Selon la section Protection de l’enfant de la MONUSCO : 2016, une année difficile pour les enfants à l’est de la RDC
Partager
Le dernier trimestre de l’année 2016 a été particulièrement meurtrier pour les enfants vivant dans l’est de la RD Congo. C’est sans doute pour la première fois que la section Protection de l’enfant de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) a enregistré autant de cas d’enfants blessés ou tués par les groupes armés dans la province du Nord- Kivu.
En trois mois, cinquante-cinq enfants ont été tués et 48 blessés, principalement au Nord-Kivu et dans le territoire de Lubero. Les enfants ont été aussi durement touchés par le conflit interethnique entre les Twa et les Luba dans la province du Tanganyika.
On estime que l’accès à l’éducation de plus de 50 000 enfants a été freiné à cause de ce conflit. Les principaux auteurs de ces actes sont des éléments Mayi-Mayi Mazembe qui ont attaqué des personnes déplacées internes et ont ciblé directement les enfants. Lors d’une de ces attaques, 18 enfants ont été tués et 14 autres blessés. Les enfants blessés ont été évacués à Goma par la MONUSCO. L’un d’entre eux est mort au cours de son évacuation médicale, regrette la mission onusienne.
La section Protection de l’enfant de la MONUSCO a extrait 175 enfants des groupes armés pendant ce trimestre, dont neuf filles. Plus de la moitié a été recruté en 2016. Un quart avait moins de 15 ans au moment du recrutement, ce qui constitue un crime de guerre. Les principaux auteurs de recrutement pour ce trimestre sont les Mayi-Mayi Nyatura, les FDLR-FOCA et les combattants du FRPI.
Des enfants ont également été recrutés et utilisés par de nouveaux groupes armés comme les Mayi-Mayi Corps du Christ et l’UPLC (Union des Patriotes pour la Libération du Congo). Ainsi, au moins 50 filles ont été documentées comme victimes de viols et de violences sexuelles dans le contexte du conflit armé. Près de la moitié des cas sont attribués à des agents de l’Etat, le reste aux groupes armés.
Victimes de viol
La majorité a été victime de viol, alors que huit filles ont été victimes de violences sexuelles au cours de leur association avec un groupe armé. Il faut noter également que vingt-six attaques contre les écoles ont étés documentées dont sept visaient le personnel enseignant, entravant ainsi l’accès à l’éducation de milliers d’enfants.
En outre, sept hôpitaux ont été attaqués afin d’y voler du matériel de santé et des médicaments, privant également des milliers d’enfants de soins de santé élémentaire. La majorité des auteurs étaient des hommes armés non identifiés.
Enfin, cinquante-trois enfants ont été enlevés par les groupes armés, dont près de la moitié sont des filles (24). La plus jeune, enlevée par les ADF avait seulement trois ans, a signifié la MONUSCO. Les auteurs principaux d’enlèvement d’enfants documentés par la mission onusienne sont les Mayi-Mayi Kata Katanga et les Mayi-Mayi Mazembe. Deux cas sont attribués à des agents de l’Etat.
La grande majorité des enfants ont été enlevés à des fins de recrutement. Seul 21 enfants ont été libérés. Le sort des 32 autres enfants est inconnu.
Par Godé Kalonji