Droits de l’homme: violation en hausse de 30% en RDC
Partager
D’après le BCNUDH, l’augmentation s’explique en particulier par le fait que 2016a été caractérisé par la restriction de l’espace démocratique, notamment la liberté d’expression
Le Bureau conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH) a rendu public hier mercredi 25 janvier son rapport annuel sur la situation des droits humains en RD Congo au cours de l’année 2016. Dans ce rapport, cette agence onusienne fait état de près de 5.190 cas d’atteinte répertoriés sur l’ensemble du territoire national, une augmentation de 30% selon le BCNUDH par rapport au nombre des violations enregistrées durant l’année 2015.
Selon l’agence onusienne, cette augmentation s’explique en particulier par le fait que 2016 a été caractérisée par un grand nombre de violations liées à la restriction de l’espace démocratique, notamment la liberté d’expression. Ainsi, le BCNUDH a documenté 348 victimes adultes de violences sexuelles liées au conflit, ce qui constitue une baisse par rapport à l’année précédente (375 victimes).
Les agents de l’État ont été responsables de 92 victimes de violences sexuelles et les combattants des groupes armés de 256 victimes adultes de violences sexuelles. Les provinces les plus touchées par les violations documentées ont été principalement celles de l’Est du pays, notamment le Nord- Kivu (1.910 violations) et l’Ituri (749 violations), mais aussi à l’ouest, avec la province du Haut-Katanga (328 violations).
512 cas d’exécutions sommaires et extrajudiciaires
Dans les provinces affectées par le conflit armé, au moins 3.378 violations des droits de l’homme ont été commises, dont 512 cas d’exécutions sommaires et extrajudiciaires ayant fait 1.009 victimes. Cela constitue une hausse par rapport à l’année précédente (3.044 violations et atteintes). Au moins 55% de ces atteintes ont été commises par les combattants de tous les groupes armés confondus et près de 45 % par les agents de l’Etat.
Le BCNUDH a aussi documenté 1.102 violations des droits humains et des libertés fondamentales liées à des restrictions de l’espace démocratique sur l’ensemble du territoire congolais. Ce nombre, en hausse importante par rapport à l’année précédente (260 violations), constitue plus de quatre fois le nombre total de ce type de violations documentées sur toute l’année 2015.
D’après cette agence spécialisée de l’ONU, les auteurs de ces violations restent, à l’instar de l’année précédente, les agents de la PNC (539 violations soit près de la moitié des violations), suivis par les agents de l’ANR (182 violations), les autorités politico – administratives (174 violations) et les militaires des FARDC (155 violations).
Les membres de partis politiques (1.105 victimes), d’organisations de la société civile (348 victimes) et les journalistes et autres professionnels des médias (86 victimes) ont été les principales victimes desdites violations marquant ainsi une restriction croissante de l’espace démocratique, note l’agence onusienne.
La liberté de réunion pacifique a été particulièrement restreinte, comme le démontrent notamment les interdictions générales de manifester décidées ou appliquées de fait dans les principales localités du pays au cours de l’année.
A l’instar de l’année précédente, une différence de standards a été appliquée par les autorités locales et les forces de sécurité en fonction de l’appartenance politique des organisateurs, interdisant les manifestations organisées par l’opposition et la société civile et autorisant de fait celles de la majorité présidentielle.
Le BCNUDH salue la condamnation d’au moins 167 militaires des FARDC et 59 agents de la PNC pour des actes constituant des violations des droits de l’homme dans l’ensemble des provinces de la RDC, ce qui témoigne de l’engagement des autorités dans la lutte contre l’impunité.
Appui à la CNDH
Le BCNUDH a continué son programme d’appui aux autorités judiciaires engagées dans la lutte contre l’impunité des crimes graves , notamment à travers 16 missions d’enquête conjointe (JIT) et 14 audiences foraines aux côtés des autorités de la justice militaire et civile afin de traduire en justice les auteurs de violations graves des droits de l’homme.
Au cours de l’année, le BCNUDH a accompagné la Commission Nationale des Droits de l’Homme dans plusieurs activités visant à renforcer les capacités des membres de l’institution et de son personnel technique dans plusieurs domaines, notamment sur les procédures de traitement des plaintes, les enquêtes, le monitoring des manifestations publiques et des lieux de détention, la rédaction des rapports des droits de l’homme etc.
Le BCNUDH salue l’adoption du plan stratégique de cinq ans par la Conseil National pur la Défense des Droits de l’Homme (CNDH), ainsi que la publication de son premier rapport.
Par GKM