Type de recherche

Après trois ans de guerre, de fortes pluies à la base de la famine au Katanga

La Tempête des Tropiques Nation POLITIQUE

Après trois ans de guerre, de fortes pluies à la base de la famine au Katanga

Partager

La ville de Pweto, dans la province du Katanga, risque une famine terrible. C’est ce qu’a fait savoir l’organisation non gouvernementale Solidarité Internationale. Menacés par de fortes pluies, les habitants de cette contrée de la République sont actuellement incapables de vivre des produits des champs.

Les rebelles séparatistes qui ont fait régner le chaos pendant plusieurs années dans cette région du sud-est de la République démocratique du Congo ont été pacifiées. Les habitants qui avaient fui leurs foyers sont de retour dansleurs fermes et les pluies dont ils dépendent sont arrivées à temps.

Le problème, c’est qu’elles n’ont jamais cessé. Les semences, qui avaient été plantées en hâte, ont pourri sous terre. Selon Marrios Bwana Ngoshi Ilunga, de l’ONG Solidarité Internationale, jusqu’à 40 000 habitants de cette petite région de la province de Katanga risquent de souffrir bientôt de la faim.

Il y a trois ans, cette région était connue sous le nom de « triangle de la mort », mais pas pour les mêmes raisons. Les rebelles Bakata-Katanga, qui affirment lutter pour obtenir l’indépendance de la province du Katanga, une province particulièrement riche en minéraux, étaient occupés à piller et à incendier les villages situés sur un vaste pan de territoire entre Pweto, Mitwaba et Manono, tuant leurs habitants et en recrutant d’autres de force.

Paul Masengo Kipekwe a dû fuir les Bakata-Katanga à deux reprises. La première fois, c’était en 2013, alors qu’il vivait à Pongo. « Quand ils sont venus, les Bakata-Katanga ont incendié nos maisons, pillé notre bétail, détruit nos champs », a-t-il dit.

Il a amené sa famille à Kanyoka, à quelques kilomètres de là, mais elle n’y était pas plus en sécurité. Les rebelles sont venus l’année suivante et ils ont dû fuir de nouveau. Au plus fort des troubles, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) estimait à 607 000 le nombre de personnes affectées par les violences.

L’année dernière, l’armée nationale a mené une série d’offensives qui ont permis de détruire plusieurs camps et d’ainsi affaiblir les rebelles. Le nombre de déplacés a chuté à 309 000 en 2015 : les habitants ont commencé à rentrer chez eux, espérant le succès du programme de désarmement et de l’amnistie offerte aux rebelles par le gouvernement.

Les champs envahis par les pluies

« Lorsque nous sommes revenus, nous étions très inquiets parce que nos champs avaient été détruits. Ces pluies aggravent vraiment notre situation. Les semences de haricots et de maïs ont été fortement affectées. Les arachides sont notre seul espoir », a dit M. Kipekwe, qui espère que l’aide alimentaire sera prolongée. En attendant, sa famille se nourrit de petits tubercules de manioc pour survivre.

Pour le moment, le Programme alimentaire mondial(PAM) et l’Echo distribuent des denrées alimentaires a ces familles. Chaque famille reçoit un colis alimentaire de base contenant des denrées pour trois mois. Financé par le Pam et l’Echo, le colis contient de la farine de maïs, des haricots, de l’huile végétale et du sel.

Jean Bisongo Kabika, un autre villageois de Kanyoka, a fui les Bakata-Katanga à trois reprises. Deux de ses enfants sont morts des suites de la malnutrition. Mais, contrairement à nombreux de ses voisins, il n’a pas commencé à cultiver la terre et n’est pas très motivé à le faire. Il a dit qu’il avait « 1 000 doutes au sujet du futur ». « Si je cultive aujourd’hui et que je dois fuir encore… », a-t-il ajouté. Comme d’autres habitants qui sont rentrés chez eux, il a commencé à manger les semences au lieu de les planter.

Une difficulté vécue

Selon Jérôme Kyungu Kamana, le chef du village de Kilangwa, au sud de Kanyoka, on enregistre déjà des cas de kwashiorkor, une forme grave de malnutrition due à une carence en protéine chez les enfants.  Les habitants du village ont été déplacés pendant presque trois ans à cause des Bakata-Katanga.

« Nous avions déjà connu l’insécurité alimentaire avant de fuir, mais les pluies sont venues s’ajouter à notre souffrance », a dit Kamana.Les habitant de Pweto vont jusqu’a mangé les racines de manioc séchés, un aliment qu’ils réservaient aux animaux. « C’est ce qu’ils donnent normalement aux animaux, mais ils doivent maintenant en manger eux-mêmes pour survivre », a fait savoir M. Ilunga.

Emerance Mukendwa dit qu’elle et d’autres villageois pouvaient passer « des jours entiers sans manger de fufu », le porridge traditionnel riche en amidon fait à partir de farine de manioc ou de maïs. « Avec le peu d’argent que nous avons, nous pouvons seulement nous permettre de manger des pelures de manioc», s’est-elle exclamée.

Par Carroll Madiya

Laissez un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *