Stérilité : en Afrique, la femme toujours pointée du doigt
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Vivre dans un foyer sans enfant est le pire de cauchemar particulièrement pour l’épouse qui, de manière générale, est toujours pointée du doigt en premier. Cette attitude se justifie parfois par le fait que la mission de porter et de donner la vie revient à la femme. Ainsi, quand le couple connaît un problème de fécondation, toute la société tourne son regard vers cet être féminin. Et celle qui traverse ce genre de situation sent la pression venir de tous côtés, et vit désormais dans une atmosphère malsaine.
Cette créature féminine sait également que tout pourra arriver parce que c’est l’avenir de son union qui court un danger imminent. Faut-il encore que son conjoint, une fois rassuré du bon fonctionnement de son corps, puisse la supporter dans cet état pendant plusieurs. Dans notre société, ils sont à compter sur le bout des doigts, les maris qui ont eu à tenir le coup pendant des années sans faire des enfants hors mariage.
Il ya de ces ménages qui ont été détruits suite à l’infécondité de l’épouse. D’autres par contre ont su résister jusqu’à l’arrivée tardive d’un enfant. Cela dépend du degré de la patience des uns et des autres, étant donné que les êtres humains ne supportent pas, tous, les épreuves de la même manière. Là où certains peuvent abandonner facilement, il est de ceux qui sont en mesure d’espérer et de faire face aux situations pénibles, à l’exemple de la stérilité.
En réalité, le rejet réservé à la stérile trouve son fondement dans nos us et coutumes. Généralement, la société africaine et congolaise en particulier fait d’une telle femme, l’objet de calomnie et de moquerie. Par moment, elle est comparable à un arbre qui ne porte pas des fruits mais occupant la terre inutilement. Dieu seul sait ce qu’endure réellement une femme sans enfant.
Faire face à la tempête
De toute évidence, une femme non féconde doit apprendre à faire face à toutes sortes d’épreuves censées secouer son mariage. Il faudrait donc avoir des nerfs solides pour supporter cette dure épreuve. Aucune femme mariée ne pense rencontrer de difficulté de fécondité sachant déjà le sort qui l’attend d’avance.
Et quand la belle-famille s’en mêle, les choses se compliquent davantage. Car pour cette dernière, l’épouse de son enfant ne peut être portée à cœur, et ses différentes qualités seront également ignorées tout simplement parce qu’elle est infertile.
Comme toujours, la belle-famille congolaise conçoit mal de pouvoir supporter assez longtemps une belle-fille qui n’assure pas la descendance, craignant ainsi voir leur fils finir ses jours sans progéniture. Inconcevable ! Une telle perception de choses constitue, en fait, la source de plusieurs maux dans un tel foyer. Conséquence, la stabilité, la tranquillité, l’unité, l’amour…du couple sera mis à l’épreuve tant que la venue d’un enfant sera toujours hypothétique.
La hanche de guerre ne sera enterrée entre la belle-famille et la belle-fille que le jour où celle-ci embrassera un enfant dans ses bras. Le mari qui se montre solidaire avec la femme confrontée au problème de maternité, s’attirera nécessairement la foudre des siens, devenant, à son tour, un sujet de vexation.
Pour beaucoup, un autre dilemme est que l’on se marie pour avoir des enfants. Cela sous-entend qu’une union sans progéniture est vidée de tout son sens, et les conjoints méprisés. D’ailleurs, on entend souvent dire que le Créateur a institué le mariage notamment pour perpétrer et conserver l’espèce humaine sur la terre.
Raison pour laquelle, l’homme et la femme sont appelés à remplir cette planète en donnant naissance, conformément à la volonté de l’instigateur du mariage. Passer outre cette recommandation veut dire que les deux époux ont failli à leur mission, et devraient rendre compte à la société.
Laisser des traces
Par ailleurs, des gens pensent qu’en mettant au monde, c’est une belle manière de pouvoir laisser de traces sur cette terre des hommes. Comment peut-on s’en aller sans enfant, surtout lorsqu’on était dans un mariage ? Pourquoi s’attacher pour toujours à une femme stérile ? Ce sont des questions que la communauté tente souvent de poser aux époux »fidèles ».
Selon une femme mariée que nous avons abordée, la stérilité n’est pas à souhaiter dans un couple. Cette femme qui a connu deux années de mariage sans enfant, affirme qu’elle n’était pas en paix pendant toute cette période. Et d’indiquer » j’ai eu à consulter plusieurs gynécologues pour trouver la solution à mon problème sans oublier des prières adressées à Dieu. Ces deux années ont été très longues en attente, et mon mari ne comprenait pas pourquoi je consultais divers docteurs, alors que nous n’avions que deux ans de mariage ?
Lorsqu’on vit cette souffrance, beaucoup de questions se passent dans votre tête, et il est encore difficile de savoir jusqu’à quand votre mari pourra vous supporter. Est-ce qu’il va me quitter pour une autre femme ? Je vous informe que mieux vaut rester célibataire sans enfant qu’être mariée et sans postérité.
C’est un véritable calvaire qui ne dit pas son nom. Dieu merci, aujourd’hui j’ai quatre enfants. Grâce à eux, j’ai retrouvé ma quiétude et le bonheur. Pour conclure, je ne peux qu’encourager les femmes stériles à tenir bon, malgré vents et marrées parce que l’expérience a été toujours douloureuse ».
Par Tantia Sakata