Enquête internationale sur le Kasaï: Kinshasa seul contre tous
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Le Conseil des Droits de l’homme des Nations-Unies se prononce avant la fin de cette semaine sur l’épineuse question
Le Conseil des Droits de l’homme des Nations Unies compte se prononcer avant la fin de cette semaine sur un projet de résolution en rapport avec l’envoi d’une mission d’enquête internationale au Kasaï en RDC où les actes d’une atrocité inimaginable ont été dénoncés. Cette épineuse question a été abordée à la 35ème session du Conseil le mardi 20 juin à Genève en Suisse.
La résolution va intervenir jeudi ou vendredi prochain après les différentes interventions le mardi dernier. Dans l’ensemble, une enquête internationale sur les drames enregistrés est voulue par plusieurs pays. Sauf la RDC qui s’acoquine à la poursuite de son enquête judiciaire à laquelle elle souhaite voir les experts onusiens se greffer.
A Genève, le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a réclamé une nouvelle fois l’ouverture d’une enquête internationale sur les violations graves des droits humains commises dans le Kasaï. Zeid Ra’ad Al Hussein a, sur base des témoignages à sa disposition, indiqué que certains éléments de l’Armée régulière ont été utilisés contre les civils dans plusieurs localités du Kasaï comme à Kamonia, près de Tshikapa, chef-lieu de la nouvelle province du Kasaï issue du démembrement de l’ex Kasaï Occidental.
Cette allégation débitée par le Haut-commissaire des Nations-Unies a été rejetée par la Représentante du pouvoir en place. Marie-Ange Mushobekwa a, en sa qualité de Ministre en charge des Droits humains, fait le déplacement de la Suisse où une forte délégation de la Société civile y séjourne aussi pour le même dossier.
Plaidant pour l’enquête internationale, Zeid Ra’ad Al Hussein a indiqué le bien-fondé de celle-ci en ce qu’elle est à même d’établir établir les faits, de déterminer les responsabilités individuelles et de favoriser la traduction des auteurs des atrocités devant les tribunaux. Le Haut-commissaire demeure également en contact avec la Cour pénale internationale (CPI).
Face au déferlement des violences de diverses natures, aux massacres à répétition et à la crise humanitaire qui a chassé plus de 1,3 million des Kasaïens sur les routes de l’exode, l’obstination de Kinshasa de refuser d’ouvrir les portes de son territoire à une commission d’enquête internationale indépendante risque de créer un bras de fer entre la RDC et l’ONU, notent les observateurs.
Paris pour une Résolution robuste sur les violences au Kasaï
De son coté, la France souhaite une Résolution « robuste » sur les violences dans les Kasaï à l’issue de la 35ème session des droits de l’homme à Genève. Pour le gouvernement français, certaines violences dans les Kasaï pourraient constituer des crimes de guerre.
« La France a, en outre, souhaité qu’une résolution robuste soit adoptée à cette session du Conseil autorisant l’envoi d’une enquête internationale pour faire toute la lumière sur les violations graves, notamment sur l’existence de plus de 40 fosses communes, en coopération avec les procédures initiées par les autorités congolaises», dit le compte rendu final de la journée du mardi 20 juin.
Auparavant, le porte-parole du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères a désapprouvé les massacres perpétrés dans l’espace kasaïen depuis le mois d’août et les violations des Droits de l’homme enregistrés à plusieurs endroits dans cette partie de la RDC. Pour lui, il est impératif que toute la lumière soit faite par le truchement d’une mission d’enquête mise en place par le Conseil des Droits de l’homme de l’ONU en collaboration avec les autorités congolaises.
Pour sa part, l’Allemagne a condamné l’usage excessif de la force contre la population civile, le recrutement d’enfants et la destruction des écoles. Le rapport établi par l’Eglise catholique en circulation depuis le mardi 20 juin donne à ce propos le nombre d’écoles, de séminaires et de paroisses détruits à la suite de l’insécurité ayant pris corps dans le territoire de Dibaya avant de s’étendre aux territoires environnant et même lointains.
Ces deux pays de l’Europe ne sont pas les seuls à avoir réclamé une enquête internationale. Les Américains ne sont pas en reste. Sur place au pays, les partis politiques de l’opposition et des ONGDH crédibles n’arrêtent d’exiger la mise sur pied d’une équipe pour investiguer sur les déplorables exactions perpétrées au centre de la RDC.
Les personnalités de la MP ne sont pas de cet avis en comptant sur l’expertise des Magistrats qu’elles considèrent capables de mener les enquêtes déjà entamées.
Par Godé Kalonji