant la réalité dans les transactions.
Dès lors que des parents mensuellement payés en franc congolais et à un taux budgétaire callé doivent payer le minerval de leurs enfants au taux du jour, il se pose-là un vrai problème. Il faut avouer qu’au cours de l’année scolaire 2016-2017 qui s’achève, cette situation a été la cause de malentendus récurrents entre les parents et les comptables ou caissiers des écoles de leurs enfants. Normal, dans la mesure où les deux parties n’avaient pas souvent le même taux de change. Mais enfin de compte, c’est l’école qui impose la règle du jeu et l’emporte.
Le Gouvernement interpellé
Très bientôt, l’année scolaire 2016-2017 finit sa carrière. Arithmétiquement, il ne reste plus que treize jours calendrier pour clôturer l’année scolaire en cours, soit le traditionnel 2 juillet prochain. Mais déjà, certaines écoles de la capitale, précisément les écoles conventionnées catholiques, ont une idée des acomptes de la première tranche du minerval, à payer en dollar et au plus tard dans la première quinzaine du mois d’août prochain !
Entretemps, le franc congolais poursuit sa descente aux enfers. Personne ne peut dire, au jour d’aujourd’hui, ce que sera le taux de parité dans les jours à venir. Toutefois, l’expérience renseigne que chaque fois que le taux de change augmente, il n’a jamais baissé dans des proportions à même de contenter la population. Souvent, on assiste à une éphémère stabilité du franc congolais qui ne repose sur aucun paramètre économique fiable.
Maintenant que le taux de change oscille autour 1.510 francs congolais le dollar américain, aucune variable économique n’indique que le même taux sera observé au mois d’août prochain. Dans un contexte économique où le pays ne produit rien et importe tout, rien n’est donc plus rassurant.
Vive la vie au quotidien avec ses vicissitudes ! Cependant, les écoles catholiques, jouant à la prudence, préfèrent fixer les frais scolaires en dollar américain. Compte tenu des effets néfastes de la « dollarisation » à outrance du système économique en RD Congo, les parents ont le regard tourné vers le gouvernement national.
Ils attendent ainsi de l’Exécutif actuel des mesures urgentes à prendre dans certains secteurs n’ayant aucun lien direct avec le commerce transfrontalier. En l’occurrence, le secteur de l’Education. Selon certains parents, l’idée n’est pas d’imposer un montant fixe aux écoles privées et conventionnées, en termes de frais scolaires. Ce qui n’aurait pas de sens, dans la mesure où il s’agit des établissements privés.
Et donc, les parents ont le libre choix. Soit ils acceptent d’y inscrire leurs enfants, soit ils peuvent décider d’aller dans les écoles publiques. Néanmoins, les mêmes parents estiment que l’Etat, dans son rôle régalien, a le pouvoir d’obliger toutes les écoles à fixer le montant du minerval à payer en franc congolais.
Que ce soit cinq cent mille Franc congolais ou plus, cette politique a le mérite de faire d’un parent son propre comptable. Il sait ce qu’il a payé et ce qui lui reste. Dans ces conditions, les familles déjà asphyxiées sont mises à l’abri de sempiternelles fluctuations du fameux taux de change, auquel se réfèrent constamment les responsables d’écoles.
Par Thony Kambila