Colère à l’Assemblée Nationale : Des députés nationaux menacent de traduire leur Bureau en justice !
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Mécontents, ces élus accusent le Président et le Questeur de la Chambre basse d’avoir amputé leurs indemnités de la session extraordinaire en cours et d’avoir appliqué un taux inférieur à celui de la Banque centrale
Plusieurs députés nationaux ne sont pas contents du manque de transparence entourant l’opération de paiement des indemnités de la session extraordinaire en cours. Ils l’ont fait savoir à haute voix les vendredi et samedi derniers dans l’enceinte de la salle des Congrès du Palais du peuple, siège de l’Assemblée nationale, où ils étaient réunis en plénière.
Selon quelques élus nationaux ayant pris part à la plénière joints par notre rédaction, le Bureau de la Chambre basse est accusé d’avoir amputé une partie de leurs indemnités de la session en cours. Estimant que l’argent réclamé est bel et bien le fruit de la sueur de leur front, ces élus ne veulent pas que leur indignation se limite à l’enceinte du Palais du peuple et seraient décidés à porter l’affaire devant le président de la République et même d’intenter un procès contre les membres de leur Bureau auprès du Procureur Général de la République !
Huis-clos
Tout est parti de la plénière du vendredi 6 janvier, consacrée au vote du projet de loi fixant les règles applicables à la sous-traitance en RDC et à l’examen du Rapport de la Commission mixte Assemblée nationale-Sénat sur le projet de loi déterminant les principes fondamentaux relatifs à la mutualité.
Alors que la séance du jour tirait vers sa fin, le député Ekombe Mpetshi, avocat de
profession et élu de la province de l’Equateur, a demandé un huis-clos par motion. Sa requête ayant été acceptée, cet élu a pris la parole et s’est lancé dans un véritable réquisitoire contre les membres du Bureau de la Chambre basse.
En résumé, le député Mpetshi, s’exprimant au nom de ses collègues, a fait savoir que pour la session extraordinaire en cours qui se clôture le samedi 15 janvier, le Bureau avait sollicité et obtenu du Gouvernement une rémunération de 6.250 usd au taux de 1.250 Fc par député. Or, les députés n’avaient touché chacun que la somme de 3.125.000 Fc le samedi 30 décembre, tard dans la soirée en cette veille de la Saint-Sylvestre.
D’où cette question adressée au Bureau de la Chambre basse : « où est passé le reste de l’argent ? » L’ambiance, apprend-on, était très tendue dans l’hémicycle à ce moment-là. Et la nouvelle a vite circulé parmi les députés en ce début du week-end ? Si bien que presque tous les députés ont vite appris qu’il y a de l’argent pour eux qui traîne quelque part dans les tiroirs du Bureau de l’Assemblée !
« Mbongo ebima »
Mpetshi Ekombe n’avait pas fini sa longue diatribe, que la colère était déjà perceptible parmi les élus nationaux. Et dans la foulée, les deux chansons en vogue au Palais du Peuple depuis 2011, « Mbongo ebima » et « voler n’est pas bon », ont été entonnées à l’unisson et toutes tendances politiques confondues.
Dans ce brouhaha général, le Bureau quelque peu dépassé par les événements, a tenté de faire croire qu’il était en attente d’un complément de rémunérations promis par le Gouvernement dans les jours qui viennent.
Pour calmer la tempête, les députés ont été ensuite conviés à une nouvelle plénière à huis-clos le samedi 7 janvier 2017. Plénière à laquelle devrait aussi assister le ministre des
Finances, pour tirer toute l’histoire au clair.
Des questions sans réponses
A la plénière de samedi, presque tous les étaient présents, sauf le ministre des Finances qui a brillé par son absence. Ce qui a ravivé la colère ambiante.
Mais à leur grande surprise, les députés se sont vu remettre chacun, une nouvelle tranche de 2.500.000 Fc, ce qui faisait un total de 5.625.000 Fc sur les 6.250 usd qu’ils attendent. D’où est sorti autant d’argent en l’espace d’une seule nuit, alors que la veille au soir, le Bureau invitait les députés à attendre que le Gouvernement honore ses engagements ? Nombreux sont les députés qui se sont posés la question.
Mais c’était sans compter avec la détermination d’un groupe de députés qui a pris langue avec leurs collègues du Sénat qui leur ont fait savoir qu’ils avaient intégralement touché ce qui leur revenait de droit, sans que cela ne soulève le moindre incident.
Alertés, ces élus nationaux auraient contacté certains de leurs collègues anciens députés devenus ministres dans le Gouvernement Badibanga. Et ces derniers leur ont confirmé le déblocage par le Gouvernement, de l’intégralité du montant dû aux députés. Poussant plus loin leur quête de la vérité, ces mêmes députés affirment être allés jusqu’à la Banque centrale où les mêmes informations leur auraient été fournies.
C’est pourquoi, le lundi dans la soirée, les députés semblaient plus que déterminés à exiger la totalité de leurs émoluments et menaçaient même de traduire en justice leur bureau pour tentative de détournement de leurs indemnités.
Des membres du Bureau éclaboussés
L’affaire risque d’éclabousser directement le président et le questeur du Bureau de la Chambre basse, quand on sait que les deux signent conjointement tous les engagements financiers de l’Assemblée nationale. Surtout qu’en plus de ce cas, ces députés se demandent pourquoi jusqu’à la paie de décembre ils ont touché ces indemnités au taux bancaire de 950 fc le dollar, alors que le Gouvernement avait depuis belle lurette, ajusté ce taux à 1.200fc le
dollar. De quoi raviver la tension entre les élus nationaux et leur Bureau.
Contacté à ce sujet par notre rédaction pour avoir l’autre son de cloche, un membre du cabinet du président de l’Assemblée nationale a réfuté ces accusations et affirmé simplement que « les députés et sénateurs étaient entrain de toucher leurs indemnités » (sic) ! Nous osons croire que tout cela sera tiré au clair avant la clôture de la session extraordinaire en cours, qui interviendra ce samedi 15 janvier.
Par DMK