Plénière pathétique au Sénat : Matata Ponyo échappe à une interpellation
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Tout en se disant non satisfait des réponses données par le 1er Ministre, le Sénateur Florentin Mokonda Bonza a refusé de le faire interpeller
La chambre haute du Parlement a, au cours de sa plénière présidée hier lundi par Léon Kengo wa Dondo, donné au Premier ministre Matata Ponyo l’occasion de répondre aux multiples questions que les élus de cette Chambre lui ont adressées jeudi dernier, dans le cadre de la question orale avec débat posée par le sénateur Florentin Mokonda Bonza. Répliquant à l’exposé du Premier ministre, le sénateur Mokonda s’est dit non satisfait des réponses données par ce dernier concernant sa question orale sur la conduite politique de la nation ainsi que les multiples préoccupations exprimées par ses collègues sénateurs.
L’auteur de la question orale qui s’est toutefois refusé de transformer ladite question en une interpellation, a réitéré son doute sur les capacités du gouvernement à réformer et exprimé sa déception quant à ses résultats durant les quatre ans qu’il vient de totaliser à la tête de la Primature. Pour le sénateur élu de l’ex-Province Orientale, la RDC reste et demeure jusqu’à ce jour un pays pauvre.
Et d’ajouter que les efforts qui ont été fournis ne représentent presque rien par rapport à l’engagement pris par le chef de l’exécutif national pour redorer la politique nationale du pays.
» Comment conciliez-vous la réduction de la pauvreté avec la réduction du taux de desserte en eau potable et électricité ? Comment expliquez-vous dans un pays où des reformes structurelles ont été engagées, que le taux de malnutrition, de morbidité et de mortalité infantile n’est pas connu une chute ? « , s’est exclamé le sénateur Florentin Mokonda en comparant la croissance économique de la RDC avec celle de la Côte d’ivoire.
S’exerçant à cette petite comparaison, l’auteur de la question orale a fait savoir que la Côte d’Ivoire est un pays post-conflit comme la RDC. Le gouvernement ivoirien a pris les commandes de son poste à deux jours après l’investiture de celle de la RDC.
Mais, en 4 ans, la Cote d’Ivoire, pays qui ne représente qu’environ 14 % de la superficie de la RDC, a fait de son pays 1er producteur mondial du cacao en augmentant à 20% sa production malgré son caractère post conflit. Selon lui, ce pays d’Afrique de l’Ouest est également 1er producteur de noix d’acajou et de café sur le continent.
Il compte, d’ici 2020, construire sa propre usine de production de chocolat. Pendant ce temps, en RDC, on recourt encore aux erreurs de la deuxième République, 20 ans après la chute du régime Mobutu.
Mokonda Bonza a également déploré l’absence d’une véritable politique agricole en RDC, alors que le Gouvernement actuel s’est engagé à tripler les recettes publiques à l’horizon 2016.
Les promesses rappelées
Florentin Mokonda a également rappelé que, dans la loi des finances votée par le parlement et promulguée pour l’exercice 2012, le budget en recettes était évalué à 7 milliards d’USD pour une population de 60 à 65 millions d’habitants.
En 2016, poursuit-il, l’opinion s’attendait logiquement à un volume de recettes de l’ordre 21 milliard USD comme promis. Au regard du projet de loi des finances rectificatif pour l’exercice en cours (2016), les recettes publique sont chiffrées à quelques 7 milliards USD, c’est-à-dire au même niveau qu’il y’a 4 ans, mais avec une population de 60 à 80 millions d’habitants.
» En procédant au calcul en termes réels, la somme de 2016 est même inferieure à celle de 2012. Est-ce un progrès ou un échec, M. le Ministre ? « , s’est-il encore exclamé. » Je persiste de confirmer que le cadre macro-économique est précaire voire hypothétique en RDC. L’économie congolaise ne dispose pas des ressources dynamiques internes susceptibles de produire une croissance inclusive durable « , a souligné Mokonda.
Cette question orale, selon son auteur, a été une opportunité pour le 1er Ministre d’expliquer la pertinence des efforts engagés depuis 4 ans, des résultats déjà obtenus et leur impact sur l’amélioration de la vie quotidienne de la population congolaise. Ce qui n’a pas été le cas, selon lui, estimant que dans ses réponses, le 1er Ministre n’a, à aucun moment, fourni une moindre statistique concrète de la production agricole ou industrielle, de volume d’emplois créés ou même de l’économie réalisée dans le cadre de la bancarisation.
Sur la gestion des ressources humaines, le sénateur estime aussi que le Premier ministre n’a répondu à aucune question.
Il reproche aussi au Premier Ministre d’encourager plus les expatriés, au lieu d’avoir une politique tournée vers les nationaux. Et de poursuivre : » Actuellement, la RDC est le premier pays au monde et le seul, jusqu’à ce jour, à avoir des robots roulages.
Au lieu de financer ce projet, le pays a opté pour l’installation des passerelles, une initiative étrangère et jugée plus coûteuse que les robots roulages, selon le sénateur. Pourquoi une telle politique économique? « .
Les réponses du PM
Dans ses réponses, le numéro un du gouvernement a démontré que le gouvernement s’efforce de redorer l’image du pays dans les domaines politique et sécuritaire, économique, social, infrastructure ainsi que dans la gestion des ressources humaines dans le secteur public.
En matière de sécurité, il a affirmé que la police nationale procède au renforcement des capacités regroupées avec la Monusco. Grâce aux opérations Sukola 1, Sukola 2 et autres les forces négatives sont en baisse.
A Kinshasa, les patrouilles ont été intensifiées pour lutter contre le phénomène Kuluna. Pour la Ceni, ses dettes s’élèvent à 56 millions d’USD. Le coût total des dépenses s’élève à 206 3 millions d’USD dont 67,2% sont réservées aux opérations, 27,1% aux frais de fonctionnement et rémunération et 5,5% pour les dettes.
S’agissant de la Biac, Matata Ponyo a affirmé que la BCC n’a pas pu refinancer ladite banque par le fait que le refinancement n’était pas couvert, a indiqué le 1er Ministre. Ce qui a amené le gouvernement à recommander une réduction. Actuellement, une plainte pour détournement d’épargne publique a été déposée contre les responsables de la BIAC.
Concernant la stabilité macro-économique, Matata Ponyo a indiqué que les actions sont orientées vers la stabilisation du taux de change. La monnaie nationale a perdu sa valeur de 4,5% sur le marché. Il a, par ailleurs, reconnu que la diversification de l’économie est obligée pour l’émergence de la RDC. Et ceci, est un processus de longue durée qui demande la participation de tous pour sa réalisation.
Pour terminer, le sénateur Mokonda Bonza appelle le gouvernement à cesser avec des projets imaginaires comme faire de la RDC un pays émergent d’ici 2030. Selon lui, les termes comme la Révolution de la modernité, la stabilité macro-économique sont à bannir.
» Malgré ses réussites louables, en une période de 4 ans seulement, la Côte d’Ivoire ne s’est jamais hasardée d’employer ces termes. Je suis consterné de voir à chaque fois, comme l’ont également affirmé la plupart de mes collègues, quand le 1er Ministre emploie ces termes s’agissant de la RDC. Ceci est une honte « , a-t-il déploré.
Par Carroll Madiya