Glissement : Alexis Mutanda dévoile le plan monté
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Il s’est aussi prononcé sur des questions vitales à la marche de la RDC, de son propre parti,
l’UDPS, ainsi que celle de ses structures philanthropiques
Le Député national, élu de la ville de Mbuji-Mayi pour le compte de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), Alexis Mutanda Ngoy Muana, a accordé une interview, à bâtons rompus, à un groupe de journalistes de Kinshasa le mercredi 2 Novembre 2016, sur les questions d’actualité en RDC.
Le patron du groupe La Tempête des Tropiques, Canal Numérique Télévision et Trinitas-Fm est revenu sur l’Accord politique issu du Dialogue de la Cité de l’Union Africaine à Kinshasa, facilité par le Togolais Edem Kodjo, la position prise par des Chefs d’Etat et de délégations lors du sommet de la SADC, de la CIRGL et de l’UA tenu le mercredi 26 octobre à Luanda, en Angola, sur la RDC, les malversations financières dénoncées par le journal belge Le Soir.
Enfin, Alexis Mutanda rêve, comme à l’époque de Martin Luter King aux Etats-Unis d’Amérique, de voir la population congolaise vivre en liberté, en profitant de l’immense richesse que regorge la RD Congo, le 19 décembre prochain, date de la fin du second et dernier mandat de l’actuel chef de l’Etat congolais, conformément à la Constitution du pays.
Il a soutenu que, «depuis 1960, les Congolais attendent plusieurs choses : la liberté, la justice, pour profiter des richesses du pays. Le peuple tient à ce que d’ici décembre 2016, ce chèque de la liberté et de la justice, comme il a été relevé en citant Martin Luter King, puisse lui être payé. Il doit donc se prononcer sur les nouveaux mandataires».
Avec les événements malheureux des 19 et 20 septembre derniers, son parti a payé un lourd tribut avec plusieurs combattants tués et blessés. C’est ainsi qu’il a profité pour présenter les condoléances les plus attristées aux familles des victimes qui rallongent, selon lui, la liste des martyrs du parti.
Ci-après l’entretien.Question: Le Dialogue politique de la Cité de l’UA, facilité par le Togolais Edem Kodjo, a été sanctionné part un «Accord politique», qui permet l’organisation d’une transition de 18 mois, la mise en place d’un gouvernement d’union nationale, dont la primature est confiée à l’Opposition politique, présente à ce forum. Quelle est votre lecture de ces travaux organisés en l’absence de la frange la plus importante de l’opposition dans le pays?
Alexis Mutanda N.M: Vous savez que le dialogue qui vient de se tenir, il y a quelques jours à Kinshasa, a fait couler beaucoup d’encre, spécialement dans la presse nationale.
Ce dialogue remonte à l’année passée lorsque l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social), a fait sortir sa Feuille de route demandant aux acteurs politiques congolais de se mettre autour d’une même table pour préparer les élections de 2016.
Cette feuille de route qui n’a été bien accueillie ni par M. Kabila, ni par la majorité, parce que ces messieurs trainaient les pieds. Ce n’est qu’en novembre 2015 qu’on a vu Kabila surgir de quelque part pour demander aux politiciens congolais de se mettre ensemble pour débattre de la question électorale. Ensuite, on a vu de quelle manière ce dialogue a été convoqué par le Président.
Et puis, il y a eu deux camps; la majorité et l’opposition, auxquelles se sont ajoutées certaines organisations de la société civile qui ont signé «l’Accord politique», dont il est question pour le moment, en laissant derrière la grande partie de l’opposition politique qui n’a pas signé le fameux accord.
Pour l’opposition, le point d’achoppement a demeuré la désignation d’Edem Kodjo, comme facilitateur, sans oublier la libération des prisonniers politiques, ainsi que plusieurs autres réclamations.
Aussi, les évènements des 19 et 20 septembre derniers étaient venus noircir le tableau. Evidemment, la conclusion que nous avons sur la table représente unilatéralement une partie seulement de l’opposition et la majorité.
