Deux ans après sa découverte, Fosse commune de Maluku : le mystère demeure
Partager
Tout en exigeant l’exhumation des corps, Human Rights Watch réclame justice pour les victimes
Il y a de cela deux ans, jour pour jour, depuis que l’on a découvert une fosse commune à Maluku où plus de 400 corps sans vie ont été inhumés.
Deux ans après cette découverte macabre, le mystère demeure toujours et des voix se lèvent de partout pour exiger la lumière sur cette affaire.
L’organisation de défense et de promotion des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW), à travers sa directrice en charge de l’Afrique centrale, Ida Sawyer, exige l’exhumation de ces corps et réclame justice pour les victimes.
Ida Sawyer accuse les forces de sécurité de la RD Congo d’avoir creusé secrètement une fosse commune à la lisière d’un cimetière proche de la capitale Kinshasa, et y ont enterré plusieurs centaines de corps.
Pour HRW, les corps découverts dans cette charnière sont des victimes d’exécutions sommaires ou de disparitions forcées aux mains des forces de sécurité congolaises lors de manifestations de janvier 2015, ainsi que lors de l’« Opération Likofi », lancée par la police contre les gangs appelés Kuluna.
En effet, lors de ces deux opérations, note HRW, les forces de sécurité avaient emporté des corps de certaines personnes tuées, sans jamais les rendre à leurs familles pour être enterrés. L’Ongdh signale que le 5 juin, les familles de 34 victimes avaient déposé une plainte publique auprès du Procureur général réclamant justice et l’exhumation des corps inhumés dans la fosse commune de Maluku. Jusqu’à ce jour, aucune suite n’est réservée à cette plainte.
Des parlementaires avaient réclamé des réponses au sujet des identités des personnes inhumées à Maluku et des raisons pour lesquelles les forces de sécurité avaient effectué cette inhumation nuitamment.
Pour rappel, dans la nuit du 18 au 19 mars 2015, plus de 400 cors sans vie ont été découverts dans une charnière par des habitants du quartier Fula, à Maluku. Cette découverte macabre avait provoqué l’indignation au sein de la communauté tant nationale qu’internationale.
Volte-face de Kinshasa
Après plusieurs pressions, Kinshasa avait admis peu de temps après que 421 corps avaient bien été inhumés à cet endroit cette nuit-là, affirmant que les dépouilles étaient celles des indigents dont les familles n’avaient pas de moyens de financer les funérailles, de personnes décédées non identifiées et de bébés mort-nés.
Une thèse contestée par des responsables de la Croix-Rouge locale ainsi que des employés des hôpitaux et des morgues de Kinshasa. Au regard de ces témoignages, Claude Kakese, infirmier responsable d’une des morgues de Kinshasa, a été retrouvé mort dans des conditions suspectes. Pourtant les ministres congolais de la Justice et de l’Intérieur de l’époque avaient déclaré que s’il y avait quelque doute que ce soit sur l’identité de personnes inhumées dans cette fosse, les corps seraient exhumés.
En dépit de nombreuses demandes émanant des membres du parlement, des organisations de défense des droits humains, des Nations-Unies, de l’Union européenne et d’autres, aucune décision n’a été prise pour ouvrir la fosse.
« Un officier des forces de sécurité a déclaré plus tard à Human Rights Watch que des membres de la Garde républicaine qui assurent la sécurité du président, étaient impliqués dans l’inhumation, et qu’il y avait parmi les cadavres ceux de victimes tuées lors de l’Opération Likofi et des manifestations de janvier 2015. Il a ajouté que l’infirmier, Claude Kakese, était devenu un « témoin gênant », et qu’un sergent de la Garde républicaine avait reçu l’ordre de l’exécuter », révèle Ida Sawyer dans une tribune publiée par Jeune Afrique.
HRW souhaite que les autorités congolaises apportent aux familles des victimes les réponses et la justice qu’elles méritent. L’Ongdh estime que Kinshasa, avec l’aide des experts légistes internationaux, devrait exhumer les morts à Maluku et révéler leurs identités.
Enfin, Human Rights Watch appelle le gouvernement de la RDC à traduire les personnes responsables des exécutions sommaires et des disparitions forcées en justice.
Par GKM