Après deux jours de manifestations : Kinshasa compte encore ses morts
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Comme lors des manifestations du 19 et 20 janvier 2015, les dates du 19 et 20 septembre 2016 resteront gravées dans les annales de l’histoire de la RDC. Pourtant autorisée par l’autorité urbaine, la marche pacifique organisée le lundi 19 et mardi 20 septembre 2016 par le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement a été réprimée dans le sang.
Une cinquantaine de personnes, selon l’opposition, 19 selon le pouvoir ont perdu la vie, fauchées par des armes létales dont les hommes en uniforme ont fait usage.
Quand bien même la marche pacifique a été qualifiée de « mouvement insurrectionnel » ayant raté sa cible par le pouvoir, ce dernier ne devait en aucune manière ordonner à ses troupes d’ouvrir le feu à balles réelles sur la foule de manifestants qui eux, n’étaient pas armés.
La situation ayant dégénéré dans la capitale congolaise, la communauté internationale qui a la puce à l’oreille a vite fait d’appeler les autorités de Kinshasa à mettre un terme à la répression et à promouvoir les principes démocratiques à travers notamment un dialogue véritablement inclusif.
Comment en est on arrivé là ?
Quelques facteurs peuvent justifier la colère populaire que Kinshasa a connue durant les deux jours fatidiques. L’opposition avait invité les Congolais soucieux de faire respecter la constitution de notre pays à se lever comme un seul homme pour dénoncer l’incapacité de la CENI à organiser l’élection présidentielle à la date constitutionnelle prévue du 19 septembre 2016.
Les Kinois ont tenu également à manifester leur indignation à l’égard du dialogue politique non inclusif ouvert par le facilitateur togolais Edem Kodjo. Tout laisse croire qu’à aucun moment les aspirations du peuple ne seront prises en compte dans cette messe noire. Surtout que la situation sociale que traverse la population demeure précaire et l’insécurité généralisée qui règne dans le pays continue d’inquiéter tout le monde.
C’est pour toutes ces raisons et pour tant d’autres que le souverain primaire, péjorativement qualifié de « la rue » s’est exprimé en ces dates pour appeler au départ de Joseph Kabila dès que le mandat de celui-ci aura expiré le 19 décembre 2016 à minuit. D’autant plus que tous les faits et gestes posés par la famille présidentielle montrent que l’actuel chef de l’Etat tient à prolonger son second et dernier mandat qui pourtant s’arrête dans trois mois exactement.
Raison pour laquelle l’opposition a appelé à la marche pacifique à l’issue de la quelle elle devait déposer un mémo à la Ceni assorti d’un préavis de trois mois pour le président Kabila, au palais présidentiel.
Le Président de la République qui est sans ignorer les aspirations du peuple à l’alternance est appelé à prendre en compte ces revendications légitimes afin d’apaiser la tension qui prévaut en ce moment au pays. Pour cela, Joseph Kabila doit sortir de son mutisme et fixer l’opinion tant nationale qu’internationale sur son engagement à respecter la constitution du pays et à organiser les élections dans le délai prévu.
Par G.O