Poursuivi pour une dizaine de crimes de guerre et crimes contre l’humanité : Bosco Ntanganda comparaît ce mercredi devant la CPI
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S’il est jugé coupable, ce seigneur de guerre qui a semé la terreur en Ituri risque la réclusion à perpétuité ou au minimum 30 ans de prison
Près de deux ans après l’ouverture de son procès, l’ancien chef de guerre congolais Bosco Ntaganda en détention à la Cour Pénale Internationale (CPI) prendra ce mercredi 14 juin 2017, la parole devant cette Cour basée à la Haye pour s’exprimer pour sa défense. Jusqu’à présent, Bosco Ntaganda s’était seulement expliqué en plaidant non coupable, jurant n’être qu’un « soldat, et pas un criminel».
« Je suis décrit comme le +Terminator+, comme un célèbre tueur, mais cela n’est pas moi », avait-il affirmé en kinyarwanda en septembre 2015, au deuxième jour de son procès à la Haye. Concernant la comparution de son client devant la CPI ce mercredi, l’avocat canadien Stéphane Bourgon qui assure la défense du prévenu Ntaganda laisse entendre que « tout reste à prouver ». Ce dernier fut également l’avocat de Laurent Nkunda.
Face à 109 témoins et quatre experts appelés devant la Cour, la défense veut combattre la réputation de son client.
Du génocide des Tutsi au Rwanda (1994), RDC, CNDP et au Mouvement du 23 mars (M23) au Nord-Kivu, Bosco Ntaganda a évolué dans plusieurs rebellions qui lui ont donné la réputation de « « seigneur de guerre ».
Des dissensions accompagnées de combats au cœur du mouvement rebelle M23 l’avaient contraint à fuir et à aller se réfugier à l’ambassade des Etats-Unis à Kigali où il avait fini par demander son transfert à la CPI en mars 2013.
Il risque perpétuité ou 30 ans de prison
S’il est jugé coupable, Bosco Ntaganda pourrait écoper d’une peine allant de la réclusion à perpétuité jusqu’à trente ans d’emprisonnement. L’accusation avait présenté plus de 71 témoins, 1.300 documents et onze témoins-experts comme éléments de preuves.
Durant le procès, la procureure a également accusé Bosco Ntaganda de subornation de témoins. Et, face à ces inquiétudes, des restrictions ont été imposées sur son accès à l’extérieur. Pour protester contre ces mesures, Ntaganda avait observé en septembre 2016 une grève de la faim de deux semaines, se disant «prêt à mourir».
Criminel hors paire
Bosco Ntaganda est accusé de treize crimes de guerre et cinq crimes contre l’humanité, dont des meurtres, pillages, attaques contre des civils, viols et esclavage sexuel, commis par ses troupes entre 2002 et 2003 en Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC). L’accusé était alors chef adjoint de l’Etat-major général des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC).
A prédominance Hema, le FPLC considéré comme le bras armé de l’Union des patriotes congolais (UPC) combattait principalement des milices Lendu pour le contrôle de la région d’Ituri pour ses nombreuses mines d’or. « Cette affaire concerne la violence qui a décimé l’Ituri », avait fait remarquer la procureure Fatou Bensouda devant la Cour à La Haye.
D’après la procureure de la CPI, Bosco Ntaganda « était un des commandants les plus importants » dans des crimes « ethniques » qui ont coûté la vie à 60 000 personnes. Les attaques des miliciens FPLC laissaient derrière elles des corps « ligotés au niveau des bras », « en sous-vêtements », « éventrés », « les têtes écrasées par des pilons », avait rapporté un témoin.
Connu pour avoir la gâchette facile, ce chef de guerre aurait donné les ordres, planifié et programmé les opérations, coordonné la logistique et fourni les armes. Il est aussi accusé d’avoir «recruté personnellement des enfants», selon Nicole Samson, représentante du bureau de la procureure.
Par GKM