Un document publié par la Nonciature apostolique en RDC présente un bilan de plus de 3300 morts, 60 paroisses, 31 centres de santé catholiques, 34 maisons religieuses, et 141 écoles endommagés ou fermés, suite à ces violences meurtrières

L’Eglise catholique, par la voix du Nonce apostolique en République Démocratique du Congo, vient de lever le voile sur l’horreur qui se déroule dans les provinces du Kasaï, suite aux violences meurtrières qui secouent cette région de la RDC depuis septembre 2016. Cette Eglise brandit un bilan qui frise le génocide, soit 3.383 décès  enregistrés au Kasaï depuis le 13 octobre 2016, alors que l’ONU avançait jusqu’à présent un bilan estimé à environ 400 morts.

La révélation faite par l’Eglise catholique sur ces atrocités impliquant aussi bien les miliciens Kamuina Nsapu que les Forces Armées de la République Démocratiques du Congo (FARDC) et dont les principales victimes se trouvent être malheureusement les populations civiles est contenue dans une note technique de la Nonciature apostolique en RDC datée du 19 juin 2017.

Ce document détaillé élaboré sur base « des rapports ecclésiastiques sûrs » sera probablement mis à la disposition de M. Adama Dieng, conseiller spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour la prévention du génocide, qui séjourne à Kinshasa depuis le lundi 19 juin 2017, dans le cadre d’une mission de six jours.

L’objectif de sa mission est « de mieux comprendre l’évolution de la situation préoccupante dans les provinces du Kasaï et autres », à en croire un communiqué publié à ce sujet par la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo (MONUSCO).

Tout porte à croire que le document publié par l’Eglise catholique sera mis à la disposition du conseiller spécial du Secrétaire Général de l’ONU pour la prévention du génocide. Car, durant son séjour, M. Dieng rencontrera les autorités gouvernementales, la société civile, les autorités religieuses,  l’équipe-pays des Nations Unies et la Monusco.
Après Kinshasa, l’émissaire d’Antonio Guterres doit aussi se rendre sur le terrain, notamment à Kananga, chef-lieu de la province du Kasaï Central, et à Tshikapa, capitale de la province du Kasaï, avant de conclure sa visite en RDC samedi par une conférence de presse au quartier général de la Monusco.

La note technique de la Nonciature Apostolique en RDC présente « un résumé des dommages subis par les institutions ecclésiastiques, à partir du 13 octobre 2016, date de la première attaque d’une paroisse », ajoutant que les données fournies ne sont pas exhaustives.

Le document révèle aussi que « plusieurs structures ecclésiastiques sont endommagées ou fermées. Il s’agit notamment de 60 paroisses, 34 maisons religieuses, 31 centres de santé catholiques, 141 écoles catholiques, cinq séminaires, et  un évêché détruit. La note que l’Eglise catholique entend remettre au conseiller spécial du Secrétaire Général de l’ONU indique par ailleurs que « 20 villages ont été complètement détruits dont 10 par les FARDC, 4 par les miliciens, et 6 par des auteurs inconnus ».

Concernant la présence des fosses communes dans la région, le document de la Nonciature apostolique en RDC fait état de 30 fosses communes, tandis que l’ONU parle de son côté de 42 fosses communes. Pour rappel, les violences meurtrières qui secouent les provinces du Kasaï depuis septembre 2016, suite aux affrontements entre miliciens Kamuina Nsapu et l’Armée régulière (FARDC) ont aussi causé le déplacement d’environ 1,3 millions personnes dont plus de 20.000 sont actuellement refugiés en Angola.

Ces violences ont également coûté la vie, dans des circonstances demeurées floues jusqu’à présent, à deux experts onusiens (un Américain et une Suédoise) qui étaient entrain d’enquêter dans la région.

Par DMK