MP-Rassemblement : vers un choc frontal
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Les 12 mois de sursis accordés à Joseph Kabila constituent la dernière concession faite par le Rassemblement à l’endroit du pouvoir. Toutefois, à l’allure où vont les choses, tout laisse présager que fin 2017, toute chose restant égale par ailleurs, la tension sera à son comble
La signature de l’Accord inclusif intervenue le 31 décembre 2016 avait suscité de l’espoir dans le chef de la population congolaise. Et la mise en œuvre de cet accord, tel que souligné dans le dernier paragraphe, devrait être effective à partir de cette date comme stipulé dans l’accord.
Mais, depuis le 31 décembre 2016 jusqu’à ce jour, tout un mois a été bousillé à l’hôtel du sacrifice par les manœuvres dilatoires de la Majorité présidentielle qui veut créer des conditions favorables à l’enlisement. Alors que la MP devait logiquement adopter un profil bas, c’est plutôt aux manœuvres dilatoires qu’elle s’illustre notamment dans le traitement du dossier relatif à la désignation et à la présentation par le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement.
Tout le monde sait à ce propos que la désignation du futur premier ministre n’appelle dans ses dispositions aucune interprétation particulière en ce que le Premier ministre doit être présenté par le Rassemblement.
Mais s’accrochant au principe relevant du pouvoir discrétionnaire du chef de l’Etat, la MP soutient mordicus qu’il appartient au Président de la République de jeter son dévolu sur une liste comportant cinq ou sept noms de candidats Premier ministre que le Rassemblement doit dresser.
C’est depuis plus d’une semaine déjà que les violons entre les deux familles politiques ne s’accordent pas. Le Rassemblement oppose un refus catégorique de souscrire à l’idée d’aligner plus d’un candidat Premier ministre tandis que la Majorité au pouvoir défend farouchement le principe de la liste de candidats.
Vers un choc frontal
Face à cette situation, Majorité présidentielle (MP) et le Rassemblement s’acheminent droit vers un choc frontal, étant donné que le blocage délibérément créé finira par rattraper la même MP. Dans ce sens qu’au 31 décembre 2017, Kabila ne pourra plus s’attendre à un nouveau glissement. La prolongation actuelle, après tout, trouve du répondant dans le principe selon lequel mieux vaut un mauvais arrangement qu’un bon procès.
Le second et dernier mandat du Président Kabila ayant expiré le 19 décembre 2016, le Chef de l’Etat doit sa prolongation à l’Accord politique négocié entre la Majorité présidentielle et le Rassemblement.
Dans l’hypothèse où les élections ne seraient pas organisées au terme de la période de prolongation en décembre 2017, l’opposition politique congolaise ne pourra que constater la mauvaise foi de la MP qui bloque actuellement la mise en œuvre de l’Accord issu du deuxième tour de négociations entre les deux camps politiques.
Se trouvant de la sorte dans l’obligation de ne plus accorder des concessions, les mêmes causes créant les mêmes effets, la RDC risque de sombrer à nouveau dans des tensions politiques ayant engendré le départ de certains expatriés l’année dernière.
Pour sauver la RDC de la dégradation de la situation politique assortie des retombées économiques et sociales, un seul remède : privilégier la mise en application rapide de l’Accord de la Saint Sylvestre. Surtout quand on sait que cet accord a été aussi salué par la communauté internationale.
G.O.