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Constat amer à la cité de l’Union Africaine; Dialogue : des participants poussés par l’instinct de positionnement

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Constat amer à la cité de l’Union Africaine; Dialogue : des participants poussés par l’instinct de positionnement

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Au lieu de chercher à vaincre le facteur  » temps  » pour le respect de la Constitution, plusieurs délégués à ces assises se battent déjà pour remplacer les animateurs de quelques institutions d’appui à la démocratie

Le dialogue national politique voulu inclusif, qui se tient à la cité de l’Union africaine depuis le 1er septembre 2016, est appelé à relever plusieurs défis pour sa propre crédibilité et celle des participants. Le premier défi, c’est le facteur  » temps « , une denrée très rare. Le deuxième est relatif au renouvellement de la classe politique qui, par expérience, se caractérise préalablement par des résistances naturelles des uns et des autres pour qu’on y arrive. Cela peut prendre plusieurs mois, voire des années.

Quant à sa crédibilité, les délégués à ce forum savent pertinemment bien ce qui leur est permis, ce qui ne leur est pas permis, et ce qui est autorisé. Par exemple, il est permis que, face aux impasses matérielles, que la classe politique se mette ensemble pour accoucher d’un calendrier consensuel. Il est aussi permis que le dialogue se fasse dans un temps relativement court, et qu’il aboutisse à un accord politique entre les parties prenantes. Par contre, il n’est pas permis que ce forum viole la Constitution, et qu’il fasse fi de l’inclusivité.

Ce qui est autorisé, c’est que ces assises se construisent sur base de la Résolution 2277 du Conseil de sécurité des Nations Unies, laquelle Résolution tire ses origines de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, signé par tous les pays membres de la plateforme sous-régionale dénommée Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL), afin de résoudre la crise interne et externe.

Faire table rase

Malheureusement, constate-t-on, les  » dialogueurs  » prennent une autre voie que celle recommandée par le peuple congolais et celle proposée par la communauté internationale pour résoudre la crise en République démocratique du Congo.

En effet, les Congolais qui réfléchissent à la cité de l’Union africaine ont l’intention de faire table rase en balayant d’un revers de la main même les acquis de ce processus, sachant très bien que la mise en place de nouvelles institutions, leur financement et leur opérationnalité prennent énormément du temps. Ce qui risque de préjudicier davantage le peuple congolais qui a besoin des élections dans le délai et de l’alternance au sommet de l’Etat.

Ceux qui ne jurent que par la politique de  » ôte-toi que je m’y mette « , toutes tendances confondues, se battent bec et ongles au camp Tshatshi pour changer la configuration du bureau de l’Assemblée nationale, du Sénat, de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), comme si le dialogue devenait un acte fondateur de l’Etat. C’est ça le grand danger.

Car, comme il s’agit d’avoir de nouveaux animateurs, il y a d’énormes risques de perdre encore une année pour se mettre d’accord sur les hommes.  » C’est là que les Romains s’empoignèrent « . Certains vont même plus loin jusqu’à exiger la dissolution du Parlement. Dans ce cas, qui va veiller à l’application des résolutions et recommandations qui seront issues de ce dialogue ? C’est donc ça la contradiction du dialogue. Il y a une volonté manifeste de bouleverser l’équilibre. Par conséquent, on perd le temps.

L’UNC dans une CENI reconfigurée ?

Pour l’heure, il a été soumis aux participants au dialogue de décider sur les trois options à prendre par rapport aux élections : Reprise du fichier électoral de 2011 (option une), révision partielle du fichier électoral (option deux) et refonte totale du fichier (option trois). Mais l’on apprend qu’au lieu de se concentrer sur ces trois options, on se bat plutôt pour positionner ses hommes à la tête dans la prochaine CENI. Or, le bon sens exige qu’on préserve la Centrale électorale de son caractère apolitique et indépendant.

A en croire des échos en provenance de la cité de l’Union africaine, l’Union pour la nation congolaise (UNC) de Vital Kamerhe tient à intégrer la CENI reconfigurée. Le Parti lumumbiste unifié (PALU) veut remplacer son représentant qui, à l’époque, était protégé par madame Anne Gizenga. L’AFDC se battrait également pour figurer dans la nouvelle équipe de la Centrale électorale.

La Majorité présidentielle réfléchit sur comment faire pour virer soit Norbert Basengezi, soit Corneille Nangaa, parce qu’issus d’une même province. Or, si on éjecte Nangaa, son remplaçant devra être tiré du même coin (Sud-Kivu). Dans ce cas, Basengezi également devra partir car, et le président, et le vice-président, proviendront d’un même coin. Quel intérêt a-t-on de changer le bureau de la CENI ?

Selon certaines langues,  » il faut punir ceux qui sont à la base de la non tenue des élections dans le délai « . Pourtant, cette vision est incompatible à l’esprit du dialogue. Car, dans cette logique, il faudra remonter toute la chaîne, jusqu’au président de la République, pour infliger la punition.

Une période critique

De l’avis des Congolais, la classe politique réunie à la cité de l’Union africaine ne peut se permettre de changer d’animateurs dans les institutions. Cela éloigne le droit du peuple à se choisir ses dirigeants.

 » On ne peut vouloir une chose et son contraire « , estime un chômeur, radio à la tempe, tirant les oreilles des  » dialogueurs « . Pour ce dernier, il est paradoxal que l’on cherche à arriver à un temps d’apaisement, et au même moment, on se positionne pour produire des conditions de non apaisement.

Car aucun changement des animateurs ne s’opère sans grincement des dents. Il est déplorable de constater que la République démocratique du Congo est entrain de traverser une période assez critique où des gens, sans mandat, se donnent le pouvoir qu’ils n’ont pas. La tendance de certains hommes politiques est de faire durer le temps de  » non droit  » et de  » non légitimité  » car ils n’ont pas de base, ni d’assise.

Par Lefils Matady

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