La grande partie de l’opposition ne s’est pas retrouvée dans l’accord. Etant donné que les enjeux de l’heure sont tellement importants, puisqu’il est question de l’organisation des élections, du respect de la Constitution et des lois du pays, même le peuple qui a suivi de très prêt ce dialogue ne s’est pas retrouvé, on peut dire que l’accord a satisfait une seule partie de la classe politique et l’opposition dans sa majorité ne se trouve pas concernée .
Question: En rapport toujours avec l’Accord politique de la Cité de l’Union Africaine à Kinshasa, le dernier sommet de la SADC, CIRGL, l’UA tenu à Luanda, le 26 Octobre dernier, l’a approuvé. Quelle est votre réaction en tant que représentant du peuple?
A.M.N.M: Il est tout fait normal que les Chefs d’Etat réunis à Luanda puissent donner leur avis sur cet accord. Surtout qu’il s’agissait de la 7ème réunion du Mécanisme de suivi depuis la signature de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba.
Concernant l’examen de la situation par ces chefs d’Etat africains, il n’y a que la classe politique et le peuple congolais qui puissent évaluer la vraie valeur en ce qui concerne le fond de cet accord. Puisque quand on évalue cet accord, il y a pas mal de choses qui n’ont pas donné satisfaction, spécialement en ce qui concerne le respect de la Constitution.
Quand on sait que la plupart des chefs d’Etats et des pays qui avaient signé l’Accord-cadre d’Addis-Abeba étaient tous d’accord pour que la forme et l’esprit de la constitution soient respectés. Concernant la position des chefs d’Etat à Luanda, celle-là n’étonne pas, parce que la plupart se retrouvent tous dans la même situation que Kabila.
Question: Pensez-vous qu’un deuxième dialogue politique est important pour résoudre la crise au pays. Quand on sait que l’un de ses ténors du Palu, l’ancien Premier ministre Muzito, qui n’a pas signé l’Accord, parle plutôt d’un deuxième round pour recadrer les choses. Parce que pour lui, tout n’est pas mauvais dans ce fameux accord?
A.M.N.M: C’est tout à fait évidemment. Vous ne citez que cette personnalité politique, il y a aussi la CENCO (Conférence épiscopale nationale du Congo) est arrivée à la même conclusion. Les membres de la CENCO ont trouvé après leur analyse que l’accord signé n’est pas complet pour que les élections qui viendront se fassent de manière apaisée.
Vous faites allusion au fichier électoral, selon cet accord, il faut que d’ici le mois de juillet 2017 que ce fichier soit disponible. Ce même accord parle qu’il faut universaliser les choses, c’est-à-dire que nos compatriotes au pays et ceux de la diaspora soient enrôlés.
Je me demande comment est-ce que la CENI (Commission électorale nationale indépendante), qui est un organe technique du gouvernement saura enrôler d’ici 10 mois tous les compatriotes de la diaspora. C’est une sorte d’attrape nigaud qui s’est glissée. Parce que vous allez voir qu’en cette date, ces gens-là de la CENI vont revenir pour nous dire qu’ils n’ont pas terminé l’enrôlement.
Vous n’allez pas dire qu’il n’y a pas des Congolais en Alaska, en Sibérie, dans 54 Etats aux USA et autres pays du monde, qu’il faut tous les enrôler. Sans oublier les problèmes de représentation de nos diplomates à l’étranger, dont certains n’ont même pas de bureaux.
Il est évident qu’au mois de juillet 2017, que la CENI dise qu’elle n’a pas de fonds pour poursuivre l’enrôlement. Ce n’est qu’un aspect du problème. Aussi, nous savons qu’en 2006 et en 2011, c’était la firme GTS qui fournissait les matériels électoraux à la CENI, soudain en 2016, on a changé les choses. Maintenant, c’est un autre fournisseur français qu’il est accepté par la CENI.
