Haut Katanga : 1.400 pygmées abandonnés à leur triste sort
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Plus de 1.400 personnes, hommes, femmes et enfants Pygmées, sont arrivées ces derniers jours à Mwenge (à 90 km de Pweto), dans la province du Haut Katanga, en République Démocratique du Congo, a indiqué l’organisation caritative Caritas Congo Asbl. Dépouillés de tout, ces pygmées sont dans une misère répugnante. Certains portent les marques d’une violence inouïe. Selon la dite organisation, les habitants du Haut Katanga les ont accueillis avec bienveillance et humanité.
Mgr Fulgence, Evêque de Kilwa-Kasenga, dans la province du Haut-Katanga, a lancé un SOS auprès des autorités civiles et acteurs humanitaires pour assister en vivres et non vivres ces Pygmées. L’homme de Dieu déplore qu’aucune action de grande envergure n’ait été entreprise jusqu’à présent pour arrêter ce drame.
Il lance, également, un appel pressant aux pouvoirs publics et aux organismes humanitaires. L’Evêque de Kilwa-Kasenga les invite à voler au secours de toutes les victimes de ces malheureux événements. Ces conflits tribaux, rappelle-t-on, entre les peuples bantous et pygmées, seraient d’ordre sociologique, a signalé Mgr Fulgence Muteba.
La souffrance des pygmées
Estimés à près de 600 000 personnes selon les statistiques publiées fin 2015 par la Dynamique des groupes des peuples autochtones, les Pygmées de la République Démocratique du Congo sont subdivisés en deux sous-groupes. Les Mbuti, occupant les provinces du Nord-Kivu, la Province Orientale, le Bandundu et l’Équateur alors que les Twa vivent au Katanga et en province du Sud-Kivu.
La peau jaunâtre et de petite taille, ce peuple vit de la pêche, de la cueillette et du ramassage des fruits. Ils occupent essentiellement des villages nomades dans la forêt tropicale. Ce peuple figure parmi les groupes tribaux minoritaires dans ce pays qui compte plus de 250 ethnies. Des spécialistes de l’environnement qualifient les pygmées de précurseurs dans la conservation de la nature.
Les pygmées ont su maintenir un équilibre entre leurs besoins vitaux et la sauvegarde de la faune et de la flore. Leur environnement est aujourd’hui menacé par les industriels (miniers, agricoles). L’histoire de la République Démocratique du Congo indique que ce peuple fut le premier à occuper le territoire congolais.
Les pygmées se seraient petit à petit repliés dans la forêt suite aux migrations des peuples Bantous, Soudanais et Nilotiques. Ce peuple de petite taille a vécu pendant plusieurs décennies à l’écart des autres communautés, ce qui justifie son retard dans la globalisation.
Ceci fut à la base de sa stigmatisation, car encore considéré comme un peuple inférieur. Actuellement à la recherche de leur émancipation, les pygmées se heurtent à plusieurs obstacles. Seulement quelques membres de leur communauté ont fréquenté l’école.
Des spécialistes précisent que moins de 5% de membres de la communauté Pygmée savent lire et écrire. C’est de cette tendance que sont nées depuis les années 2000 des organisations de défense et de promotion du peuple pygmée, l’accompagnant ainsi dans la recherche de sa dignité.
Par Carroll Madiya