Nouveau gouvernement : les Congolaises toujours sous représentées
Partager
C’est tard dans la soirée du 19 décembre dernier que le nouveau gouvernement de large union nationale, piloté par le Premier ministre Samy Badibanga, a été rendu public. Une équipe pléthorique de 67 membres, avec 3 vice-Premiers ministres, 7 ministres d’Etat, 34 ministres et 23 vice-ministres.
Comme toujours, les femmes sont sous-représentées tandis que les hommes se sont accaparés la part du lion. Une fois de plus, la gent masculine a démontré son intransigeance dans le partage du pouvoir en ce qui concerne la gestion de la chose publique. Aucune femme n’a pu convaincre pour assumer le poste de vice-premier ministre et de ministre d’Etat.
A peine quelques 5 femmes ministres et 2 vice-ministres figurent sur la liste de ce gouvernement. Il s’agit de Wivine Mumba Matipa (Portefeuille), Marie-Louise Mwange (Genre, Enfant et Famille), Martine Bukasa Ntumba (Développement rural), Marie-Ange Mushobekwa (Droits humains), Maguy Kiala (Jeunesse et Initiation à la nouvelle citoyenneté), Nathalie Mbul (Commerce extérieur) et Maguy Rwakabuba (Santé).
Au regard de cette réalité, les politiciens congolais croient qu’ils reviennent à, eux seuls, de jouir pleinement de bienfaits de la nature que regorge la République Démocratique du Congo (RDC). Les femmes quant à elles, doivent tout simplement accompagner son semblable sans aucune autre forme de procès. C’est cette conception qui anime la plupart des présidents des partis politiques en RDC.
La place des femmes au sein des partis politiques
Le faible taux de participation des femmes dans cette nouvelle équipe gouvernementale devrait normalement faire réfléchir toutes celles qui militent au sein de différentes formations politiques en RDC.
La question qui demeure est celle de savoir la place qu’occupent les femmes dans les partis politiques.
Sont-elles des figurantes, des accompagnatrices, des mobilisatrices, des sensibilisatrices, des propagandistes… ?
Autant de questions méritent d’être posées lorsqu’on remarque que ces politiciennes sont toujours relayées au second plan. Des compagnes politiques dont les capacités intellectuelles ne sont pas souvent prises en compte lors de la désignation des membres dans des postes de responsabilité dans le pays, se substituent aux mobilisatrices.
Et pourtant, ces partis politiques regorgent d’un nombre pléthorique d’intellectuels aussi bien des hommes que des femmes. Cependant, lorsqu’il s’agit de gérer les biens de l’Etat, elles sont carrément occultées pour plusieurs raisons.
Il est donc impérieux que ces femmes qui militent au sein des divers partis politiques congolais puissent exiger la redéfinition de leur rôle.
Même les partis politiques dits nationaux, avec un nombre record des hommes et des femmes, n’arrivent toujours pas de donner plus d’espace à leurs politiciennes. Intellectuelles ou pas, les femmes des partis politiques subissent malheureusement la loi de l’égoïsme masculin.
Malgré cela, le silence de ces militantes étonne plus d’un observateur averti qui se demande si la liberté d’expression existe réellement au sein de ces partis politiques.
Si tel était le cas, des voix de ces dames seraient déjà levées pour dénoncer une pratique qui ne favorise pas leur épanouissement politique du moment où elles adhèrent dans une formation politique pour la course au pouvoir. Un silence jugé pourtant coupable, étant donné qu’elles ne bénéficient pas des mêmes droits que leurs pairs masculins.
De toutes les façons, faut-il le soulever, des hommes qui accèdent à des postes de responsabilité ne valent pas mieux que des femmes oubliées.
Quand la parité est ignorée
La Constitution congolaise doit être respectée dans son entièreté, sans exception aucune. Curieusement, il y a des articles qui intéressent plus les politiques alors que d’autres sont ignorés. Il s’agit notamment de l’ignorance de l’article qui consacre la parité homme-femme.
Ainsi, cet article 14 stipule : « Les pouvoirs publics veillent à l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard de la femme et assurent la protection et la promotion de ses droits. Ils prennent, dans tous les domaines, notamment dans les domaines civil, politique, économique, social et culturel, toutes les mesures appropriées pour assurer le total épanouissement et la pleine participation de la femme au développement de la nation.
Ils prennent des mesures pour lutter contre toute forme de violences faites à la femme dans la vie publique et dans la vie privée. La femme a droit à une représentation équitable au sein des institutions nationales, provinciales et locales. L’Etat garantit la mise en œuvre de la parité homme-femme dans lesdites institutions… ».
Une loi dont l’application pose problème même par ceux qui se réclament être légalistes. Si déjà cette parité homme-femme n’est pas du tout respectée au sein des partis politiques, censés conquérir le pouvoir, il y a de quoi s’inquiéter pour l’avenir politique de celles qui y sont membres.
Aussi longtemps que ces créatures féminines seront incapables de défendre leurs droits et de les faire respecter, elles ne joueront que de rôle accessoire au sein de leurs formations politiques. Rappelons d’ailleurs qu’à l’époque, les femmes congolaises avaient milité farouchement pour la reconnaissance de la parité homme-femme dans la loi mère du pays.
Depuis, aucune autre action d’une telle envergure n’a été initiée afin de réclamer son application. Les Congolaises sont appelées à travailler dans la synergie pour défendre un droit non pas une faveur. Ce droit reconnu par la Constitution est à garantir par l’Etat.
Par Tantia Sakata