Zaïna Kere-Kere Mishe : « Mes prix me viennent après un travail abattu…»
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En 13 ans de carrière professionnelle, Zaïna Kere-Kere Mishe, journaliste à Numerica Tv, compte déjà trois prix. Graduée en journalisme à l’Institut Facultaire des Sciences de l’Information et de la Communication (IFASIC), elle a également suivi d’autres formations sur le journalisme à Kinshasa et à l’extérieur du pays.
Passionnée par son métier, elle nous a avoué ne pas regretter d’avoir choisi le journalisme comme profession. « Je ne déteste rien dans ce métier, excepté son système de fonctionnement dans notre pays. C’est un très bon métier.
Comment le détester lorsqu’il me permet de rencontrer toutes les catégories sociales (riches et pauvres). Je dirais que je suis au milieu du monde. Je resterai journaliste jusqu’à ma mort, à moins que d’autres tâches m’appellent », a-t-elle déclaré avec assurance.
Différents prix gagnés
Son récent prix ‘’Accer Awards’’ est celui de meilleur journaliste reporter de télévision africaine en matière de changement climatique lié à l’environnement. Un trophée qu’elle a reçu le 22 octobre 2016, à Addis-Abeba en Ethiopie. Elle a, en fait, démontré l’impact du changement climatique dans le bassin du Congo.
Elle a relevé les méfaits de l’abattage d’arbres pour les transformer en charbon et ses conséquences au niveau de tarissement de certaines rivières et des ruisseaux en Rd Congo.
Cette récompense africaine a été un motif de satisfaction pour la lauréate, étant donné que son travail fut reconnu sur le continent. « Je vous avoue que j’étais très émue.
Au-delà de l’émotion, je me disais que je ne suis pas digne de recevoir ce prix parce qu’à côté de moi, il y avait des journalistes professionnels ayant déjà reçu des prix internationaux et compétis à des grands concours. C’était émouvant de se retrouver avec ces grands journalistes qui ont déjà fait leur preuve dans plusieurs domaines.
Sur place, j’étais également félicitée par certains Congolais vivant en Ethiopie venus assister à la cérémonie de remise des prix. Ils en étaient fiers parce que je représentais la nation au milieu d’une dizaine d’autres nationalités. C’est vraiment extraordinaire de pouvoir vivre cet instant.
Par-dessus tout, je m’étais agenouillée afin dire merci au Seigneur Jésus pour sa grâce ; une façon pour moi de lui témoigner ma reconnaissance ».
Le 2ème prix gagné en mars de l’année dernier par Zaïna Kere-Kere Mishe, est celui des journalistes des Droits de l’Homme ‘’JDH2015’’. Elle l’a eu après avoir réalisé un reportage sur les mariages précoces.
« J’avais relaté l’histoire d’une fille de 16 ans, devenue mère à l’âge de 12 ans. Je ne pouvais pas comprendre qu’une enfant ayant encore envie de jouer puisse s’occuper d’un enfant.
Mais là où j’ai été intéressée, c’est lorsqu’elle a voulu se marier. Donc, la fille était à la fois victime d’une grossesse précoce et victime d’un mariage précoce. Par l’occasion, j’avais même fait parler ses parents », fait-elle savoir.
Enfin, le 1er prix lui avait été décerné en 2011 par les Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA. Ce prix, selon elle, est le couronnement d’un petit film de 26 minutes sur les fistules uro-génitales. « J’ai réalisé ce reportage à la clinique ‘’Fistula cœur’’ qui s’occupe uniquement des femmes souffrant de cette maladie.
Mon récit tournait autour d’une femme venue de la province du Kongo-Central pour se faire opérer. J’ai suivi son opération et son intégration à Kinshasa avant qu’elle ne rentre dans sa province. Il y avait aussi plusieurs autres femmes des différentes provinces qui attendaient également une intervention chirurgicale.
Ce petit film a été aussi diffusé sur TV5 dans l’émission ‘’Quoi de neuf’’. Je vous informe qu’après sa diffusion, l’UNFPA a été touché de voir que la sensibilisation avait atteint le niveau international. Depuis, la clinique a enregistré un nombre important des femmes jamais recueillies. C’est par rapport à l’augmentation des patientes que ce prix m’a été décerné par l’UNFPA », relate Zaïna Kere-Kere.
Interrogée sur son désir d’arracher d’autres prix, la journaliste dit ne rien savoir, avant de souligner que « je ne suis pas une journaliste opportuniste parce que je ne cherche pas à fouiller où faut-il postuler pour glaner un prix.
Mes prix me viennent après un travail abattu, c’est-à-dire j’ai déjà traité les sujets avant que les concours n’arrivent. Je vous assure que je ne m’attendais pas à voir l’UNFPA me primer ».
En outre, selon elle, la réussite de son travail réside dans son expression pour un reportage: « Le choix d’un bon angle et l’élaboration d’un plan sont une étape capitale pour un reportage réussi, au-delà de l’écriture, du style, qui sont une démarche à trouver, à acquérir ou forger pour obtenir une touche unique à votre travail ».
Parcours et combats
Zaïna Kere-Kere est parmi les rares femmes journalistes congolaises ayant fait toute la presse (Agence de presse, Presse-écrite, la Radio et la Télévision). Et de préciser « j’ai écris dans plusieurs journaux et magazines de la RD Congo. Je fus correspondante de Radio France Internationale (RFI) pendant 4 ans pour le compte de l’émission ‘’Reine d’Afrique’’ et correspondante sur Canal+.
J’ai présenté plusieurs émissions à la télé ». Cependant, elle a mis du temps pour pouvoir passer à la télé bien qu’elle évoluait à la chaîne de télé Numerica Tv. « Dans la vie, il faut se préparer. Je ne fais pas le journalisme pour le vedettariat », a-t-elle martelé.
S’agissant de son souvenir inoubliable, cette journaliste révèle que « Ce ne sont pas le voyage ni les prix gagnés, mais bien le cri de cœur d’un jeune garçon de 14 ans à Fizi.
Alors que j’assistais au retour des réfugiés congolais des pays voisins, ce garçon qui revenait de l’Ouganda m’a supplié de dire au Ministre de l’Enseignement Primaire et Secondaire (EPSP) de leur construire une école technique pour lui permettre de poursuivre ses études. Ce souvenir me hante jusqu’aujourd’hui ».
Concernant le sens de son combat, elle renseigne qu’elle est engagée dans plusieurs causes en Rd Congo, notamment la défense des femmes victimes des violences sexuelles, la protection de l’environnement et de la bonne santé maternelle, etc.
Au sein du Collectif des femmes unies contre les violences faites à la femme en RDC, cette journaliste était l’invitée du journal télévisé de TV5monde, à Paris, pour décrier, surtout les violences sexuelles qu’ont connues les femmes congolaises.
Propos recueillis par Tantia Sakata