Les indicateurs étant au rouge en RDC : Primature à Badibanga, un cadeau » empoisonné » !
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Avec un budget réduit de moitié et des régies financières » contrôlées » par son prédécesseur via des mandataires nommés en catimini par celui-ci, le nouveau Premier Ministre risque de ne pas répondre aux multiples défis qui l’attendent
Le nouveau Premier ministre nommé a été reçu, pour la première fois depuis sa nomination, par le Chef de l’Etat le mardi 22 novembre 2016. Et au sortir de cette audience, Samy Badibanga Ntita dont le Gouvernement sera probablement investi la semaine prochaine a voulu se montrer optimiste face aux multiples défis auxquels il devra faire face, si l’on en juge par les déclarations qu’il a faites à la presse.
Mais pour des observateurs avertis, le contexte dans lequel ce nouveau « collabo » de la Majorité présidentielle hérite de la Primature n’augure rien de rassurant tant pour l’avenir politique du pays que pour le social des Congolais qui va sans doute continuer à dégringoler.
Car, de tels défis ne pourront être relevés qu’avec des moyens financiers conséquents en terme de budget national que le nouveau locataire de l’hôtel du Gouvernement n’aura malheureusement pas.
En effet, avec un projet de budget aujourd’hui réduit à environ 4 milliards de dollars seulement, alors que son prédécesseur a eu à gérer les affaires du pays avec un budget de plus de 8 milliards, voire 9 milliards de dollars, Samy Badidanga hérite d’un cadeau qui n’en est pas un.
C’est dire que la mission confiée au nouveau Premier ministre, notamment celle de conduire rapidement la RDC à des élections crédibles et apaisées tout en essayant d’améliorer tant soit peu les conditions sociales des populations est d’office vouée à l’échec.
Sinon, où le successeur d’Augustin Matata Ponyo trouvera-t-il l’argent à mettre à la disposition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pour l’organisation rapide des élections crédibles tant réclamées et que le Gouvernement sortant n’a pas pu organiser dans le délais prévu par la Constitution ?
La question préoccupe de nombreux Congolais et même les partenaires traditionnels de la RD Congo soucieux de voir ce vaste pays au cœur de l’Afrique respecter son cycle électoral.
Encore des manœuvres dilatoires !
Présenté comme le Premier ministre issu de l’Opposition par la majorité au pouvoir quand bien même celui-ci a déjà été exclu de l’UDPS, parti cher à Etienne Tshisekedi wa Mulumba, Samy Badibanga Ntita a un rendez-vous avec l’histoire pour prouver le contraire à ceux qui le présentent déjà comme un homme qui aura plus à exécuter les ordres émanant de la Majorité qu’à prendre des initiatives courageuses.
Les détracteurs du nouveau Premier ministre attendent notamment de voir Samy Badibanga à l’œuvre, lorsqu’il aura à défendre le projet révisé du budget 2017 devant l’Assemblée Nationale, afin de se donner les moyens de sa politique.
Histoire aussi de sortir des sentiers de son prédécesseur qui avait cru bien faire en présentant devant le Parlement un projet de budget dérisoire et contrastant avec les immenses ressources de la RDC, au motif que cela serait lié à la baisse des cours des matières premières.
Auteur de quelques propositions sur la réforme fiscale lorsqu’il siégeait à la Chambre basse du Parlement, le nouveau patron de la Primature a désormais la belle occasion pour montrer tout son savoir-faire en matière d’amélioration du climat des affaires et de maximisation des recettes au profit du trésor public.
L’argent, la République démocratique du Congo en a bel et bien besoin par le temps qui coure, afin d’améliorer le social des Congolais et organiser rapidement les élections présidentielle et législatives, au nom de l’alternance démocratique. Surtout quand on sait que le second et dernier mandat de Joseph Kabila à la tête du pays expire constitutionnellement le 19 décembre 2016 à minuit.
« Glisser » même en 2018 !
Le Premier ministre sortant Matata Ponyo a beau avoir démissionné depuis le 14 novembre 2016, celui-ci ne s’est pas privé de mettre à profit la période d’expédition des affaires courantes pour nommer silencieusement de nouveaux responsables à la tête des régies financières (DGI et DGRAD) et adjoindre un nouveau DGA au DG de la DGDA (ex-Ofida).
Parmi les heureux « promus » figure l’ex-directeur de cabinet du Premier ministre sortant qui se retrouve désormais aux commandes de la DGI, grande pourvoyeuse des recettes de l’Etat !
Dans ce « cafouillage », de nouveaux mandataires sont se retrouvent également à la tête de quelques entreprises par la volonté du Gouvernement démissionnaire, alors que tout cela devait se faire dans la transparence requise concernant les affaires de l’Etat.
Ces nominations faites dans la précipitation ne seraient que l’arbre qui cache la forêt. Car, en mettant le nouveau Premier ministre devant ce fait accompli, son prédécesseur le prive de l’occasion de nommer des mandataires capables de l’aider à maximiser les recettes de l’Etat pour atteindre les objectifs lui assignés.
Déjà on apprend que le nouveau premier Ministre risque de ne pas avoir la main mise sur les ministères de souveraineté.
Comme on le voit, le décor est tout planté pour minorer les recettes de l’Etat pour justifier, le moment venu, la non organisation des élections, afin de donner une fois encore à Joseph Kabila l’occasion de s’éterniser au pouvoir, en violation de la Constitution de notre pays.
Par DMK