Tous les matériels qui étaient utilisés à l’époque de la GTS sont déclassés, alors qu’ils comportaient des données qui pouvaient être utilisés par la
Question: A propos toujours du dernier sommet de la SADC, de la CIRGL et de l’UA, la mise en garde a été lancée à tout celui qui saperait les résolutions du Dialogue, notamment la mise en place d’un gouvernement d’union nationale.
Pour le Rassemblement, il faut un «un régime spécial» après la date du 19 décembre 2016, pendant que la Constitution prévoit le remplacement du président du Sénat à la tête du pays en cas d’empêchement. Ainsi, de la transition avec un gouvernement d’union nationale, du régime spécial et de la Constitution, qu’est-ce qui est légal?
A.M.N.M: Nous sommes des Congolais, je suis blessé personnellement par cette parole si elle est réelle. Le problème congolais devait concerner les Congolais. Vous ne trouvez pas que c’est humiliant que d’autres chefs d’Etat ou étrangers puissent décider à notre place. C’est de l’ingérence étrangère qu’on ne peut pas tolérer.
Cela entre dans la ligne de conduite de la majorité. Ce qui prouve le manque de leadership au niveau de nos dirigeants. Pour ce qui est de la fin du mandat de Kabila, il est vrai qu’il y a une disposition de la Constitution stipulant que le président du Sénat remplace le chef de l’Etat en cas d’empêchement définitif.
Il y a effectivement à cette date du 19 décembre 2016, un empêchement définitif, parce que Kabila est à la fin de son dernier mandat. Est-ce qu’on peut organiser les élections trois mois après si le président du Sénat prenait le pouvoir, comme indique cette constitution?
Il y a de vrais problèmes de constituer le fichier électoral avant ces trois mois, convoquer l’électorat et organiser les élections. C’est pour cette raison, le Rassemblement, qui réunit plusieurs partis politiques de l’Opposition veut qu’on harmonise les avis des uns et des autres avec les résolutions de la Cité de l’Union Africaine, afin d’avoir une solution unique et parvenir à un large consensus.
Il y a même les évêques, qui sont des messieurs très respectables, même les pays étrangers comme la France et les Etats-Unis, qui sont de même avis qu’il faut retourner à la table de négociation pour effectivement harmoniser les points de vue des uns et des autres.
La souffrance a dépassé les limites, les problèmes sociaux ont dépassé les limites, le peuple n’a plus de patience, il faut que les politiciens se retrouvent pour harmoniser leurs points de vue afin de satisfaire tout le monde. On ne dit pas que tout ce qui a été fait à la Cité de l’UA est mauvais, mais il y a des trous, il y a des choses qu’il faut recadrer.
Il y a un choix qui a été fait pour satisfaire Kabila et sa majorité. C’est pourquoi il faut se mettre de nouveau ensemble pour trouver une solution définitive et durable à cette situation.
Question: Monsieur le député, comment vous pouvez dire que l’accord satisfait seule la majorité, alors que du côté du Rassemblement, il y a des départs, le cas de Willy Mishiki?
A.M.N.M: C’est une problématique sur la qualification de nos acteurs politiques congolais. Ce n’est pas la première fois. Lorsque cet homme, avec sa plateforme, a adhéré au Rassemblement, il devait s’engager à respecter la ligne politique du regroupement.
Quelqu’un qui a été à la majorité pour venir après à l’opposition, et encore à l’opposition, on peut bien comprendre la qualification de ce genre d’hommes politiques. De toutes les façons, ce n’est pas la première fois, même à l’époque de la Conférence nationale souveraine, il y avait des gens qui avaient travaillé pendant longtemps avec Mobutu en se déclarant le lendemain de l’opposition, et faire passer par après la troisième voie. C’est ainsi qu’il était né le cafouillage total dans le pays.
Question: Par rapport toujours à l’UDPS, on sait que votre maison confiée au parti pour servir de permanence a été malheureusement saccagée par les gens de mauvaise foi pour de raison qu’on ignore jusque-là. A l’heure actuelle, où en est-on avec ce dossier?
