Dernière visite d’une forte délégation du Conseil de Sécurité de l’ONU en RDC : Plus de souhaits entendus que d’engagements!
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Les 15 soutiennent une transition pacifique dans le respect de la constitution congolaise
Les Ambassadeurs des 15 pays membres du Conseil de Sécurité de l’ONU ont effectué, du 11 au 13 novembre, une mission de trois jours en République démocratique du Congo.
Cette mission de travail entre dans le cadre de la diplomatie préventive que mène le Conseil de Sécurité des Nations Unies dans les pays membres, a expliqué Ismael Abraao Gaspard Martins, l’ambassadeur de l’Angola auprès des Nations Unies, au cours d’une conférence de presse tenue le samedi dernier à Kempinski Hôtel Fleuve Congo, aux cotés de François Delattre, ambassadeur de la France à l’Onu et de Maman Sambo Sidikou, le chef de la Monusco.
S’exprimant devant la presse, les diplomates onusiens ont plutôt brandi leurs souhaits de voir les choses évoluer dans le sens positif, mais sans pour autant prendre des engagements concrets. Ce qui est insuffisant pour la RDC qui se trouve dans une situation de bipolarisation politique avec en face le Rassemblement des Forces politiques et sociales acquises au changement, rangé derrière Etienne Tshisekedi et Moise Katumbi qui exigent le respect de la Constitution, et de l’autre côté, la Majorité Présidentielle et ses béquilles qui tiennent coûte que coûte à rester au pouvoir au-delà des limites tracées par la loi fondamentale.
La délégation du Conseil de sécurité a rencontré le président sortant, Joseph Kabila, les organisations de la société civile, l’opposition ayant pris part au dialogue de Kodjo ainsi que le Rassemblement.
Après avoir rencontré toutes les parties prenantes à la crise congolaise, le Conseil de sécurité a noté des convergences sur refus de la violence, et la promotion du dialogue. « On ne peut sortir de la crise qu’avec le dialogue. Nous sommes dans un processus de la diplomatie préventive », a déclaré Ismaël Abraao Gaspard Martin.
Après avoir écouté et entendu les uns et les autres, la délégation du Conseil de Sécurité des Nations Unies a appelé à une transition pacifique vers une élection apaisée.
« Nous avons rappelé que la RDC est à un moment charnière de son histoire, une transition pacifique doit conduire à des élections apaisées », a déclaré à la presse l’ambassadeur de France auprès des Nations unies, François Delattre, à l’issue d’un entretien de plus d’une heure et demie avec J. Kabila.
François Delattre a également lancé un appel à la responsabilité de tous les acteurs politiques congolais.
« Il revient aux forces vives de maintenir le pays sur le chemin de la paix », a-t-il dit.
Pour sa part, le président Kabila a invité la délégation onusienne à écouter les Congolais et à les aider à trouver une solution telle qu’ils le conçoivent, parce que la situation est très complexe, a déclaré à l’AFP le porte-parole du gouvernement Lambert Mende.
Pour ce dernier, l’accord du 18 octobre doit être considéré comme le socle, le point de départ, la pierre angulaire vers laquelle la communauté internationale doit agir pour ramener tout le monde a un compromis.
Vivement un large consensus
Pour la majorité des Congolais interrogés, la visite de la délégation du Conseil de Sécurité en RDC en ce moment crucial était l’occasion pour les Nations Unies pour apporter leur recette afin de sortir le pays de la crise politique intentionnellement créée suite à la non organisation des élections dans les délais prévus par la Constitution.
Mais au lieu de prendre des engagements, l’ONU estime que l’accord politique signé à l’issue du dialogue est une étape importante.
Les 15 ont souhaité la poursuite des discussions pour arriver à un « large consensus ». Démarche entreprise par la Conférence Episcopale nationale du Congo (CENCO) pour obtenir l’adhésion de tout le monde dans cette démarche.
«L’accord du 18 octobre a été une étape. Les discussions doivent pouvoir se poursuivre dans un cadre large inclusif afin d’atteindre le consensus large sur un calendrier électoral précis, accompagné des mesures de confiance», a déclaré l’ambassadeur de la France à l’ONU, François Delattre.
