Alternance : La France avance, la RDC patauge !
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En six ans, les Français ont élu en toute transparence deux chefs d’Etat, pendant que le Congo Kinshasa continue à sombrer dans la dictature
En moins de six ans, la France vient d’organiser en toute transparence deux élections présidentielles qui ont au peuple Français d’élire deux chefs d’Etat. Le premier était le socialiste François Hollande, qui avait réussi à battre en 2012 dans les urnes le républicain Nicolas Sarkozy, au terme d’un scrutin très serré, mais dont les résultats n’ont jamais été contestés par ce dernier.
Cinq ans plus tard, soit le dimanche 7 mai 2017, c’est au tour d’un jeune centriste âgé de 39 ans, Emmanuel Macron, de prendre les rênes de la France, en s’imposant de belle manière et en toute transparence au second tour de la présidentielle face à l’extrémiste de droite Marine Le Pen, du Front national. Ce, après que François Hollande, conscient de son bilan peu reluisant, ait décidé de ne plus solliciter un second mandat.
Avec cette énième alternance sans casses, la France vient encore de donner une fois au monde entier une belle leçon de démocratie. Une avancée intervenant alors que la RDC, qui a raté de vivre en 2016 sa première alternance démocratique par la volonté d’un homme, continue à s’enfoncer dans la dictature et la répression.
Les Congolais qui ont suivi, grâce à la magie de la télévision, les premier et second de l’élection présidentielle en France n’ont pas manqué d’admirer la belle organisation qui a entouré ce scrutin. Dans plusieurs salons à Kinshasa, les commentaires ne tarissaient pas d’éloges à l’endroit de l’Hexagone.
La démocratie confisquée en RDC
Une Congolaise qui a suivi à partir de Kinshasa la victoire d’Emmanuel Macron face à Marine Le Pen par la voie des ondes était quasi révoltée. « Pourquoi la démocratie fonctionne si bien sous d’autres cieux, alors que chez nous (en RDC) rien ne marche ? », a laissé entendre cette Kinoise. La question trouve sa réponse dans les manœuvres dilatoires que continue à entretenir l’actuelle majorité pour confisquer le pouvoir, en empêchant l’organisation de l’élection présidentielle conformément au délai prévu par la Constitution.
Le mobutisme continue sans Mobutu !
Cette élection qui devait avoir lieu en 2016 ne s’est pas tenue, faute de volonté politique. Le Gouvernement régenté par la majorité kabiliste n’ayant pas donné de moyens financiers à la commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) pour organiser l’enrôlement des électeurs.
Devant ce blocage entretenu par le pouvoir et pour éviter le vide dans un pays dont toutes les institutions sont fin mandat, l’opposition regroupée au sein du Rassemblement a refusé la voie de l’affrontement en acceptant d’aller aux négociations politiques avec la MP sous la médiation de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO).
Mais, c’était sans compter avec la mauvaise foi de la majorité au pouvoir qui, pour permettre à son chef de s’éterniser au pouvoir, a bloqué l’application de l’Accord issu de ces négociations, en refusant de signer les arrangements particuliers tout en recourant aux débauchages pour diviser l’Opposition après le décès d’Etienne Tshisekedi et espérer ainsi gagner encore du temps.
Dans cette cacophonie profitant au président qui expédie les affaires courantes, deux premiers ministres issus du débauchage ont été nommés par Joseph Kabila, en violation de l’Accord politique conclu le 31 décembre 2016. Mais, cet Accord qui n’a prolongé que de 12 mois le mandat de Joseph Kabila à la tête du pays depuis 16 ans, continue à faire planer l ’incertitude sur l’organisation des élections présidentielles et législatives prévues d’ici la fin de l’année en cours.
A pratiquement 7 mois et demi de la fin de cette échéance, on est tenté de croire que ce délai ne suffira pas pour organiser les scrutins tant attendus. La RDC risque ainsi d’aller de négociations en négociations pendant que Joseph Kabila dont le second et dernier mandat a expiré depuis le 19 décembre 2016 continue à tirer les ficelles, dans le but de s’éterniser au pouvoir.
Voilà comment fonctionne la démocratie en RDC. Pratiquement à l’image de la « république très très démocratique du Gondwana » caricaturée par l’humoriste français Mamane. Comme on le voit, par le cynisme d’un homme qui veut s’éterniser au pouvoir, la RDC continue à sombrer dans la dictature, plusieurs années après Mobutu !
Par DMK