Ouverture de la session de septembre 2016 : Léon Kengo insiste sur les limites du Dialogue
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Le président du Sénat a rappelé le vœu de la population qui tient, d’après lui,
au respect de sa Constitution et des institutions qui en sont issues
Les deux chambres du parlement ont ouvert, hier jeudi 15 septembre, la session ordinaire du mois de septembre 2016. A la chambre haute, le président, Léon Kengo wa Dondo, a exhorté les commissions à vider les arriérés de leurs travaux respectifs. Il a, par ailleurs, souligné que les nouvelles matières doivent également bénéficier de la même diligence.
Cette session, comme le veut la constitution, est essentiellement budgétaire. Elle s’ouvre conformément aux articles 115 de la Constitution et 74 du Règlement Intérieur du Sénat coïncidant avec la Journée Internationale de la démocratie, célébrée par l’union interplanétaire. A cette occasion, le Sénat a salué tous les démocrates du monde et s’engage à faire du thème retenu pour cette année à savoir, » Le renforcement de la démocratie, condition essentielle pour parvenir au développement durable à l’horizon 2030 « , une réalité toujours vivante.
Panorama sur le dialogue politique
Ladite session intervient, également, à un moment particulièrement important de notre pays, marqué par la tenue en cours des travaux du Dialogue national inclusif dont l’objet porte sur la réflexion sur les voies et moyens d’organisation, dans les meilleures conditions, du processus électoral. » Le Dialogue politique n’étant ni un Parlement, ni une Assemblée constituante, nous espérons qu’il agira dans le cadre de ses limites. C’est cela le vœu de la population, qui tient au respect de sa Constitution et des institutions qui en sont issues « , a précisé le Président du Sénat.
Il a saisi cette opportunité pour souligner que ce dialogue a été convoqué conformément à la Constitution et à la résolution 2277 du conseil de sécurité des Nations Unies. S’appesantissant sur ce sujet, il a rappelé que tout est parti du comité préparatoire. Le dialogue lui-même a retenu plusieurs points en rapport avec son objet consistant à réfléchir sur les voies et moyens d’organiser de bonnes élections.
Sur proposition du comité préparatoire, le dialogue a retenu plusieurs points en rapport avec son objet dont les principaux sont les suivants : l’évaluation du processus électoral ; la séquence des élections à retenir ; le fichier électoral à utiliser ; les mesures de confiance nécessaire à la tenue du processus ; le calendrier électoral à fixer à l’issue de toutes les discussions ; les mesures d’équité et de transparence du processus électoral ; la sécurisation du processus électoral, etc.
A ce jour les parties prenantes au dialogue sont tombées d’accord sur le fichier a-t-il dit. Celui-ci doit être révisé de fond en comble. C’est du reste ce que le parlement a prévu en adoptant, à la dernière session, la révision de la loi électorale. En ce qui concerne l’accord politique, on n’en dispose pas encore des termes. Celui-ci ne saurait cependant tarder a-t-il rassuré. Kengo wa Dondo a également espéré que le dialogue agira dans le cadre de ses limites du fait qu’il n’est ni un parlement, ni une assemblée constituante. C’est cela le vœu de la population, qui tient au respect de sa constitution et de institutions qui en sont issues.
Situation socioéconomique morose
L’ouverture de cette session intervient aussi à un moment difficile pour le peuple, constate-il. Moment caractérisé par la morosité de la situation socioéconomique qui s’explique principalement par la modicité des moyens dont dispose l’Etat pour répondre aux besoins de la population. » Le budget de l’Etat n’est pas à sa taille ! Il est même inférieur à celui de certaines villes européennes ! « , a-t-il expliqué. Pour Léon Kengo : » Evalué au départ à prés de mille milliards de Franc Congolais, le budget de l’année en cours a été voté l’année dernière dans un contexte économique difficile. Celui de l’année prochaine le sera d’avantage.
