Commémoration de la Journée de l’Enfant africain 2017 à Kinshasa : Présentation du plan d’actions national pour mettre fin au mariage d’enfants en RDC
Partager
La ministre du Genre, Enfant et Famille, Mme Chantal Safu, a présidé vendredi 16 juin dans la salle de conférence internationale du ministère des Affaires étrangères à Kinshasa la cérémonie commémorative de la Journée internationale de l’Enfant africain 2017.
Le thème retenu cette année par l’Union africaine pour commémorer cette journée est « Accélérer la protection, l’autonomisation et l’égalité de chances pour les enfants africains d’ici 2030 ». Le thème national de cette journée en RDC pour 2017 est « Combattre la malnutrition chronique ».
Deux temps forts ont marqué cette cérémonie commémorative. Il y a eu d’abord la présentation du plan d’actions national pour mettre fin au mariage d’enfants en RDC par deux experts. Il y a eu ensuite le lancement officiel par la ministre du Genre, Enfant et Famille de la quinzaine des droits de l’enfant qui va du 16 juin au 2 juillet 2017 et qui est consacrée à la lutte contre la malnutrition chronique.
Réduire de 20% le taux de mariages d’enfants en RDC d’ici 2011
Les professeurs Raoul Kienge Kienge et Sara Liwerant ont, à cette occasion, présenté un résumé succinct du plan d’actions national pour mettre fin au mariage d’enfants en RDC. Il s’agit d’un plan qui couvre la période 2017-2021 et qui vise à assurer une meilleure protection des enfants et à réduire de 20% leur engagement dans des unions conjugales précoces (avant 18 ans) pendant cette période.
Ce plan prévoit de faire ce qui suit pendant 5 ans : appuyer, accompagner et former les enfants en situation difficile et de risque et engagés dans des unions conjugales ; améliorer l’accès et la qualité des services sociaux en faveur des enfants en situation difficile et de risque ; sensibiliser les enfants, les familles, les autorités coutumières et autres leaders communautaires aux conséquences de l’engagement précoce en union conjugale et à la perception culturelle de la fille.
Il s’agira aussi, dans le cadre de ce plan, d’améliorer la gouvernance politique ainsi que le cadre légal et réglementaire en matière de protection de l’enfant. Ce plan prévoit enfin de réaliser les études quantitatives et qualitatives sur l’engagement précoce des enfants dans des unions conjugales sur l’ensemble du territoire national, ainsi que sur le suivi et l’évaluation des actions entreprises.
La ministre du Genre, Famille et Enfant, Chantal Safu a, à cette même occasion, salué des avancées qui ont été accomplies en RDC en matière de droits de l’enfant. Elle a cité notamment la promulgation le 15 juillet 2016 de la loi portant modification du Code de la famille, l’élaboration du plan d’actions national pour mettre fin au mariage d’enfants, la mise en œuvre de la stratégie nationale pour l’éducation et l’existence du plan stratégique de lutte contre la malnutrition chronique. Mme Safu a dit que le niveau d’études très bas de la mère est un des facteurs qui favorisent la malnutrition chez les enfants. C’est ainsi qu’elle a cité le mariage d’enfants parmi les causes sous jacentes de la malnutrition.
Le mariage d’enfants, une triste réalité en RDC
Le représentant a.i. du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) en RDC, Tajudeen Oyewale a, à cette occasion, dit que le mariage d’enfants est une réalité dans plusieurs pays africains, y compris la RDC. La dernière Enquête Démographique et de Santé (EDS) menée en RDC en 2013-2014 révèle, a-t-il affirmé, que 23% de femmes âgées de 25 à 49 ans étaient déjà en union avant d’atteindre l’âge de 18 ans et plus de 3 sur 5 étaient en union avant l’âge de 20 ans.
Selon les résultats de cette même enquête, 27% de filles de 15 à 19 ans sont déjà enceintes. L’EDS RDC 2013-2014 indique qu’en RDC, 4 enfants sur 10 âgés de 0 à 5 ans souffrent de malnutrition. Pour le représentant de l’UNICEF en RDC, cette situation est due aussi au jeune âge des mères. Mettre fin aux mariages d’enfants, a soutenu M. Oyewale, est une des priorités de l’UNICEF pour les 5 prochaines années.
Les enfants de Kinshasa ont, lors de cette cérémonie commémorative, présenté un vibrant plaidoyer pour mettre fin au mariage d’enfants en RDC. Nicolas Boswane, 2ème vice président du comité provincial des enfants de Kinshasa et élève en 6ème commerciale au collège Notre Dame d’Afrique de Lemba a relaté l’histoire tragique d’une fille contrainte au mariage à l’âge de 13 ans après le décès de son père car sa famille a été plongée dans une extrême pauvreté. Une année plus tard, a-t-il déploré, cette fille et l’enfant qu’elle portait sont décédés lors de l’accouchement.
Par Norbert Tambwe