Beni: les autorités indésirables
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Martyrisée, la population réclame la révocation des ministres ayant la Sécurité et la Défense dans leurs attributions
Quatre jours après les massacres de la population civile à Rwangoma par les éléments de l’Alliance Defense Forces (ADF), les autorités gouvernementales sont indésirables dans cette partie du Nord-Kivu. D’après nos confrères de Jeune Afrique, citant des sources locales, la plupart des familles de victimes de Beni ont enterré leurs morts sans attendre d’obsèques officielles.
Elles reprochent au pouvoir en place de ne pas avoir su empêcher la tuerie, qui a fait 51 morts selon la société civile (contre 42 d’après le gouvernement), dans la nuit de samedi à dimanche dans l’est du pays. Pourtant les autorités avaient été alertées par la population de ce village martyr qui avait déjà constaté la présence de rebelles ougandais dans ce coin. Mais, depuis le dimanche 14 Août, certaines familles avaient refusé de placer les dépouilles mortelles de leurs proches à la morgue, préférant organiser leurs deuils en privé.
Teddy Kataliko, membre de la coordination de la société civile de Beni, qui s’était confié à nos confrères de l’AFP, a réitéré la position des familles des victimes, qui ont refusé que le gouvernement enterre leurs proches, alors qu’il ne les avait pas sécurisées de leur vivant. » Nous sommes en colère contre ce gouvernement « , » ces autorités n’ont rien fait pour protéger la population « , ont lâché quelques familles de victimes.
Dépassé par les événements
Hier mardi 16 Août, le chef du gouvernement congolais, Augustin Matata s’est rendu sur les lieux du drame. Il était accompagné du vice Premier ministre, ministre de l’Intérieur Evariste Boshab et du Ministre de la Défense ainsi que de hauts responsables de l’armée tout comme de la police. Le chef de l’exécutif a été précédé dans ce coin par le ministre d’Etat,ministre de la Décentralisation et Affaires coutumière et de plusieurs généraux de l’armée congolaise . Mais sur place à Beni, la population a exigé la révocation des ministres de l’Intérieur et la Sécurité ainsi que de la Défense nationale pour n’avoir pas accompli leurs missions.
Matata Ponyo est arrivé dans une ville de Beni où les activités sont toujours paralysées, trois jours après le massacre de samedi dernier. Bien que le gouvernement congolais ait décrété trois jours de deuil national depuis lundi, la société civile a décrété aussi trois journées ville-morte, pour protester contre l’insécurité récurrente à Beni, où la population vit dans la peur dans certains quartiers. Les commerces, les banques et les maisons de communication sont fermées depuis lundi.
Les activités tournent également au ralenti au marché central de Kilokwa, où plusieurs étals sont vides et des dépôts fermés. Apparemment, le gouvernement de la RDC est dépassé par des événements. Tshimbulu, Beni sans oublier la crise sociale, Kinshasa ne sait plus à quel Saint se vouer.
Inquiétude et la peur
D’après de sources locales, plusieurs habitants de la commune de Rwenzori , non loin de cette ville martyre, ont abandonné leurs habitations et ont trouvé refuge dans des familles d’accueil situées dans des quartiers de Beni jugés plus sécurisés. Ils disent craindre pour leur sécurité après le massacre des civils dans le quartier Rwangoma. Mais le gouvernement congolais se dit déterminer pour écraser ces terroristes fous , a déclaré à l’AFP son porte-parole, Lambert Mende.
Depuis lundi, Rwangoma, Mbelu et Bwerere sont devenus des quartiers fantômes, vidés de leurs habitants bien avant la visite du Premier ministre « , a déclaré à l’AFP Gilbert Kambale, président de la société civile de Beni. » La population est paniquée et traumatisée « , a reconnu de son côté le maire de la ville, Edmond Masumbuko, précisant que l’armée sécurise désormais toute l’étendue de Beni.
Par Godé Kalonji