Les paramètres dont il a été élaboré se présentent de la manière suivante : taux de croissance du PIB : 0,3% ; taux d’inflation moyen : 4,0% ; taux de change moyen pour 1 dollar : 967,9 francs ; PIB nominal : 40. 394,65 milliards de francs.
Certains de ces paramètres sont aujourd’hui dépassés. C’est le cas du taux de change moyen. Retenu à 967,90 Francs pour un dollar américain, ce taux est actuellement à 1.024 franc pour un dollar, au marché officiel, et à 1.070 francs, au marché parallèle. Ce paramètre mérite une attention particulière des senateurs, lors de l’examen du projet du budget à déposer par le gouvernement. Les autres paramètres tout autant. Car, selon les spécialistes, les perspectives économiques restent toujours sombres « .
Avenir sombre
Le Président du Sénat a également évoqué la question de la crise des matières premières qui continue à frapper. Il a estimé que la croissance mondiale en 2017 est annoncée molle. Elle sera marquée encore une fois par le ralentissement de l’activité économique en Chine, le principal partenaire du pays. Suivant les perspectives de l’économie mondiale, établies par le FMI est mises à jour en Juillet 2016, la croissance mondiale est estimée à 3,1% en 2016.
Elle devrait progresser à 3,4% en 2017. Dans les pays avancés, elle devrait stagner à 1,8% en 2017 comme 2016. Dans les pays émergent et les pays en développement, elle passera de 4,1% en 2016 à 4,6% en 2017. La Chine verrait cependant sa croissance ralentir à 6,2% en 2017, contre 6,6%en 2016. La RDC sera donc une fois de plus, loin des 10% de la décennie précédente.
» Ne nous voilons pas la face. Les ressources publiques ne peuvent augmenter que grâce à une politique de diversification de l’économie. Le gouvernement est invité à faire de la diversité de l’économie une véritable priorité « , a conclu le Président.
Assemblée nationale
Minaku plaide pour un schéma électoral clair à l’issue du Forum
» Avant, pendant et après le dialogue, tout doit se faire conformément à notre constitution « , a déclaré jeudi 15 septembre le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, à l’occasion de la rentrée parlementaire.
Pour lui, le respect de la constitution passe par le respect de » tout le corpus constitutionnel de bout en bout « . » Aucune des résolutions du dialogue national ne devra de s’affranchir du corpus constitutionnel « , a indiqué M. Minaku. Dans son discours, le président de la chambre basse du Parlement a aussi insisté sur la nécessité d’un accord à la fin du dialogue politique qui se tient actuellement. Un accord qui permettrait au pays de disposer » d’un schéma électoral clair et précis « .
» Je demeure profondément convaincu que les conclusions du dialogue national politique inclusif permettront sans nul doute à notre pays de disposer d’un schéma électoral clair et précis à même de nous amener vers des échéances électorales véritablement démocratiques « , a affirmé le président de l’Assemblée nationale.
Le dialogue s’est ouvert le 1er septembre dernier. Ce forum convoqué par le chef de l’Etat est censé permettre la tenue d’élections » crédibles » et » apaisées « . Une partie de l’opposition n’y prend pas part, exigeant notamment la libération de tous les prisonniers politiques, le départ du facilitateur Edem Kodjo et la fin des poursuites judiciaires contre certains opposants.
Réaction des parlementaires
Les parlementaires ont commenté diversement les travaux du dialogue. Pour la députée de la Majorité présidentielle, Vicky Katumwa, les conclusions du dialogue seront prises en compte par le Parlement. » Nous sommes déjà dans l’impasse électorale selon la constitution. Nous devons tout faire pour que l’Assemblée nationale vote un budget conséquent. Que la CENI nous propose un calendrier global tel qu’il sera proposé au dialogue national « , indique-t-elle.
Pour le député de l’opposition Fabrice Puela, les conclusions du dialogue ne sont pas conformes à la constitution. » Le dialogue national du camp Tshatshi n’est pas une assemblée constituante pour remettre en cause l’ordre constitutionnel établi « , soutient-il.
Par GO et Carrol Madiya