Vers un dénouement de la crise politique en RDC, Dialogue II : «fumée blanche» vendredi prochain !
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Selon la CENCO, les travaux sont avancés à 95%. Et, sauf imprévu, la signature du compromis sanctionnant l’aboutissement des négociations directes entre la MP et le Rassemblement intervient le vendredi 30 décembre 2016
Un accord politique est enfin en voie d’être conclu au dialogue national inclusif organisé au Centre interdiocésain, à Gombe. C’est ce qui ressort de la plénière tenue le samedi 24 décembre 2016 pendant plusieurs heures au Centre Interdiocésain, sous la médiation des évêques de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO).
La signature de cet accord politique censé remettre le pays sur les rails après la fin constitutionnelle du mandat de Joseph Kabila interviendra, sauf imprévu, le vendredi 30 décembre 2016, a précisé le président de la CENCO, Mgr Marcel Utembi Tapa. Il y a donc de quoi s’attendre à une «fumée blanche» ce jour-là à la CENCO.
Ce dernier a fait savoir à la presse que les travaux étaient à 95% déjà avancés. » Les travaux sont pratiquement finis, il nous reste le toilettage puis la signature de l’accord « , a déclaré Mgr Utembi, après avoir levé la séance. » Nous avons travaillé toute la nuit, le gros du travail est accompli « , a-t-il conclu.
Des avancées significatives
Au terme de ces négociations, les deux parties (Opposition et Majorité actuelle) sont pratiquement d’accord sur le fait que les élections présidentielles et législatives nationales auront lieu en décembre 2017, avec possibilité d’organiser les provinciales en février 2018.
Nœud du problème, surtout que son mandat constitutionnel a pris fin depuis le 19 décembre 2016, Joseph Kabila reste en fonction jusqu’à l’installation de son successeur élu. Mais, il ne pourra pas briguer un troisième mandat consécutif.
C’est déjà là une avancée significative obtenue par la CENCO, qui a réussi là où le médiateur désigné par l’Union Africaine, Edem Kodjo, avait échoué avec le fameux accord du 18 octobre 2016 resté muet sur le sort de Joseph Kabila.
Les participants aux discussions du Centre interdiocésain ont convenu également de ne pas toucher à la Constitution, ni d’entreprendre une action quelconque tendant à organiser un référendum durant la période de transition, dont la durée serait de 12 à 14 mois.
Un comité national de suivi de l’accord sera mis en place et il sera présidé par le leader de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Etienne Tshisekedi. Celui-ci sera secondé par Mme Eve Bazaiba, secrétaire générale du Mouvement de Libération du Congo (MLC).
Ce comité sera chargé du suivi du chronogramme de mise en œuvre de l’accord et sera composé de 28 signataires du nouvel accord, avec la présence de la CENCO.
A en croire l’Abbé Donatien Nshole, secrétaire général ai de la CENCO, le comité de suivi pourra avoir une autre appellation, soit Conseil National de Transition. Mais tout dépend de ce que les politiciens vont retenir.
Quelques divergences persisteraient seulement sur la primature du gouvernement de transition revendiquée à la fois par le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement et par l’opposition signataire de l’accord du 18 octobre à la cité de l’UA qui a le soutien de la Majorité présidentielle.
» Les choses bloquent encore sur la gestion des affaires publiques pendant la période de transition « , a déclaré pour sa part François Muamba Tshishimbi, délégué de l’opposition à ces assises. Mais, la CENCO a promis de trouver une solution à cette question en conciliant les deux parties.
Pour l’Abbé Nshole, les grandes clauses de cet accord étaient de se mettre d’accord sur les modalités d’organiser les élections dans un bref délai et sur la façon de gérer le pays pendant le temps séparant la fin de mandat de Joseph Kabila des prochaines élections.
Le secrétaire général de la CENCO a été très clair là-dessus, indiquant que les évêques devaient repartir chacun dans son diocèse pour la fête de la Nativité.
Mais, malgré ces avancées significatives, le Rassemblement des Forces politiques et sociales acquises au changement rangé derrière Etienne Tshisekedi, continue à lancer un appel pathétique à la population congolaise l’exhortant à rester vigilante pour défendre la Constitution, afin de consolider la démocratie.
Décrispation de l’atmosphère politique
Une commission de magistrats devra se pencher sur les cas des prisonniers et exilés politiques emblématiques. Le but étant d’obtenir une » décrispation totale » du climat politique durant la période de transition.
Condamné à trois ans de prison dans une affaire de spoliation d’immeuble – un » procès politique « dénoncé par son entourage ainsi que par lui-même -et inculpé d’atteinte à la sûreté de l’État, l’opposant Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle, pourrait bientôt voir toutes ces charges abandonnées.
Six autres cas de prisonniers et exilés dont Moïse Moni Della, Eugene Diomi Ndongala, Floribert Anzuluni, Jean-Claude Muyambo, Antipas Mbusa Nyamwisi, Roger Lumbala devaient également être examinés en priorité.
Ce que prévoit le protocole d’accord
Le protocole d’accord prévoit que le président Kabila resterait un an de plus au pouvoir. L’élection présidentielle devra donc être organisée à la fin de l’année 2017. Joseph Kabila devant aussi s’engager à ne pas se présenter ni à réviser la Constitution, qui lui interdit de solliciter un troisième mandat.
En échange, le Rassemblement prendrait la tête d’un comité de suivi aux pouvoirs élargis. Ce comité de suivi devra être capable d’imposer le respect de l’accord. Il y aurait donc une sorte de partage du pouvoir à ce niveau-là, de contrôle sur le processus électoral.
La question du gouvernement d’union nationale a été aussi abordée. Il pourrait y avoir un nouveau gouvernement d’union nationale et un remaniement de la CENI, même si son président actuel, pourtant très contesté par le Rassemblement, devrait garder son poste.
Mais les institutions d’appui à la démocratie comme le Conseil supérieur de la Communication et de l’Audiovisuel (CSAC) seront restructurées.
Pour rappel, les négociations directes entre la MP et le Rassemblement sous la médiation de la CENCO visent à éviter le risque d’une nouvelle descente aux enfers du Congo, ravagé entre 1996 et 2003 par deux guerres ayant fait plusieurs milliers de morts.
L’Église catholique a joué un rôle majeur dans l’ouverture démocratique pendant la Conférence Nationale Souveraine(CNS) jusqu’à la chute de Mobutu, renversé en 1997 par Laurent-Désiré Kabila avec le soutien militaire du Rwanda, et de l’Ouganda.
Par Thony Kambila et DMK