Construction du barrage INGA 3 Base Chute : CASC fustige l’opacité du marché
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Dans un communiqué conjoint, les organisations de la société civile disent non à l’endettement à hauteur de 14 milliards de dollars pour exporter le courant vers l’Afrique du Sud
En référence au communiqué diffusé par l’ADPI en date du 13 juin 2017, annonçant la passation du marché de construction du barrage d’INGA 3 Base Chute, avec des consortiums sino-espagnols pour le développement du projet, les organisations et mouvements de la société civile regroupés au sein du Collectif d’Actions de la société civile (CASC) dénonce ce marché dont le contours demeure flou.
Dans leur communiqué daté du 20 juin 2017, ces organisations estiment qu’un gouvernement issu d’un accord politique expédiant des affaires courantes ne peut engager le pays dans un accord aussi important. Ces organisations disent non à l’endettement à hauteur de 14 milliards de dollars pour exporter le courant vers l’Afrique du Sud.
Pour le CASC, ce projet engage le pays sur un endettement énorme ramenant sur l’expérience d’éléphants blancs de la RDC dont les barrages d’Inga.
Selon ces organisations, ce marché est basé sur l’expérience au niveau international et à Inga. Aucun barrage ne peut produire le courant à hauteur de 100% selon les prévisions. Or le gouvernement s’est déjà engagé avec l’Afrique du Sud pour l’exportation de 40% de la production d’Inga 3.
Elles notent que dans ce marché, il y a violation répétitive des droits des communautés locales d’Inga sans réparation des préjudices causés depuis le premier barrage et rien ne garantit le respect de leurs droits à ce stade. Il est également constaté dans ce contrat l’absence d’études d’impact environnemental et social qui ne sont pas encore menées à ce jour. Et pourtant, c’est un préalable très important pour le développement d’un projet d’aussi grande envergure.
La construction de Inga 3 n’est encrée ni dans un programme stratégique national ni dans une politique nationale régissant le secteur de l’énergie.
L’opacité totale et le manque de transparence
Les organisations de la société civile signataires de ce communiqué conjoint déplorent le chevauchement entre la mission assignée à l’ADPI et celle du ministère de l’Energie et fustige l’opacité totale, le manque de transparence et de recevabilité face à la société civile et aux citoyens congolais en général dans le développement du projet Inga 3 dans le cadre de ce contrat.
« La mégestion des ressources dans le secteur énergétique, cas de l’exportation du courant vers le Congo Brazzaville, suivi d’un détournement flagrant. La gouvernance actuelle ne rassure nullement l’appropriation des principes de la bonne gouvernance pour s’engager dans un tel contrat d’enjeux central pour l’avenir du pays ; un tel endettement ne favoriserait aucunement le développement durable de ce dernier en termes de contribution à la lutte contre la pauvreté.
La complicité constatée entre les deux gouvernements au moment où l’Afrique du Sud joue un rôle très ambigu dans la consolidation de la démocratie, de la bonne gouvernance et de l’Etat de droit en RD Congo ; L’implication d’un proche des gouvernants actuels, partie prenante dans les entreprises qui négocient ce marché, risque de déboucher sur un contrat léonin, a fustigé le CASC.
Le Collectif d’Actions de la Société Civile exige l’arrêt immédiat des démarches en cours.
Pour le CASC, il y a l’incertitude de la distribution du courant aux Congolais qui sont à 15% d’accès dans les centres urbains et 1% dans les milieux ruraux malgré le potentiel que regorge le pays pour le développement des micro-barrages, des centrales solaires etc.
L’inexistence à ce jour d’un Programme Stratégique National régissant le secteur de l’énergie en RDC est une preuve de l’absence d’une politique énergétique clairement définie, d’où nous naviguons à vue et cela pourrait causer des catastrophes ingérables pour les générations futures, note CASC.
Les Organisations membres du CASC signataires de ce communiqué conjoint sont, entre autres, ACAJ (Association Congolaise pour l’Accès à la Justice), AETA (Agir pour les Elections Transparentes et Apaisées), Compte à Rebours, FCE (Forum National Climat Energie), FESO, FORUM (Défi) MICHEE, IDEL (Initiative pour le Développement Local),IDGPA (Institut pour la Gouvernance Démocratique et la Paix en Afrique),Il est temps, Le Chemin de la Paix, Les Amis de Nelson Mandela, la LUCHA (Lutte pour le Changement), MEROU, Mouvement Peuple RDC,REMERD RDC (Rescapés de la Médiocrité en RD Congo), SOFFLECO (Solidarité des Femmes du Fleuve Congo),UJCC (Union des Jeunes Congolais pour le Changement) et la VSV (La Voix des Sans Voix).