L’ambassadeur de l’Angola à l’ONU, Ismaël Abraao Gaspar, a également fait savoir que l’accord issu du dialogue de la Cité de l’Union africaine est une base sur laquelle les discussions doivent continuer pour aboutir aux élections crédibles et éviter un chaos au pays.
Pour Ismaël Abraao Gaspar, «bâtir veut dire ne pas détruire, ne pas semer le chaos dans un pays qui ne peut plus vivre avec des situations du passé chaotique ». Fait étonnant surtout qu’avant la visite en RDC, ce diplomate angolais avait un ton exigeant vis-à-vis de Kinshasa. Mais on ne comprend pas comment Ismaël Abraao Gaspar a brusquement baissé de rythme, après la rencontre avec J. Kabila.
«La feuille de route est là. La mise au point va être menée à bien. Ça, il nous a rassurés davantage. L’accord qui a été signé est une base mais il faut bâtir. Qui doit bâtir ? Le peuple congolais avec ses dirigeants et tout son peuple», a souligné le diplomate angolais.
En effet, la solution à la crise congolaise ne viendra ni de l’ONU ou des puissances étrangères, mais des Congolais, a lâché un membre du mouvement citoyen après leur rencontre avec la délégation onusienne samedi dernier à Kempinski Hôtel Fleuve Congo.
Non aux restrictions de l’espace démocratique
François Delattre a pour sa part plaidé pour le respect de la liberté d’opinion, de réunions et l’accès équitable aux médias. « Nous lançons un appel à la responsabilité à l’endroit des acteurs politiques pour des élections crédibles et apaisées », a-t-il dit.
«La sécurité et la liberté de circulation de tous doivent être assurées. A ce titre, nous avons appelé les autorités congolaises à rétablir le signal de RFI et à lever l’interdiction de manifester. Naturellement, le sort de la Radio Okapi a également été mentionné», a-t-il poursuivi.
Compatir avec les martyrs de Beni
Le Conseil de Sécurité dit également être préoccupé par la situation sécuritaire précaire à l’Est de la RDC. C’est pourquoi cette la délégation onusienne s’est rendue hier dimanche à Beni, territoire en proie à des tueries depuis plus de deux ans.
Arrivés vendredi dernier à Kinshasa en provenance de New-York, pour une mission de trois jours, les membres du conseil de sécurité ont exprimé leur volonté de travailler avec les Congolais pour parvenir à la stabilité politique dans le pays.
«Il faut avoir la paix politique, être à l’écoute de la communauté internationale qui veut travailler avec les Congolais pour arriver à cette stabilité politique», déclarait Ismaël Abraao Gaspar Martins.
En principe, le Conseil de Sécurité des Nations Unies est composé de 15 membres, dont 5 permanents comme la Chine, les Etats-Unis d’Amérique, la Fédération de Russie, la France et le Royaume-Uni, et 10 non permanents, élus par l’Assemblée générale pour un mandat de deux ans.
Il y a, entre autres, l’Angola (2016), l’Égypte (2017), l’Espagne (2016), le Japon (2017), la Malaisie (2016), la Nouvelle-Zélande (2016), le Sénégal (2017), l’Ukraine (2017), l’Uruguay (2017) et le Venezuela (2016).
out Etat membre des Nations Unies qui n’est pas membre du Conseil de Sécurité peut être convié à participer, sans droit de vote, à la discussion de toute question soumise au Conseil lorsque celui-ci estime que les intérêts de ce membre sont particulièrement affectés.
Tout Etat, qu’il soit membre des Nations Unies ou non, s’il est partie à un différend examiné par le Conseil de Sécurité, peut être convié à participer, sans droit de vote, aux discussions relatives à ce différend. Mais le Conseil détermine les conditions qu’il estime justes de mettre à la participation d’un État qui n’est pas membre de l’Organisation, a confié un expert spécialisé aux questions onusiennes.
Par Godé Kalonji