A.M.N.M: Merci pour cette question, mais je n’aime pas qu’on pose des questions sur les problèmes qui me concernent personnellement, puisque vous me posez la question, je suis obligé de vous répondre. Les faits remontent en 2003, après le Dialogue inter congolais de Sun city, le ministre de l’Intérieur de l’époque avait demandé à chaque parti politique de disposer d’un siège et d’une adresse pour raison d’ordre.
C’est ainsi que nous avions acquis cette maison que nous avions donné à titre gracieux au parti pour servir de permanence. J’étais moi-même à cheval entre Kinshasa et l’Afrique du Sud.
Tout est parti lorsque l’ancien secrétaire général, Bruno Mavungu a tenu un point de presse dans la permanence, au lieu de s’attaquer à la personne, ce sont les gens qui étaient venus pour faire le déménagement qui ont détruit la maison.
On ne comprend pas comment est-ce qu’un parti de l’Opposition qui a été accepté par la masse, qui a longtemps prôné les valeurs démocratiques, longtemps lutté contre les antivaleurs, a combattu Mobutu et continue le combat jusqu’aujourd’hui puisse accepter de tels comportements.
Le parti a toujours critiqué l’impunité ayant la peau dure jusqu’à ces jours depuis Mobutu mais malheureusement on semble se livrer aux mêmes choses déplorées par le passé. Ce sont des combattants qui ont cassé les fenêtres, les portes.
Il est tout à fait normalement qu’ils n’aient pas digéré l’annonce par Mavungu de la création de son parti politique dans la permanence de l’UDPS. C’est une faute commise par une personne, la maison n’a rien avoir avec la déclaration de cet ancien secrétaire général. Maintenant que les combattants victimes des incidents des 19 et 20 septembres sont enterrés, nous espérons qu’une solution va être trouvée par rapport à cette situation.
Question: Le journal belge «Le soir» a fait une révélation sur de malversations financières auxquelles se seraient livrés des proches du président de la République, à partir d’une banque commerciale qui a permis des transactions de l’argent prévu pour le processus électoral. Quel est votre réaction?
A.M.N.M: J’ai lu l’article comme tout le monde. Il y a un aspect qui m’a frappé, en dehors de la CENI, il y a les comptes de la Gécamines (Générale de carrière des mines) qui ont été siphonnés. Ici, il s’agit des fonds de la République détournés au moment où la CENI a besoin d’argent pour organiser les élections.
La révélation du journal belge vient confirmer l’inquiétude des Congolais. Il s’agit d’une architecture montée et organisée pour imposer aux Congolais le glissement. Surtout que les révélations ne viennent pas d’un agent simple, mais d’un haut cadre de cette banque.
Aussi, le journal belge est assez expérimenté pour ne pas sortir n’importe quelle information. Si quelqu’un est lésé, il doit aller devant les cours et Tribunaux. On n’est pas là pour dire que la CENI à tort ou raison.
Question: Le Député national dispose aussi d’une Fondation dénommée «Fondation Alexis Mutanda» (FAM), peut-on savoir pourquoi vous avez pris l’initiative de lancer cette structure et qu’est-ce qu’elle fait concrètement sur le terrain? Si vous pouvez, en outre, nous faire un petit bilan de cette fondation, surtout qu’il existe également une autre structure «Les Amis d’Alexis Mutanda»
AMNM: La Fam est opérationnelle depuis plusieurs années. Nous avons eu à nous occuper des handicapés, des aveugles et autres personnes vulnérables de la ville de Kinshasa. A Mbuji-Mayi, ma circonscription électorale, nous sommes aussi venir en aide aux vulnérables selon nos moyens. Nous ne faisons pas de publicité sur ce que nous faisons.
A l’heure actuelle, dans mon territoire de Katanda, nous avons pris l’initiative de faire participer la population à fabriquer les briques pour la construction une école qui se trouve dans un état de délabrement. Une occasion pour certains de trouver un peu d’argent afin de vivre. C’est aussi dans cette optique qu’il y a également les «Amis d’Alexis Mutanda» qui ont adhéré à notre philosophie de voir les choses pour un Congo meilleur.
Par LKT et GKM