La réponse humanitaire s’organise dans les trois provinces du Kasaï
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Dans le cadre de leurs actions de plaidoyer, les Evêques du Kasaï, du Kasaï Central et du Kasaï Oriental ont rencontré, avec le ministre provincial aux Affaires Humanitaires du Kasaï, le Chef du Bureau OCHA en RDC. Face à l’ampleur de la crise, OCHA envisage, pour les trois provinces du Kasaï, de renforcer ses capacités en soutien aux activités de coordination et de protection à travers, notamment, l’installation d’un système d’antenne mobile.
Par ailleurs, un premier financement du Central Emergency Response Fund (CERF) vient d’être alloué à cette crise et pour une durée maximale de 6 mois en faveur de 108 430 personnes, pour un montant d’environ 5 millions de dollars américains. Dans le cadre de ce financement, les six secteurs clés ont été pris en compte en veillant, toutefois, à mettre un accent particulier sur la santé et la sécurité alimentaire dans une stratégie de « sauver des vies ».
Ces secteurs sont entre autres, AME/Abris, Eau, hygiène et assainissement, Nutrition, Protection, Santé ; et Sécurité alimentaire. Mais Il a été rapporté par les acteurs humanitaires d’importants défis liés à l’accès physique et sécuritaire qui limitent d’autant les capacités d’évaluation et de réponse.
Contagion de la crise
La crise dans les trois provinces du Kasaï a commencé en Août 2016 par des affrontements rapportés dans la zone de Tshimbulu, au Kasaï Central. Progressivement, elle s’est étendue à quatre territoires du Kasaï Central, deux du Kasaï Oriental et un du Kasaï. A ce jour, la crise s’est amplifiée sur l’étendue des trois Kasaï où les organisations humanitaires dénombrent 200 000 personnes déplacées internes, 32 000 retournés et plus de 400 morts dont 66 au cours du seul mois de janvier.
Régulièrement, des affrontements entre différentes parties prenantes au conflit sont rapportés. Les derniers en date ont touché les villes de Kananga et de Tshikapa. Jusqu’à fin février 2017, les membres des milices ciblaient exclusivement les symboles de l’Etat.
Des affrontements interethniques opposent, depuis le 23 février 2017 dans la ville de Tshikapa dans la province du Kasaï, la population autochtone aux minorités non originaires du Kasaï. De sources sûres indiquent que les milices seraient présentes jusqu’aux frontières de la province voisine du Sankuru exacerbant d’autant plus les tensions entre les différentes communautés. Depuis le 24 février dans le Territoire de Luiza, au Kasaï Central, les milices s’attaquent aux institutions religieuses et à leurs représentants.
Des mineurs enrôlés par des miliciens
La communauté humanitaire a fait un constat selon lequel la majorité des miliciens sont des mineurs enrôlés localement à travers des pratiques mystico-religieuses et de fausses promesses. A ce jour note ces sources, 141 mineurs sont en état d’arrestation pour appartenance à des milices, parmi lesquels 24 sont encore en phase de suivi. Quelques 330 enfants non accompagnés ont, également, été recensés.
On compte plusieurs cas d’exactions commises par les militaires FARDC à l’encontre de la population civile, notamment lors des perquisitions chez les personnes soupçonnées d’appartenir aux milices ainsi que des pillages, l’utilisation disproportionnée de la force et de multiples formes de tracasserie.
Le départ des militaires et des milices encourage un faible mouvement de retour. La majorité de la population affectée est toujours réfugiée dans des sites souvent situés en brousse. Ces personnes déplacées n’ont accès ni à l’eau potable, ni à la nourriture de base, ni aux services de santé.
Faute d’accès à des soins de santé, plusieurs témoignages font état d’une aggravation de la mortalité infantile et maternelle. Dans cette zone, de sérieux risques planent sur la malnutrition des enfants qui présentait, déjà, des taux alarmants avant la présente crise. La perte d’une grande partie de la production agricole de 2016 ainsi que les pillages et destructions de semences et outils agricoles menacent fortement la sécurité alimentaire.
Le programme scolaire perturbé
L’insécurité qui prévaut toujours dans l’ensemble de la zone a entraîné la fermeture de plusieurs écoles, privant quelque 53 000 élèves d’une scolarité normale au cours de l’année scolaire 2016-2017. De plus, la destruction et le pillage de plusieurs dizaines d’établissements scolaires compromettent sérieusement la rentrée de septembre.
Par Godé Kalonji