Organisation des manifestations politiques en RDC : Zeid Ra’Al H. dénonce la politique de deux poids deux mesures
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Zeid Ra’Al Hussein, le Haut -Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’homme fustige l’harcèlement croissant des représentants de la société civile et des journalistes, de la répression des voix qui s’opposent au gouvernement congolais et des dispersions excessives et parfois mortelles de manifestants
Le Haut -Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’homme(HCDH) vient d’effectuer une visite de trois jours en RDC en réponse à l’invitation lui adressée par les autorités congolaises.
Mais Zeid Ra’Al Hussein, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a terminé sa mission sans avoir rencontré le président Joseph Kabila qu’il tenait pourtant à rencontrer afin d’échanger avec lui sur la situation des droits de l’homme en RDC caractérisée par la tension politique.
Dans sa déclaration faite hier jeudi 21 juillet 2016 devant la presse au quartier général de la Monusco, à Gombe, Zeid Ra’Al Hussein dénonce la politique de deux poids deux mesures en ce qui concerne l’organisation des manifestations politiques en RDC où le rapport de son bureau de terrain fait état d’un harcèlement croissant des représentants de la société civile et des journalistes, de la répression des voix qui s’opposent au gouvernement congolais et des dispersions excessives et parfois mortelles de manifestations.
» Nous avons documenté plus de 800 victimes de telles violations entre juin 2015 et mai 2016, ce qui indique une tendance vers l’accélération.
Je condamne les pertes de vie lors de manifestations à Butembo, Goma, Kinshasa et ailleurs, et je note avec préoccupation les arrestations arbitraires, actes d’intimidation et de répression dans les grandes villes du pays », a -t-il frondé.
Allusion faite aux répressions sanglantes de manifestations organisées par l’opposition congolaise en date du 26 mai 2016 à travers le pays où les forces de défense et de sécurité ont ouvert le feu sur la foule. » Je suis très troublé par les nombreux rapports de l’application d’une pratique du deux poids, deux mesures, concernant les rassemblements publics.
Les manifestations et réunions organisées par l’opposition et par la société civile sont souvent entravées ou réprimées, alors que ceux organisés par la majorité présidentielle se déroulent sans obstruction.
J’ai aussi des préoccupations de longue date et toujours d’actualité concernant d’apparentes interférences politiques dans la justice, dont des violations du droit à un procès équitable et des poursuites injustifiées à l’encontre des voix dissidentes.
De plus, je suis préoccupé par la sévérité disproportionnée des peines prononcées dans de nombreux cas « , a déclaré Zeid Ra’Al Hussein.
Nécessité d’un dialogue inclusif et crédible
A en croire le Haut -Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’homme, pour surmonter les nombreux défis auxquels est confronté le pays, il faut un dialogue ouvert et honnête.
» Le président a appelé à un dialogue national relatif aux élections à venir. Je soutiens cet appel. Cependant, ce dialogue est tout simplement impossible dans une atmosphère qui étouffe la discussion et l’expression de griefs et d’opinions, et ou des médias indépendants et le respect des libertés fondamentales sont menacées « , a-t-il martelé
Pour Zeid Ra’Al Hussein, le respect des Droits de l’homme pour tous est essentiel a tout dialogue inclusif et crédible. Il espère voit le respect des droits humains inscrit au centre du dialogue politique prévu en RDC.
Il a plaidé pour des garanties juridiques qui permettent aux personnes d’exprimer leurs points de vue et de travailler ensemble, sans craintes de représailles des forces de sécurités ou des autorités judicaires.
Il a invité le gouvernement de la RDC à ratifier la charte africaine sur les élections, la démocratie et de la gouvernance.
L’ANR et la Police appelés à l’ordre
Bien qu’il n’ait pas rencontré le président de la République, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’homme a eu des entrevues avec le chef de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR).
Dans leur entretien, ils ont parlé des intimidations et arrestations arbitraires dont sont victimes les militants de l’opposition et acteurs de la société civile ce dernier temps au pays. Le chef de l’ANR a assuré son hôte que désormais les détenus seront rapidement transférés des cachots de l’ANR vers les centres de détention réguliers ou les magistrats civils détermineront le statut de leur dossier.
» Je suivrais avec attention ces développements « , a promis Zeid Ra’Al Hussein. Ce dernier espère voir ce service de l’Etat considéré par l’opposition comme une machine de répression du pouvoir, accordé un accès illimité et sans entrave aux centres de détention placés sous sa responsabilité.
Le chef des Droits de l’homme des Nations Unies dispose d’une liste des personnes détenues qu’il mettra à la disposition des autorités congolaises qui, selon lui, devraient être immédiatement relâchées.
Les observateurs espèrent voir vite les prisonniers politiques et leaders d’opinion comme l’activiste Christopher Ngoyi- Mutamba, Fred Bauma , Yves Makwambala, Eugène Diomi Ndongala, Firmin Yangambi, les neuf militants du mouvement pro démocratie LUCHA arrêtés à Kinshasa et Goma, Jean de Dieu Kilima, membre de la Coordination provinciale du Front Citoyen 2016 Tshopo et Jean-Claude Muyambo.
Dans son entretien avec le chef de la PNC, le Haut -Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’homme a exhorté les forces de la police à s’abstenir de toute utilisation de la force létale lors de manifestations pacifiques.
Pour lui, la gestion des foules doit obéir aux principes de nécessité et de proportionnalité. Selon Zeid Ra’Al Hussein, la force létale ne doit être utilisée que lorsque des personnes sont exposées à une menace imminente de mort.
Il est encouragé par les efforts de la Monusco à former des unités de la police spécialisées dans l’utilisation de mesures non létales pour contrôler les foules, en conformité avec la politique des Nations Unies de diligence voulue en droits de l’homme.
Par Godé Kalonji